L’organisation internationale Ensemble contre la peine de mort (ECPM), en collaboration avec l’Assemblée nationale du Burkina, organise, les 19 et 20 décembre 2016 à Ouagadougou, un séminaire parlementaire régional sur la peine de mort en Afrique subsaharienne francophone.
L’organisation internationale Ensemble contre la peine de mort (ECPM) veut susciter l’adhésion des parlementaires à une dynamique en faveur de l’abolition de la peine de mort en Afrique subsaharienne francophone. C’est l’enjeu du séminaire parlementaire régional, organisé les 19 et 20 décembre 2016 à Ouagadougou, avec une trentaine de participants venus d’une dizaine de pays (Burkina Faso, Bénin, Cameroun, etc.). Les séminaristes devront se pencher sur la situation et les enjeux de la peine de mort dans le monde et en Afrique subsaharienne, et examiner leur rôle dans le combat pour son abolition à l’échelle continentale, voire planétaire. Les chiffres officiels font état de ce que sur les 54 pays de l’Union africaine, 14 Etats (Guinée-Equatoriale, Tchad…) appliquent toujours la peine de mort, tandis que les 40 autres (Sénégal, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, etc.), l’ont abolie de droit ou de fait. Cette tendance abolitionniste de la peine de mort, constatée ces trente dernières années, aussi bien sur le continent qu’au plan mondial, a été saluée par l’ensemble des sept intervenants à la cérémonie d’ouverture du séminaire. Ce sont notamment, le Directeur général (DG) de l’ECPM, Raphaël Chenuil-Hazan, le membre de la Fédération internationale des chrétiens pour l’abolition de la torture (FIACAT), Paul Angaman, le député sénégalais, Cheick Diop, le représentant de l’OIF, Dominique Delpuech, l’ambassadeur de France au Burkina, Xavier Lapeyre de Cabanes, le ministre en charge de la justice burkinabè, René Bagoro et le 1er vice-président de l’Assemblée nationale, Me Bénéwendé Stanislas Sankara. « C’est à travers l’approche parlementaire que nous arriverons à pousser le débat fondamental sur la question de l’abolition de la peine mort », croit savoir le DG de l’ECPM. Pour lui, l’Afrique va rompre totalement avec la peine de mort à l’avenir, car elle ne fait pas partie de ses coutumes. « C’est une importation coloniale », a-t-il argué.
Le porte-voix de la FIACAT n’est pas moins optimiste : « Je fonde l’espoir, que l’engagement de l’Afrique en faveur du droit à la vie sera total, avec les textes et lois en vue à l’ONU et à l’Union africaine ».
Tendance abolitionniste dans le monde
A son avis, la peine de mort est « inacceptable », car portant atteinte à la dignité humaine. Le député sénégalais, Cheick Diop, est sur la même longueur d’ondes. Il trouve que la peine de mort est une disposition pénale contraire aux droits humains. Le représentant de l’OIF a épousé le même argumentaire, affirmant que le premier droit de l’homme, c’est la vie. Il a plaidé pour une lutte plus accrue en faveur de l’abolition universelle de la peine de mort. L’ambassadeur de France au Burkina, lui, s’est appesanti sur le cas du Burkina Faso, un pays abolitionniste, car n’ayant plus procédé à une exécution depuis 1988. « La France serait heureuse que le Burkina fasse le pas de l’abolition de la peine de mort. Ce n’est plus qu’un symbole, puisque le pays ne l’applique plus », a-t-il laissé entendre. A la suite du diplomate, le ministre en charge de la Justice, René Bagoro, a rassuré que le Burkina est avancé dans le processus d’abolition de la peine capitale. Il en veut pour preuve, l’introduction d’un avant-projet de loi portant son abolition au Parlement, qui n’a malheureusement pas abouti, à cause de l’insurrection populaire de fin octobre 2014 et du coup d’Etat manqué de septembre 2015. M. Bagoro a également évoqué l’adoption de deux lois excluant l’application de la peine capitale. L’une porte sur la prévention et la répression de la torture et l’autre a trait à la protection de l’enfant en conflit avec la loi ou en danger. Il dit espérer que l’abolition de la peine de mort sera bientôt une réalité au Burkina. Présidant la cérémonie au nom de l’occupant du perchoir, le 1er vice-président de l’Assemblée nationale a attiré l’attention sur les interrogations liées à l’efficacité de la peine de mort. « Il importe d’examiner les contours de son abolition et les implications pour l’érection d’un Etat de droit », a commenté Me Sankara. Pour autant, il a indiqué que les conclusions du séminaire vont éclairer les parlementaires sur leur rôle.
Kader Patrick
KARANTAO