Monsieur le Premier Ministre,
La mission principale du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME) est d’influencer les politiques en faveur de la santé pour tous. A ce titre, le Réseau est un acteur de veille et d’interpellation de l’autorité publique pour la bonne gouvernance et la redevabilité dans le secteur de la santé.
La disponibilité des médicaments et consommables est un enjeu capital pour assurer l’accès universel des populations à des soins de qualité, et particulièrement à un moment où le Burkina Faso est en train d’expérimenter la gratuité des soins aux femmes enceintes et aux enfants de moins de cinq ans. Une politique sociale à laquelle, le RAME apporte tout son soutien, et œuvre sur le terrain à travers son Observatoire Communautaire sur l’Accès aux Services de Santé (OCASS) pour s’assurer de l’effectivité et de la bonne mise en œuvre de la mesure.
S’il y a un acteur central dans le mécanisme national pour relever ce défi de l’accès à des médicaments essentiels de qualité, c’est bien la Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels Génériques (CAMEG).
Cependant, depuis six mois, la centrale est au centre d’une tension entre le Ministre de la santé et le Conseil d’Administration de la CAMEG. Faute de trouver un mode de règlement à l’amiable, la justice a été saisie pour départager les adversaires. Le RAME a initié des rencontres avec les parties prenantes à la crise et a pu mesurer la complexité de la situation, et l’impasse dans laquelle elle est actuellement.
Pendant que les procédures de justice suivent leur cours, les populations à la base manquent de médicaments dans les formations sanitaires. Cette situation a été reconnue par la direction générale de la pharmacie, du médicament et des laboratoires (DGPML) lors de sa conférence de presse du 07 octobre 2016 et régulièrement, les ruptures en médicaments sont dénoncées de manière récurrente par les auditeurs des émissions radiophoniques interactives. Par ailleurs, les données collectées par l’Observatoire Communautaire confirment l’existence de ruptures fréquentes de médicaments essentiels sur de longues périodes. Il se profile à l’horizon une éventuelle catastrophe sanitaire pour les populations du fait du possible effondrement du système d’approvisionnement pharmaceutique du pays.
Face à l’impasse et sans chercher à nous mêler des procédures de la justice sur la légalité des uns et des autres, le RAME voudrait interpeller les protagonistes sur ces risques importants et les inviter à privilégier l’intérêt supérieur des populations.
Excellence, Monsieur le Premier Ministre,
Nous estimons par ailleurs que face à ces risques, vous devrez vous impliquer personnellement afin de préserver les acquis de notre système d’approvisionnement en médicaments et de résorber par la même occasion les insuffisances actuelles.
Le RAME prend l’opinion publique à témoin de cette alerte qu’il vous a lancée. Il reste déterminé à dénoncer toute politique aventureuse qui aurait des conséquences négatives sur le système d’approvisionnement des médicaments essentiels au Burkina Faso. Il tient toutefois à vous rassurer de sa pleine disponibilité à appuyer toute mesure pour la réforme de la CAMEG, de sorte à pouvoir garantir l’accès de nos populations à des soins de santé de qualité.
Tout en espérant que notre appel sera entendu, je vous souhaite une bonne réception et, vous prie de recevoir ma profonde gratitude.
Ouagadougou le 19 décembre 2016
Le Conseil d’Administration
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