OUAGADOUGOU- Quarante-trois personnes, qui projetaient fin décembre 2015 de libérer les militaires emprisonnés après le putsch raté de septembre 2015 au Burkina Faso, seront jugées le 20 décembre par un tribunal militaire, a annoncé jeudi le commissaire du gouvernement de ce tribunal.
La plupart des accusés sont des soldats de l'ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'ancienne garde prétorienne de l'ex-président burkinabè déchu Blaise Compaoré.
"Le 2 décembre 2016, les 43 personnes inculpées dans le cadre du projet d'attaque de la MACA (Maison d'arrêt et de correction des armées) ont été toutes mises en accusation, et renvoyées devant la Chambre de jugement. Nous avons programmé les premières audiences à compter du 20 décembre", a expliqué le commissaire du gouvernement (procureur militaire, ndlr), le commandant Alioune Zanré, lors d'une conférence de presse.
Ces 43 personnes avaient été arrêtées fin décembre 2015 alors qu'elles planifiaient d'attaquer la MACA pour libérer les généraux Gilbert Diendéré, l'ex-chef du RSP, et Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères (et général de gendarmerie) et tous les autres militaires du régiment incarcérés pour leur implication présumée dans le putsch manqué de septembre 2015.
Toutes sont poursuivies pour "détention illégale d'armes et de munitions de guerre et association de malfaiteurs".
Le 16 septembre 2015, des soldats du RSP avaient fait irruption en plein conseil des ministres et pris en otage le président burkinabè Michel Kafando et le gouvernement avant de proclamer le coup d'État le lendemain. La mobilisation des citoyens et d'une partie de l'armée restée loyale au pouvoir politique avait conduit à l'échec du putsch une semaine plus tard.
A la suite de ce putsch, le RSP - une unité d'élite de l'armée burkinabè forte de 1.300 hommes affectée à la garde du président Compaoré - a été dissous et ses éléments dispersés dans diverses garnisons du pays.
Ancien bras droit de M. Compaoré, le général Diendéré, considéré comme le cerveau du putsch manqué, fait l'objet de onze chefs d'inculpation dont "crimes contre l'humanité".
Le général de gendarmerie Djibrill Bassolé, ex-chef de la diplomatie de M. Compaoré, a été écroué suite à des enregistrements téléphoniques présumés entre lui et le président de l'Assemblée nationale ivoirienne et ex-chef de la rébellion de ce pays, Guillaume Soro, en lien avec le putsch.
Ce premier procès de militaires voulant libérer les putschistes sera le premier d'une longue série de procès attendus au Burkina Faso devant cette juridiction d'exception.
Au moins quatre dossiers sont encore en instruction, dont les plus attendus sont ceux du putsch manqué (91 inculpés) et celui de l'assassinat du président Thomas Sankara, le "père de la révolution" burkinabè, tué le 15 octobre 1987 lors du coup d'Etat qui porta M. Compaoré au pouvoir.