La Coalition des organisations de défense et de protection des droits des journalistes et des droits humains a animé une conférence de presse hier 7 décembre 2016 au Centre national de presse Norbert-Zongo à Ouagadougou. A cette occasion, les journalistes ont été informés de la série d’actions que la structure entend organiser le 13 décembre prochain en marge du 18e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo. Ces activités sont essentiellement une opération «silence médias» et un sit-in silencieux devant le palais de justice de Ouagadougou.
13 décembre 1998-13 décembre 2016, dans quelques jours sera commémoré le 18e anniversaire de l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert Zongo et de ses trois compagnons d’infortune. 18 ans au cours desquels, nombre d’actions ont été entreprises en vue de réclamer la lumière sur ce crime et bien d’autres, mais la justice «traîne les pas». «Combien de temps faut-il attendre encore pour que la justice soit faite (…) ? Pourquoi n’y a-t-il toujours pas le moindre début de procès ? Cette longue attente nous indigne et nous fait honte», a dit Boureima Ouédraogo, président de la Société des éditeurs de la presse privée (SEP).
Pour lui, si l’espoir était né sous la Transition, consécutivement à la réouverture du dossier et à l’inculpation de prévenus, il y a de nos jours un ralentissement inexplicable. La coalition dénonce une lenteur injustifiée et estime que le «cours de la Justice doit être court», faisant allusion à la sempiternelle rengaine utilisée pour demander patience : «La justice suit son cours». C’est donc lasses d’attendre que les organisations membres envisagent des actions innovantes pour interpeller les pouvoirs publics, la communauté nationale et internationale sur la nécessité d’œuvrer afin que les lignes bougent dans le bon sens.
Aussi lancent-elles un appel à la mobilisation et au soutien pour s’ériger contre l’inertie de la justice et dire que plus rien ne devrait faire obstacle à une manifestation rapide et impartiale dans les circonstances de la survenue du drame de Sapouy. Pour ce faire, du côté des médias, il est prévu «une opération ‘’page noire’’» dans l’ensemble des journaux burkinabè (avec un léger différé pour les périodiques) ; une opération 13 minutes de silence radio à partir de 15 h sur les chaînes de radio puis une opération 13 minutes d’écran noir sur les chaînes de télévision à compter de la même heure. Il sera également demandé aux médias en ligne d’opter un fond d’écran noir.
Le festival Ciné droit libre, quant à lui, observera une journée écran noir. Ce jour, les festivaliers, les défenseurs de la liberté de la presse et de la démocratie sont invités à un sit-in silencieux devant le palais de justice de Ouagadougou dans l’après-midi. Chose qui vise à signifier pacifiquement leur ras-le-bol de parler et d’espérer que la justice ne continuera pas à suivre son cours au 19e anniversaire.
Aboubacar Dermé