Le poète et homme de culture Pacéré Frédéric Titinga a été intronisé chef de Manéga, le mardi 6 décembre 2016 à Zitenga. Désormais l’homme s’appelle Naaba Panantugri, entendez « l’aigle huppé d’Afrique ».
Comme le veulent les us, les chefs de Manéga sont nommés par le chef de Zitenga, à une vingtaine de kilomètres de Ziniaré. C’est donc dans la cour royale de ce village que la cérémonie d’intronisation a eu lieu. C’était une intronisation sans suspense, pliée d’avance pour emprunter au jargon des aficionados du football. En effet, tous les prétendants se sont désistés au profit de Me Pacéré. Celui-ci, à 73 ans, est donc devenu le 32e chef coutumier de Manéga, ce patelin si souvent chanté dans ses poèmes.
Dans la matinée de ce mardi, assis sous un hangar de paille érigé pour la circonstance derrière la cour royale de Zitenga, Maître Pacéré expliquait ainsi sa candidature à la presse : « Mon père, Naaba Guiguemdé, a été le 29e chef de Manéga. A sa mort en 1956, j’avais 11 ans. Ce fut donc le plus jeune de mes oncles qui lui succèda sous le nom de Naaba Tanga. A la mort de Naaba Tanga, je poursuivais des études doctorales en France. J’ai dit que je supportais la candidature de son fils aîné qui a régné sous le nom de Naaba Tigré. Aujourd’hui, le trône est vacant…».
C’est donc tout naturellement qu’après avoir sillonné le monde comme Ulysse, il s’en retourne, plein d’usage et de raison, vers son village Manéga pour vivre entre ses parents, servir la communauté, le reste de son âge. Il s’agit bien pour le chef traditionnel de se mettre au service de sa communauté et non de se servir ou d’asservir celle-ci. Le chef de Zitenga rappellera du reste au nouveau chef de Manéga que les principes de bonne gouvernance sont le pardon, la tempérance et l’humilité.
Maître Pacéré, qui s’appelle désormais Naaba Panantugri en référence à l’aigle huppé d’Afrique, s’est choisi comme le veut la coutume, trois devises sous lesquelles il place son règne. Le premier est « l’aigle huppé a planté ses semis ; que la gent qui gratte se tienne de côté » ; le second « le bélier de race est entré dans le troupeau, s’il ne détruit pas le troupeau, il construira le troupeau » ; et le dernier « le trône en or, celui qui hérite rend grâce au peuple ».
Dorénavant le poète, avocat et homme de culture est chef coutumier de Manega. Une autre corde à l’arc de cet homme qui a fait connaître, grâce à ses écrits, son petit bout de terre au monde entier.
Saïdou Alcény Barry