Il y a eu d’abord la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) sous Blaise Compaoré dont on se demande encore aujourd’hui qu’elle en était l’impact réel sur le vécu quotidien des Burkinabè après avoir pourtant englouti des milliards et des milliards. On aura maintenant le Plan national de développement économique et social (PNDES) ; un ambitieux programme pour, entre autres, la relance économique, le développement du capital humain et du secteur privé et pour lequel le Burkina Faso a besoin d’argent, de beaucoup d’argent d’où la tenue, depuis 48 heures à Paris, de la table-ronde des bailleurs de fonds autour d’un pays qui est loin d’être dans une forme olympique.
Après deux ans de turbulences socio-politiques marquées par une insurrection populaire, un coup d’Etat manqué en septembre 2015 et des élections démocratiques en novembre de la même année, l’ancrage démocratique du « Pays des hommes intègres » semble désormais irréversible.
Seulement la démocratie, elle ne se mange pas. Un an d’ailleurs après l’arrivée de Roch Marc Christian Kaboré aux affaires, la relance économique tant espérée se fait encore attendre.
Il est vrai que beaucoup espéraient tellement du changement de régime, pensant peut-être que le nouveau locataire de Kosyam viendrait avec une baguette magique de son Zorgho natale pour que désormais on vive facilement ; hélas, il lui faut courir pour chercher l’argent du changement promis pour engager et gagner cette insurrection contre la pauvreté.
Paris valait donc bien un déplacement pour le président du Faso qui y a pratiquement délocalisé son conseil des ministres puisqu’il y avait avec lui le chef du gouvernement, Paul Kaba Thiéba, et une quinzaine de ministres, des responsables de projets et programmes et des opérateurs économiques. Roch n’a en fait besoin que de 23,5 petits milliards d’euros (15 000 milliards de francs CFA) pour faire bouillir la marmite en réduisant le taux de pauvreté à 35% contre 40% aujourd’hui.
Si l’on s’en tient en tout cas aux promesses qui tombent dans son escarcelle, en attendant les espèces sonnantes et trébuchantes, le tour de table devrait être bénéfique puisque déjà la Banque mondiale a indiqué qu’elle doublerait sa contribution annuelle pour le financement du plan et l’Union européenne (UE), promis 800 millions d’euros (plus de 500 milliards de francs CFA).
D’autres bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux sans oublier les investisseurs privés devraient également marquer leur accord pour l’accompagner. Mais quand bien même le montant requis serait réuni, il faudrait sans doute se garder de jubiler trop tôt, car les problèmes du Burkina ne sont pas seulement financiers. Quand on voit que nous avons souvent des difficultés à absorber les financements traditionnels, on se dit que le problème est aussi peut-être ailleurs.
Mais la grande question est surtout de savoir quand les enveloppes promises se transformeront vraiment en liquide. Comme on dit, promesse de grand n’est pas héritage, et quand bien même les partenaires seraient de bonne volonté, entre l’engagement et la réalisation, il peut se passer une éternité. L’adage le dit si bien : il y a loin de la coupe aux lèvres.
Il faut donc espérer pour Roch et pour nous tous que les annonces soient suivies d’effets immédiats ; autrement que les déblocages soient rapides, car s’ils devaient se faire à la fin de son mandat, tout le monde aurait des soucis à se faire.
Adama Ouédraogo Damiss