L’Assemblée nationale au Burkina Faso plie l‘échine face à la polémique. Après des accusations de “violation” de la loi anti-corruption, les députés burkinabè ont cédé des tablettes tactiles que leur avait offertes une compagnie chinoise.
C’est par le biais du gouvernement que les députés burkinabè recevaient, le 10 novembre, sous les flashs des journalistes et autres caméras de télévision, une tablette tactile chacun de la compagnie chinoise Huawei. 127 tablettes pour un total de 65 millions de francs CFA (près de 100.000 euros) déboursés par la compagnie chinoise.
Un “cadeau” alors que la société chinoise – pays avec lequel le Burkina n’a plus de relations diplomatiques depuis 1994 – avait obtenu cinq mois plus tôt du gouvernement du Burkina, un marché de construction d’une fibre optique qui doit relier Ouagadougou à la frontière du Ghana pour près de 4,7 milliards de francs CFA (7,5 millions d’euros).
Très vite, l’affaire fait le tour des réseaux sociaux et de la presse du pays. Pour l’opinion nationale, l’Assemblée nationale vient de violer la loi anti-corruption votée en 2015 sous l‘ère du gouvernement de transition. Selon cette loi, explique l’opposition, il est interdit à tout agent public de recevoir des cadeaux dont la valeur excède 35.000 francs CFA (53,35 euros).
Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), une organisation à la pointe de la lutte contre la corruption au Burkina Faso a par exemple dénoncé une “violation” qui “intervient au moment où le peuple est toujours dans l’attente de la déclaration d’intérêt et de patrimoine des honorables députés!”.
Pour l’Assemblée nationale cependant, il s’agit plutôt d’un don du gouvernement considéré comme un “appui institutionnel” qu’aucune disposition “législative ou réglémentaire” n’interdit, précise son communiqué publié ce lundi.
Mais face à la polémique et après des tentatives du président du Parlement de balayer les critiques sur la provenance des tablettes, les députés ont décidé de les restituer au gouvernement.
“Nous sommes issus d’une insurrection populaire. L’opinion publique s’est dressée contre ces tablettes, donc le président, avec l’ensemble des députés, ont décidé de suivre, d’écouter, et à partir de cela, de restituer les tablettes au gouvernement. Sur le fond, on n’a rien à se reprocher et nous sommes allés dans le sens de notre opinion”, a défendu le parlementaire de la majorité Maxime Koné.