A la 7e session ordinaire du conseil d’administration de la Société d’exploitation des phosphates du Burkina Faso, tenue le 5 décembre 2015 à Ouagadougou, les administrateurs se sont penchés sur les problèmes nés, à la suite de la naissance en 2012 de la structure.
La Société d’exploitation des phosphates du Burkina Faso est née de la transformation en 2012, du Projet phosphate pour amener une impulsion dans le développement économique et social du pays, à travers la mise à disposition des phosphates, « la nourriture du sol ». Quatre ans après, la société peine à remplir cet objectif pour diverses raisons. En vue d’envisager des solutions pour améliorer la disponibilité et l’accessibilité du phosphate naturel, les administrateurs se sont réunis pour la 7e session ordinaire du conseil d’administration de la société. Le directeur général de la société d’exploitation des phosphates du Burkina, Ousseiny Kagoné, a saisi cette occasion pour faire un plaidoyer en faveur de la structure dont il a la charge. « C’est connu que les sols du Burkina Faso sont carencés et que les phosphates naturels, «Burkinaphosphates » notamment, restaurent les sols pour qu’à leur tour, ils libèrent leur potentiel pour nourrir les plantes et ainsi améliorer de façon significative la productivité agricole », a-t-il relevé. Pourtant, jusqu’à ce jour, a-t-il ajouté, cet amendant des sols est sous-utilisé par les petits exploitants qui produisent l’essentiel des céréales au Burkina Faso. Son indignation monte d’un cran quand il évoque les résultats de la collaboration avec l’Institut de l'environnement et de recherches agricoles du Burkina Faso (INERA). «Les recherches de l’INERA ont permis de diviser le Burkina Faso en 4 zones en fonction de la fertilité du sol et de montrer que même si les doses d’engrais recommandées permettent d’avoir des rendements élevés à court terme, elles engendrent à moyen terme une diminution de la fertilité des sols. C’est pourquoi nous comprenons d’autant moins qu’il n’y ait pas plus d’effort pour vulgariser l’utilisation de Burkinaphosphate dont les retombées sont connues (8 sacs/hectare la première année suivi de seulement 2 sacs/hectare, à partir de la 2e année tous les ans », a renchéri Ousseiny Kagoné. Le directeur général de la société d’exploitation des phosphates du Burkina, a également pointé du doigt d’autres problèmes qui plombent l’essor de la société. « La transformation en société d’Etat n’a pas été suivie de mesures adéquates si bien qu’aujourd’hui, la société manque de moyens sur tous les plans : ressources humaines, financier, et matériel pour porter sa production à 1000 tonnes par an», a-t-il souligné.
Le phosphate est un minerai naturel que l’on trouve dans l’Est du Burkina Faso, géographiquement à la lisière des frontières entre le Burkina Faso, le Bénin et le Niger. Le pays compte ainsi 3 mines dont une seule est en exploitation, les autres étant situées dans des espaces protégés. Mais le directeur s’est voulu rassurant, la mine de Kodjoari à une capacité de 100 millions de tonnes de roches et est suffisante pour couvrir les besoins nationaux, pour peu que les moyens d’exploitation soient améliorés.
Nadège YE