« Très agitée » ; c’est ainsi que l’on pourrait qualifier la conférence de presse qui se tenait au Centre national de presse/Norbert Zongo (CNP/NZ), à Ouagadougou, dans la matinée du 30 novembre 2016. Idrissa Nogo, Coordonnateur du « Mouvement/Plus rien ne sera comme avant (M/PRSCA) » qui y avait invité la presse pour, a-t-il dit, se prononcer sur le bilan de la grève des agents de santé, a été interrompu de façon musclée par ses propres camarades.
« Certaines OSC ne finiront pas de nous surprendre », a lancé, désabusée, une consœur, lors de la conférence de presse avortée du « Mouvement/Plus rien ne sera comme avant (M/PRSCA) ». Cela, au regard de la scène qu’il nous a été donné de voir. Mais que s’est-il passé ? Dans la matinée du 30 novembre dernier, comme à leur habitude, les Hommes de médias ont effectué le déplacement au CNP/NZ pour répondre à l’invitation du M/PRSCA. Sur cette invitation signée par le Coordonnateur dudit mouvement, Idrissa Nogo, on pouvait d’ailleurs lire : « Conférence de presse sur le bilan macabre de la récente grève du SYNTSHA à Ouaga et la polémique autour du service minimum ». Arrivé sur les lieux, c’est un Idrissa Nogo serein, dans un costume bleu, que nous avons trouvé. « Nous allons y aller pour éviter d’être perturbé », s’est-il empressé de dire, tout en faisant distribuer des copies de sa déclaration liminaire. Pourquoi et par qui ? Nous n’avons pas tardé à le savoir. En effet, c’est juste quelques minutes après avoir entamé la lecture de sa déclaration qu’un groupe de jeunes se réclamant aussi du M/PRSCA, a fait irruption sur les lieux, demandant d’interrompre la conférence de presse. Ils commencèrent d’abord par débarrasser le coordonnateur de la déclaration et des documents qu’il tenait. Aux journalistes, ils diront ceci : « Il n’y a pas de conférence de presse. C’est terminé ». Le Secrétaire général du mouvement, Claude Ouédraogo, l’un des dissidents, est le premier à répondre lorsque nous avons voulu savoir le pourquoi de cette interruption. « Au sein du mouvement, il y a des difficultés. Nous nous sommes rencontrés hier soir (Ndlr le 29 novembre) pour recadrer certaines choses. Et nous lui avons (Ndlr : au Coordonnateur) signifié que cette conférence de presse n’était pas opportune », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Je ne saurais vous en dire plus, car cela est interne ». N’étant toujours pas satisfaits de cette explication, les Hommes de médias ont donc insisté pour savoir les « difficultés » dont il est question. Mais là encore, rien n’a filtré. « Il y a beaucoup de difficultés, mais elles sont internes. Nous ne pouvons pas étaler nos difficultés dans la presse », a coupé court Claude Ouédraogo. « Mais c’est devant la presse que vous vous êtes disputés ce matin ! Alors dites-nous pourquoi en est-on arrivé là ? », a encore demandé un confrère. «Nous nous sommes rencontrés et nous ne sommes pas arrivés à nous accorder sur plusieurs points », a juste lancé le SG du M/PRSCA. « Justement, lesquels ? ».
« Sors, on va régler ça ! »,
Sur cette question, sa réponse est sèche, car il se contentera de dire seulement : « Non… ! ». C’est alors que la presse se tourna vers Galbané Maïmounata dit « Tantie Maï », également membre du mouvement qui s’insurgeait aussi contre le comportement de leur Coordonnateur. « Mr Nogo m’a poursuivie pour que j’adhère au mouvement. Mais au final, il nous a utilisés. J’ai cru que c’était quelqu’un qui est bien mais… », déplore-t-elle. « Expliquez-nous pourquoi vous dites cela ?», lui a-t-on demandé. « Le problème, c’est Nogo lui-même », a-t-elle répondu. « Qu’est-ce qu’il a fait ? », avons-nous relancé. Et elle répondit : « Qu’est-ce qu’il n’a pas fait ? ». A ce propos, selon le SG qui revient encore à la charge, il y a son entêtement à tenir la conférence de presse, alors que les membres du mouvement n’en voulaient pas. « S’il s’est entêté, c’est parce qu’il y a quelque chose derrière », a-t-il lâché. Mais de quoi s’agit-il ? Les dissidents ne laissent rien filtrer. Alors, nous attrapons Nogo lui-même. « Je ne souhaite pas me prononcer sur cette affaire inattendue. Mais, sachez que jusqu’à preuve du contraire, tout va bien au M/PRSCA », a-t-il dit. Pas sûr au regard de la scène digne de celle d’une télénovela. « Alors, demandez-leur pourquoi ils agissent comme cela. Moi, je ne suis pas au courant de quelque chose », a rétorqué Idrissa Nogo. « Mais à les entendre, il semblerait que quelqu’un serait derrière la tenue de cette conférence de presse. Avez-vous reçu quelque chose pour parler ? », insistons-nous. « Nous n’avons rien reçu, nous avons toujours tenu nos conférences de presse avec nos propres moyens », a indiqué le coordonnateur du M/PRSCA. C’est à ce moment que Massourou Guiro, chargé de communication du M/PRSCA, fit son entrée en scène en interrompant encore une fois de plus le coordonnateur du mouvement. Les voix s’entremêlent et c’est celle du chargé de communication qui prend le dessus. « C’est terminé ! Il n’a pas le droit de donner de… C’est fini maintenant. Il faut sortir. Sors, on va régler ça ! », ordonnait-il. Mais Idrissa Nogo refusa d’obéir et alla s’asseoir dans un coin du Centre. Au moment où nous quittions les lieux, plusieurs membres du mouvement s’étaient retirés. Quelques dissidents du M/PRSA s’étaient attroupés et discutaient toujours. Mais quid de la déclaration sur la grève du SYNTSHA ? Selon la déclaration du mouvement dont nous avons eu copie, durant la période de la grève, au niveau de CHU Yalgado Ouédraogo, il y a eu 26 morts. « Mais, le M/PRSCA n’a pas dit que c’est la grève du SYNTSHA qui a tué les 26 malades. Nous constatons seulement que des décès ont eu lieu pendant la période de la grève », précise le document.
Adama SIGUE