Fraichement réélu à la tête du football national, le colonel Sita Sangaré a bien voulu réserver la primeur de sa sortie médiatique à Sidwaya sport. Très loquace, l’homme fort du football national n’a éludé aucune question même celles qui fâchent. Avec un ton posé, il a fait le tour de l’actualité du football pour nos lecteurs.
Comment se sent le président Sita Sangaré dans sa peau après sa réélection ?
Les sentiments qui m’animent sont multiples. Il y a des sentiments de reconnaissance et de gratitude vis-à-vis du collège électoral qui nous a donné une majorité confortable. Cela traduit de multiples attentes. Nous sommes de ce fait, en train de regarder nous-même comment parvenir à répondre à cette attente des acteurs du football qui nous ont largement reconduits à la tête de la fédération. En même temps, vous avez suivi le climat quelque peu délétère qui a entouré cette campagne électoral. En tant que responsable, cela nous interpelle. Nous devons travailler rapidement à dissiper ces malentendus qui ont pu exister tout au long de la campagne parce que notre seul souci est de travailler pour le développement continu du football dans notre pays.
Quels sont les grands axes de votre programme ?
Nous avons présenté un programme qui s’articule autour de onze points. Onze engagements forts que nous avions contractés avec les acteurs du football de notre pays. Ces engagements sont divers. Ils vont de la considération de la prise en compte de la politique de releve à la nécessaire professionnalisation du monde du football dans notre pays en passant par d’autres engagements comme la nécessaire collaboration avec la presse sportive et également la lutte contre la délinquance sportive dans notre pays.
Comment avez-vous accueilli la candidature de vos anciens collaborateurs notamment votre ex conseiller Amado Traoré et votre ex secrétaire général Bertrand Kaboré ?
Nous sommes dans une société démocratique. Depuis l’écroulement du mur de Berlin au début des années 90, c’est un vent de démocratie qui souffle sur l’humanité. Partant, toute ambition qui s’exprime est légitime. Dès qu’il y a élection, c’est une bonne chose que les gens puissent se présenter. L’essentiel est que les débats se focalisent autour des programmes que l’on présente aux électeurs. Ce sont des débats d’idées. Nous n’avons vu aucun inconvénient majeur à ce niveau. Pour prendre juste le cas du secrétaire général Bertrand Kaboré, nous l’avions interpellé en réunion du comité exécutif lorsque nous avions appris qu’il prenait des contacts avec des acteurs du football. En réunion, nous lui avons dit que c’est normal. Nous avons publiquement interpellé tous les membres fédéraux. Quiconque présent au sein du bureau exécutif, a le droit légitime de se présenter aux élections. Cependant, il faut être suffisamment clair, le comité exécutif ne s’arrête pas de travailler le temps d’une élection. Si un membre fédéral veut se présenter, il a l’obligation de démissionner du comité exécutif. Cela pour une cohérence de l’ensemble des activités. Nous n’avons aucun problème de ce côté. Quant au conseiller Amado Traoré, là aussi c’est tout à fait normal. Si un membre fédéral peut se présenter, ce n’est pas un conseiller qui se verra refuser ce droit. C’est maintenant la dramatisation qui s’en est suivi que nous avions simplement déploré.
N’aviez-vous pas senti une trahison de la part de ces deux qui étaient alors vos proches collaborateurs ?
On ne peut pas parler directement de trahison. Le monde associatif est ainsi fait. On y adhère librement, on peut y sortir librement. Franchement, de ce point de vu, il n’y a pas de problème. M. Traoré pourrait bien vous l’attester. Lorsqu’il est venu me voir dans mon bureau pour dire qu’il était candidat, je lui ai dit que c’était son droit. Tout citoyen burkinabè a le droit de se présenter. C’est le principe de base. Maintenant, les propos qui ont pu suivre peuvent laisser penser à d’autres idées. De notre côté, nous ne nous sommes jamais senti frustré par quoi que ce soit. C’est une ambition légitime de se présenter au suffrage des électeurs parce que ce sont les programmes qui pouvaient nous départager. De notre côté, nous avons toujours été serein. Lorsque vous partez à une élection contre le candidat sortant, c’est à vous qu’il appartient de mettre les bouchées doubles parce que vous n’avez pas de bilan à défendre contrairement au candidat sortant. Dans notre pays, les gens se méfient toujours de celui qui vient avec de nouvelles promesses. Car il y a des promesses mais rien ne se réalise. En 2012, année de notre arrivée, nous avions soumis un programme à l’électorat. Et l’électorat savait ce que nous avons fait. C’était du concret. Nous avions pris par exemple l’engagement de relever la subvention et cela a été fait. Et à un niveau insoupçonné. Je rappelle, pour ne prendre que les cas de la première division, la subvention qui depuis la création de la fédération jusqu’en 2012 ne stagnait qu’à deux millions cinq cent mille CFA a été relevé à dix millions CFA. Ce sont des données palpables et mesurables que les clubs ne peuvent occulter et qui pèse au moment du décompte final. Les gens font attention à ces genres de choses. Il y a beaucoup d’autres actions que nous avions posées par rapport à quelqu’un qui vient et qui fait des propositions. Les présidents de clubs et de ligues savent faire la part des choses entre les propositions démagogiques et les propositions réalistes qui ont été proposées surtout en tenant compte de ce qui a été réalisé par l’équipe sortante au cours du mandat précèdent.
Pour certaines personnes, ces candidatures symbolisent un refus d’une mauvaise gestion du sport roi au Burkina Faso. Que répondez-vous ?
Ce n’est pas du tout notre sentiment ni même celui du collège électoral. Donc ce sont des propos de campagne.
Pendant la campagne, la famille du ballon rond a été un tant soit peu divisée. Comment avez-vous vécu cela ?
Lorsqu’il y a une élection, chacun y va de son commentaire. C’est la chasse aux voix. Donc c’est normal que le temps des élections, il y ait cette sensation. Chacun tente de capter des voix, chacun dit ce qu’il pense. Mais la vérité se trouve dans les urnes. Une fois que la campagne est passée, l’on se remet rapidement à l’œuvre.
Quelle est la partie de la campagne qui vous a plu. Et maintenant celle ou qui vous a dégoûté ?
La campagne a été assez longue, forcément il y a eu beaucoup de péripéties et je ne peux pas tout citer. Dans le cadre de notre stratégie de campagne, il y avait des équipes qui devaient sillonner les différents districts et ligues, personnellement j’étais dans celle qui devait aller dans la ligue régionale des Hauts-Bassins. Il y a un président de club à Ouagadougou qui nous a contacté pour nous dire qu’en réalité à Ouaga, en dehors de deux clubs, tous les clubs nous soutiennent. Et il était bon que ces présidents de clubs de D1 de la capitale vous accompagnent dans les Hauts-Bassins. J’avoue qu’il y avait des contraintes logistiques, parce que des présidents de ligues aussi voulaient faire partie du voyage. Quand nous sommes partis, il y a un candidat qui a laissé entendre que nous avons donné de l’argent aux présidents des clubs et des ligues et on a demandé à ce qu’ils signent parce que c’est pour la comptabilité de la fédération. Nous avons dû faire une déclaration avec les signatures des présidents, qui ont tous démenti. A Bobo, on s’est retrouvé avec des présidents de ligues et districts, pour un débat très enrichissant, lesquels seront pris en compte dans notre gestion. Quant à ce qui m’a dégoûté, ce sont les attaques très directes, insensées et sans le moindre fondement, parce que, objectivement, en partant aux élections, on allait assister à des débats d’idées. Vous avez vu pour une question de responsabilité, nous avons évité de rentrer publiquement en contradiction avec qui que ce soit, sinon toutes les attaques injustifiées et calomnieuses, on aurait pu les démonter aisément, une à une.
Durant toute la campagne, et malgré les attaques, vous êtes resté stoïque et silencieux, pourquoi cette attitude ?
Vous savez ce que notre pays a connu. Nous venons de très loin, et nous avons trouvé qu’il aurait été irresponsable de profiter du football, pour allumer la mèche. Notre pays n’aspire qu’à la paix, nous n’avons pas beaucoup de ressources, les populations sont durement éprouvées actuellement. Le football est un domaine de passion, si on doit se mettre à s’invectiver pour un fauteuil, vous comprenez. Si les supporters entrent dans la danse, cela risque d’être très dangereux et préjudiciable à long terme pour le football burkinabè. Nous nous sommes donc abstenus volontairement. Sinon nous avions eu des blessures profondes. Des gens pour lesquelles nous avons d’estime et de considérations, par voie de presse, viennent à dire de grossiers mensonges sur votre personne, c’est assez difficile à supporter. Mais nous l’avons accepté pour la paix dans ce pays.
Comment comptez-vous réconcilier tout le monde pour le bien du football burkinabè ?
Le monde du football n’a jamais été divisé. Ne confondez pas les actions isolées de quelques individus, qui malheureusement ne voient au football qu’un milieu de partage de gâteaux. Ce qui n’est évidemment pas notre point de vue. On vient au football pour essayer d’apporter sa pierre à l’édifice. Nous ne sommes nous, que des pauvres mortels, des passagers. On a essayé de créer une crise artificielle dans notre football. Nous sommes arrivés à un moment où nos clubs souffraient cruellement de manque de financements, ce n’est pas encore résolu, mais on a essayé d’apporter une réponse en allégeant les difficultés financières des clubs. Sur le plan organisationnel, nous avons commencé à mettre en place quelque chose, aucune œuvre humaine n’est parfaite, mais il ne faut pas dramatiser. Parce qu’une élection arrive, des acteurs du football se mettent à raconter des histoires, mais le collège électoral n’est pas aussi naïf pour les suivre.
Etes-vous prêt à tendre la perche à Bertrand Kaboré et à Amado Traoré ?
Ce n’est pas une affaire d’individus, le football est une famille, et on doit tous s’asseoir ensemble. Nul ne détient le monopole de la vérité, toutes les idées sont les bienvenues. Nous devons forcément nous retrouver, pour construire ensemble le football du Burkina Faso. Ce travail transcende les considérations personnelles. Ce qui nous intéresse, ce sont les idées.
Vous avez eu des adversaires qui ont également proposé des programmes. Quelles sont leurs idées que vous pourriez prendre en compte pour améliorer votre mandat ?
Il y a des programmes qui ont été présentés. Il y en a eu un qui a été choisi par l’électorat. Nous allons travailler à mettre en œuvre notre programme. Nous allons convoquer dans les jours à venir un séminaire qui va réunir une large composante des acteurs du football du Burkina Faso. Normalement, ce séminaire est destiné prioritairement aux membres du comité exécutif nouvellement élus. Mais il y a une commission de réforme pour laquelle l’assemblée générale nous a donné quitus pour sa mise en place. Lorsque cette Commission de réforme sera érigée, nous allons associer l’ensemble des composantes de notre football, et toutes les idées seront les bienvenues parce que nous n’avons pas voulu parler d’Etats généraux. Les Etats généraux dépassent le cadre de la Fédération burkinabè de football. Mais pour la commission de réforme, elle est absolument nécessaire parce que les instances supérieures du football mondial que sont la CAF et la FIFA ont récemment changé leurs statuts et nous devons nous y conformer. Ensuite, nous allons profiter, au-delà des réformes textuelles, scruter pour faire des réformes tant du côté de la gestion des ressources financières qu’également sur le plan technique. Cette réforme aura lieu et elle nous servira de prétextes pour associer toutes les composantes de notre football. Le travail de développement du football n’incombe pas au seul comité exécutif. Il est l’apanage de tous les acteurs.
Pourquoi cette forte présence des forces de sécurité lors de l’AG à Koudougou. Aviez-vous craint le pire ?
Il n’y a pas d’élection qui se déroule en réalité sans la présence des forces de l’ordre. Lors des élections consulaires, il y avait un déploiement des forces de l’ordre, de même pour des élections politiques. Lorsque vous avez un processus électoral, il y a les différentes composantes dont une commission sécurité. La commission sécurité au niveau de l’organisation des élections de la Fédération burkinabè de football nous a approchés pour demander un renforcement de la sécurité. Il y a eu un premier devis qui nous a été soumis et que nous avons validé.
La commission sécurité a demandé de revoir à la hausse ce devis parce que compte tenu des informations en sa possession, elle devait accroître son effectif et son dispositif. Nous avons accepté. Donc, c’est une demande de ceux qui sont en charge de l’organisation. Avant l’organisation des élections du 10 novembre dernier, le comité exécutif avait envoyé une équipe à Koudougou pour échanger avec les autorités administratives de la région du Centre-Ouest ainsi qu’avec la direction régionale des Sports et des Loisirs et également les forces de sécurité. Il faut signaler aussi que la Ligue régionale du Centre-Ouest avait également un comité d’organisation pour ces élections. En tous les cas, ce sont des acteurs du terrain qui ont exprimé ces préoccupations. En réalité, et tout le monde le sait, les élections à la Fédération ne sont pas ouvertes au public. Ce sont des élections réservées à des personnes mandatées par des clubs, des ligues et des districts. Ne serait-ce que pour la sécurité de ces électeurs, il convenait de prendre ces mesures.
Pourquoi avoir justement permis aux invités d’assister à l’AG et vider la presse qui est l’un des partenaires privilégiés de la Fédération ?
En dehors des personnes mandatées par des clubs, il y a des invités qui sont traditionnellement habilités à prendre part au déroulement des assemblées générale de la FBF. Pour la presse, j’avoue que je suis celui qui a demandé à ce qu’on autorise la presse à rentrer pour prendre des images. Au niveau du comité exécutif nous avons mis un car à la disposition de la presse afin qu’elle vienne couvrir l’évènement. Il y a eu tellement de préoccupations autour des élections qu’on pouvait perdre de vue certains aspects. Je voudrais m’en excuser. Ce n’est pas une volonté délibérée d’écarter la presse. J’ai dit à Alexandre Legrand d’aller demander l’autorisation à l’émissaire de la CAF, et cette autorisation a été accordée.
Entre vos ex collaborateurs en particulier ceux qui se sont présentés contre vous les lignes ont elles-bougé ?
L’élection vient juste de finir. Il faut donc se laisser le temps. Je vous ai dit que nous sommes ouverts. Nous n’avons jamais été fermés. Ne vous focalisez pas sur des personnes. Ce qui nous intéresse, ce sont les idées pour faire avancer le football dans notre pays. Nous n’avons aucune animosité envers qui que ce soit. Vous n’avez pas entendu Sita Sangaré ouvrir la bouche pour invectiver X ou Y. Donc, ce n’est pas du côté de Sita Sangaré qu’il faut attendre quoi que ce soit. Les gens ont saisi le moment des élections pour s’exprimer alors que la porte n’a jamais été fermée entre nous pour échanger. Donc, Sita Sangaré attend toujours que les gens viennent lui expliquer ce qu’ils ont voulu dire pendant la campagne.
On sait que pendant la campagne, les textes régissant les élections ont été interprétés à dessein. Par exemple, la commission qui doit statuer sur la validation des dossiers. Est-ce qu’il n’y a pas lieu de faire une relecture de ces textes pour éviter des interprétations à l’avenir ?
Je suis un magistrat. Il n’y a pas un texte humain qui ne donne pas lieu à polémique ou à interprétation. Il faut toujours discuter de bonne foi. Je vais prendre juste un seul exemple, vous parlez de la commission de validation. Lorsque le candidat Amado Traoré a mis en cause la commission de validation, ça a surpris tout le monde. Parce que, de tous les candidats, c’est ce candidat qui a été le premier à écrire une lettre pour féliciter la création de la commission. Il a écrit cette lettre noir sur blanc. Et quand il vient pour la contester, c’est à ne plus rien y comprendre. Nous disons qu’il n’y a pas lieu à interprétation là où c’est clair. C’est un principe général de droit. Il faut toujours observer un minimum de recul pour parler. Au niveau du comité exécutif, on a été d’extrême bonne foi dans cette question. Toutes les fédérations sportives au Burkina Faso sont régies, en matière d’élections, par une directive du ministère des Sports et des Loisirs. Cette directive établit un certain nombre de conditions. Sur le plan pratique, la directive du ministère dit qu’il revient à la fédération de procéder à la validation des candidatures. A ce niveau, c’est le secrétaire général de la fédération qui jusqu’à présent recevait les candidatures et les validait en même temps. Lorsque le secrétaire général sortant a démissionné, nous nous sommes dit qu’on pourrait avancer que le secrétariat général pouvait adopter une position de non neutralité vis-à-vis de sa personne. C’est pour cette raison que nous avons dit qu’il fallait se référer à ce qu’il se fait dans les autres fédérations. Dans les autres fédérations, il y a une structure supérieure qui est chargée en réalité de valider les candidatures. C’est ainsi qu’après avoir échangé avec le ministère de tutelle, nous avons mis une commission neutre pour valider les candidatures. Le secrétariat général allait juste se charger de réceptionner les candidatures et les transmettre à une commission neutre. Pour trouver le président de cette commission, nous avons dû batailler pour dénicher Souley Mohammed qui, nous pensions, est une personne ressource incontournable. C’est un ancien président de la Fédération burkinabè de football à la notoriété reconnue. En dehors de lui, ce sont des juristes et des magistrats qui composaient la commission de validation. Dans l’écrit du candidat Amado Traoré, il a mentionné que les représentants des candidats puissent être admis dans la commission de validation dans le souci de minimiser toutes contestations éventuelles. Nous avons accédé sans difficulté. C’était une analyse juste et nous sommes allés au-delà de sa correspondance, en dehors des candidats qui ont envoyé des observateurs. Nous avons demandé au ministère de tutelle et au Comité national olympique de nous envoyer des observateurs. Si vous voyez le procès-verbal de validation, il a été signé par tous ces observateurs.
Le championnat des petites catégories et le football féminin restent encore des défis à relever après votre premier mandat. Qu’est-ce que vous prévoyez pour renforcer ces championnats ?
Ces championnats sont une réalité. Effectivement, ils restent à être renforcés. C’est un défi. Nous sommes dans un pays où contrairement à beaucoup d’autres nations, c’est la fédération qui s’occupe de tout au niveau de l’organisation des différents championnats. C’est ce qui explique sans doute que les fédérations qui nous ont devancés rechignaient à organiser les championnats de petites catégories. Cela revient extrêmement cher. Nous nous sommes néanmoins dit qu’il fallait donner de l’espoir. Il faut permettre aux enfants de jouer parce que nous étions convaincus qu’au niveau des petites catégories, ce n’est pas l’argent qui importe. Les enfants jouent pour le plaisir et cela arrange le football national. Il fallait saisir cette opportunité pour préparer une bonne relève. Mais à l’analyse sur le terrain, nous nous sommes rendus compte que les dirigeants de clubs voyaient l’aspect compétition. On passait le temps à demander à la fédération des subventions pour faire des licences et autres. On a du donc dégager de petits moyens pour les mettre à la disposition des clubs afin de préparer ces championnats. Au début, l’objectif était de donner comme récompenses à ces clubs uniquement des équipements sportifs. Nous avons constaté que des dirigeants avaient d’autres intentions. C’est ce qui a posé d’autres problèmes. Des dirigeants sont allés jusqu’à tricher sur les âges des enfants. On aligne des juniors à la place des cadets pour remporter le championnat. Dans cette situation, l’impact pour le football national est quasi nul. C’est pour cette raison que nous avons tenu à mettre la question de la relève au centre de nos préoccupations pour le prochain mandat. Notre objectif, c’est de préparer une bonne relève. Nous allons être très regardants sur la question des âges. On ne rend service à personne en trichant sur les âges.
Est-ce que chercher à arrimer les petites catégories aux clubs est toujours d’actualité au niveau de la FBF?
Ce serait une bonne chose. Il serait bien que tous les clubs de l’élite aient des petites catégories. Si en marge de nos journées de championnat de D1, un match entre EFO et ASFA-Y qui va se jouer dans l’après-midi, il faudrait qu’il y ait dans la matinée un match de ces deux clubs en minimes. Si le matin, les enfants de l’ASFA-Y ont battu ceux de l’EFO, certainement que les perdants de l’EFO vont se transporter au stade pour pousser leurs frères seniors à prendre leur revanche. Et c’est une bonne chose. Il y a déjà eu des efforts mais ça n’a pas été suivi parce que dans la bourse qui était allouée aux clubs, il avait été dit clairement que les clubs avaient l’obligation d’avoir des petites catégories sinon la bourse allait être refusée. Pour le bien de notre football, on doit être très regardant sur ces questions. On doit inciter les équipes de première division à avoir des petites catégories.
Vous avez décidé de la mise en place d’une commission qui va réfléchir sur l’organisation du championnat national de D1 afin qu’il soit plus compétitif. Doit-on s’attendre à une nouvelle formule ?
Je ne veux devancer l’iguane dans l’eau. J’ai des attentes et des TDR seront remis à la commission de réforme. Maintenant, il reviendra à la classe footballistique du Burkina Faso de sortir des réflexions pertinentes à même de permettre à notre football de progresser.
Est-ce à dire qu’il subsiste un point d’interrogation sur le début du prochain championnat ?
Non, cela n’a rien à voir pour ce championnat. On travaille pour l’avenir. Ce n’est pas forcément pour tout de suite. Lorsqu’on adopte un texte, il y a toujours des périodes transitoires pour sa mise en œuvre. Le championnat de cette année va démarrer bel et bien courant 26 novembre 2016 avec le lancement à Bobo-Dioulasso. Les techniciens ont déjà envoyé le projet de règlement intérieur aux clubs pour les amendements éventuels.
Sous votre mandat passé, le soutien au club de D1 est passé de 2,5 à 10 millions et le titre de champion de 7 à 10 millions. Selon les propos tenus par votre équipe de campagne, ces montants seront revus à la hausse. Le confirmez-vous vraiment ?
Je confirme. D’ailleurs pour le championnat de D1 qui va commencer bientôt, la subvention va passer de 10 millions à 12,5 millions. Nous espérons qu’au terme de notre mandat nous atteignons 15 millions pour les clubs de D1.
Des difficultés se posent aujourd’hui au niveau des infrastructures d’accueil des matchs. Comment le président réélu compte résorber ce problème ?
Le problème des infrastructures est crucial dans notre pays. Ça fait mal de voir notre championnat d’élite se dérouler sur des terrains nu et non gazonné. La réalisation des infrastructures sportives n’est pas du ressort de la fédération. Cela réside au niveau étatique. Nous allons poursuivre les discussions avec notre département de tutelle qui est notre répondant au sein du gouvernement. Ce que nous pouvons faire avec nos partenaires internationaux que sont la CAF et la FIFA, c’est négocier pour poser des pelouses synthétiques parce que nous sommes dans un pays où il ne pleut pas suffisamment. L’entretien des pelouses naturelles est très délicat. Aujourd’hui les pelouses synthétiques ont une garantie d’environ huit ans. La fédération va poursuivre la discussion avec le ministère des sports et des loisirs pour qu’on puisse réaliser le plus d’infrastructures. Déjà, des efforts sont faits au niveau du gouvernement parce qu’avec l’organisation tournante de la fête de l’Indépendance il y a des stades qui sont toujours construits. Notre département de tutelle s’est déjà engagé à trouver des pelouses synthétiques pour un certain nombre des terrains. Nous souhaitons que notre pays puisse abriter une compétition continentale ne serait-ce que pour les petites catégories. Cela nous permettra d’avoir beaucoup d’infrastructures. Nous allons travailler à améliorer les infrastructures existantes et à trouver des moyens pour poser un peu plus de pelouses synthétiques.
Aspirez-vous déjà à l’organisation d’une CAN cadette parce que le Burkina Faso a abrité de par le passé une CAN Junior ?
Ce serait une bonne chose. Au niveau de l’exécutif de la CAF, on avait la volonté d’octroyer une CAN de petites catégories au Burkina Faso. Mais c’est une décision qui est d’abord politique. Nous allons discuter avec le ministère des sports et des loisirs qui va saisir qui de droit pour voir la possibilité d’organiser une CAN au Burkina Faso.
Le monde de l’arbitrage est divisé. Comment comptez-vous ramener la paix dans cette famille qui est l’un des acteurs clés de la FBF ?
Après la mise en place du comité exécutif, nous allons rencontrer à nouveau le monde de l’arbitrage pour trouver des solutions que nous espérons, cette fois, définitives. Déjà vers la fin de notre mandat, nous avons perçu des germes d’une division au sein de notre arbitrage. Nous avons mis en place un comité de médiation qui, soit dit en passant, a fait un excellent travail. Celui-ci a permis aux parties en cause de s’assoir et d’échanger malheureusement ces parties ne sont pas tombées d’accord sur tous les points. Déjà il y’a une amorce de dialogue. Nous allons tout faire pour que ce dialogue soit concrétisé définitivement par une paix des braves.
La doléance de SC Majestic trouvera-t-elle un écho favorable maintenant ?
Pour le SC Majestic nous allons très vite envoyer une délégation du département des compétitions à Kombissiri pour voir si son terrain peut être homologué pour permettre au SC Majestic d’y disputer ses matchs. Le SC Majestic est rattaché à la ligue du Centre-Sud. Cette région qui est large avec pour chef-lieu Manga a d’autres localité comme Pô, Kombissiri, Saponé et autres. Le problème que ce club a posé est réel. Il est confronté à des problèmes de coût parce que le déplacement lui revient très cher. Il est obligé de se déplacer à tous les matchs. Financièrement c’est énorme. Or le travail du comité exécutif est de travailler à alléger les souffrances financières des clubs. Donc nous sommes sensibles à cette requête. Nous allons regarder ensemble comment trouver une issue favorable.
Quels sont les objectifs que vous fixez aux Etalons pour la prochaine CAN ?
C’est d’abord effacer les souvenirs douloureux de la CAN en Guinée Equatoriale. Parce que nous sommes revenus de Nelspruit auréolé du titre de vice-champion, et nous avions cru que nous étions arrivés. Seulement en réalité, ce n’était qu’un début qui demandait une confirmation. Cette dernière CAN, nous a rappelé cruellement que nous n’étions pas encore arrivés. Il importe aux Etalons de montrer qu’à Bata en Guinée Equatoriale ce n’était qu’un faux pas et qu’ils peuvent toujours faire rêver notre peuple. L’essentiel c’est de franchir les phases de poules et après tout est permis. Nous demandons aux Onze national de se qualifier au minimum pour les quarts de finales. Quand on écoute ceux qui se disent experts en football aujourd’hui, ils ne vendent pas cher notre peau. C’est peut être une bonne chose pour nous de nous cacher et aller essayer d’atteindre nos objectifs. Je connais le groupe, je connais leur motivation, je puis vous assurer que leur détermination est grande de continuer à cultiver l’espoir au sein du football national. Je connais aussi l’engagement et la détermination du staff technique. Il faut qu’il y ai une union sacré autour de cette équipe.
Comment expliquez-vous que des joueurs qui ne jouent pas avec leur club soient régulièrement appelés en équipe nationale ?
C’est une question à poser au coach. Mais lui-même avait laissé entendre qu’il n’allait pas faire appel à un joueur qui ne joue pas en club. En tous les cas, c’est le langage qu’il tient avec les joueurs. Soit parce qu’il n’a pas eu les bonnes informations à un moment donné, ou alors qu’il n’avait vraiment pas le choix. C’est au coach de répondre à cette question. En tant que président de la fédération je demande au sélectionneur de nous aligner l’équipe la plus compétitive possible, l’équipe qui puisse nous amener des victoires. Le reste nous le jugeons au résultat.
Vous êtes lancés en campagne pour tenter de convaincre les binationaux à porter le maillot national. Nous parlons surtout de Dabo, Anthony Koura et Alban Lafont. Où en êtes-vous ?
Les binationaux ne sont pas la panacée pour notre football. L’essentiel c’est d’aligner les burkinabè les plus performants, qu’ils soient au plan local ou à l’étranger. Vous pouvez avoir des binationaux qui ne sont pas plus forts que ceux qui évoluent sur le plan local. Maintenant, les binationaux qui sont plus performants, c’est normal que nous fassions des efforts pour les faire venir. L’essentiel pour nous c’est qu’ils aient un minimum d’engagement patriotique. Au niveau du football, certains binationaux aspirent, pas forcément à des avantages financiers mais visent plus sur le plan sportif, sur le plan de carrière. Ils se disent mieux exposés médiatiquement ailleurs qu’au Burkina Faso. Mais le travail c’est d’essayer de les convaincre sur le plan patriotique et également sportif. Nous disons souvent aux binationaux qui sont dans l’Hexagone, qu’ils rêvent peut être d’enfiler le maillot de l’équipe de France, mais ce n’est pas forcément évident et même si d’aventure on leur fait appel, peut être qu’ils seraient sur le banc. Alors que s’ils optent pour le Burkina Faso, ils auront une place de titulaire. En tout les cas il y a toute sorte d’argument que nous essayons avec eux. Ce n’est pas le Burkina Faso seul qui est confronté à cette question. Toutes les nations ont des difficultés à convaincre les binationaux. Mais certains répondent favorablement aux approches qui leurs sont faites, d’autres sont un peu plus retissants. Nous continuions le travail. Si un binational performant est approché, et qu’il ne vient pas, rassurer vous que le travail se poursuit pour voir si sur le plan local quelqu’un autant performant que lui ne pourrait pas être déniché.
Gardez-vous encore le contact avec eux ou bien le lien est rompu ?
Le contact n’a jamais été rompu avec Bryan Dabo, Anthony Koura et Alban Lafont. Nous entretenons des relations ne serait-ce qu’amicales. Vous savez, le football est un sport formidable qui permet de tisser des liens. Et si ces liens sont tissés vous restez en contact permanent. Quand ces gens-là jouent dans leur club, si ça se passe bien on les appelle pour les féliciter, si c’est moins bien on les appelle pour les encourager. On est en contact avec chacun d’entre eux.
Quel est le discours que vous avez pu tenir aux joueurs après votre élection pour qu’ils vous livrent ce cadeau avec cette victoire au Cap-Vert ?
L’espoir demeure comme nous l’affirmons dans notre programme de campagne. En le disant, il appartient en réalité aux Etalons d’entretenir cet espoir. Nous disons toujours aux Etalons qu’ils sont une des vitrines du pays et que le peuple compte beaucoup sur eux. Par conséquent, ils doivent toujours mouiller le maillot à chaque fois qu’ils montent sur le terrain pour que les Burkinabè continuent à leur porter leur confiance.
M. le président, quel management mettre en œuvre pour que le Burkina Faso rentre effectivement dans le gotha du football mondial (organisation administrative, technique, financière …) ?
Il y a des instances qui vont se réunir à cet effet. Mais il ne faut pas rêver. Nous sommes le Burkina Faso, le pays qu’on connait. Nous ne sommes pas une nation à tradition footballistique. Nous devons forger notre histoire. Il ne faut pas croire que c’est demain que les Etalons disposeront d’une équipe qui va écraser tous ses adversaires. Soyons réalistes. Nous devons avancer pas à pas. Ce sera vraiment un grand cadeau de voir le Burkina Faso à la Coupe du monde. Nous mettrons tout en œuvre pour que cela puisse arriver. La coupe du monde est le plus grand évènement footballistique au monde. Notre ambition est de poser les jalons d’une nation forte, d’une nation qui compte sur le plan du football. Il faut que de façon scientifique, nos résultats soient construits. Bien entendu, cela doit aller de la base vers le haut. C’est pourquoi nous disons que nous allons mettre un accent particulier sur la relève. Cela ne veut cependant pas dire que nous devons être constamment prése