A son arrivée à Antananarivo où se tenait le XVIe sommet de la Francophonie, le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a rencontré dans l’après-midi du 25 novembre 2016, les Burkinabè vivant à Madagascar.
A peine arrivé à Antananarivo pour prendre part au XVIe sommet de la Francophonie, que le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a rencontré dans l’après-midi du 25 novembre 2016, ses compatriotes vivant à Madagascar. Une trentaine, ils sont composés essentiellement de fonctionnaires internationaux et d’étudiants. La rencontre qui a duré plus d’une heure s’est déroulée à bâtons rompus. Le porte-parole de la communauté burkinabè de Madagascar, Dr Moussa Sié, chercheur au Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST) a traduit leur émotion de voir leur président ; eux qui sont très loin du pays natal. «Nous tenons à vous féliciter pour votre brillante élection à la tête de l’Etat. Vous pouvez être assuré de notre soutien total», a affirmé Dr Sié.
Il a également remercié le Président du Faso pour «son engagement à reconstituer les carrières des fonctionnaires internationaux». Il a aussi laissé entendre que même s’ils ne sont pas nombreux dans ce pays qui regorge de 24 millions 430 mille 325 habitants pour une superficie de 587 041 Km2, la renommée de Thomas Sankara leur permet de marcher la tête haute. Toutefois, le porte-parole des Burkinabè en a profité pour soumettre au Président Kaboré, quelques doléances. Il s’agit de la mise en place d’une stratégie leur permettant d’obtenir facilement leurs visas et d’établir ou renouveler leurs passeports.
De l’avis de l’ambassadeur du Burkina Faso en Afrique du Sud avec compétence à Madagascar, Salamata Sawadogo, si le ‘’pays des Hommes intègres’’ est bien représenté au Sommet de la Francophonie avec un stand, c’est entièrement grâce à la trentaine de compatriotes. «Ils ont acquis le stand à leurs frais, l’animent ensemble et le stand reçoit beaucoup de visiteurs. En trois heures, les visiteurs étaient évalués à 300. Ils passent découvrir les quelques objets d’art et documents burkinabè», a-t-elle souligné. Pour sa part, le chef de l’Etat burkinabè s’est dit honoré par l’accueil qu’il a jugé chaleureux à son arrivée. Il a exhorté ses compatriotes à rester unis et à toujours développer des initiatives pour s’entraider. «Je vous exhorte à continuer à cultiver la solidarité entre vous», a recommandé le Président du Faso.
A propos des requêtes faites à son endroit, il a promis des mesures pour faciliter l’établissement des visas et des passeports. Les échanges ont également porté sur la vie de la nation. Et à ce niveau, Roch Marc Christian Kaboré a parlé des dossiers judiciaires et de la fronde sociale. Il a laissé entendre que très bientôt, le Burkina Faso se dotera d’un nouveau projet de constitution. «Le processus avance. Le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) a aujourd’hui en sa possession près de 5000 dossiers», a-t-il
assuré.
«…il faut que la fronde sociale baisse…»
Il a, par la suite, souligné sa vision et celle de son gouvernement qui est de travailler à réconcilier les fils et les filles du pays. Un objectif que, selon lui, chaque citoyen devrait d’ailleurs s’approprier pour consolider la paix. Cependant, à l’entendre, les problèmes pendants sont liés à l’affaire Thomas Sankara, au coup d’Etat manqué...Il a de ce fait annoncé que ces dossiers seront jugés très rapidement. «La réconciliation nationale ne peut se faire que sur la base de la justice», a soutenu le Président du Faso. Concernant les questions sociales liées aux nombreux mouvements de grèves, Roch Marc Christian Kaboré a dit comprendre les syndicats. Mais, il a rappelé que les revendications doivent tenir compte des réalités du pays. Pour lui, il faut organiser un dialogue social. «Pour payer les salaires d’envions 200 000 personnes, on ne peut plus utiliser plus de 30% du budget. Plus nous faisons des grèves, plus nous handicapons notre pays. Il faut que la fronde sociale baisse afin de permettre la réalisation des projets», a lancé à ses compatriotes depuis Madagascar.
Sur le plan économique, le Plan national de développement économique et social (PNDES) a été exposé. M. Kaboré a expliqué l’opportunité qu’offre ce plan pour la relève de l’économie. Ainsi, a-t-il informé de la réunion des partenaires financiers les 7 et 8 décembre prochain devant permettre le financement du PNDES. Au niveau sécuritaire, le chef de l’Etat a indiqué qu’une opération de ratissage sur toute la partie Nord du pays est en cours. Il a également annoncé le rapatriement des troupes burkinabè au Mali pour sécuriser la frontière avec ce pays.
S’il y a eu un instant très émouvant lors de cette rencontre, c’est la présentation de Bernadette Ouédraogo ; cette Burkinabè de 57 ans, qui ne rêve que de fouler le sol du Burkina Faso. Cuisinière de son état au lycée français d’Antananarivo, elle a traduit toute sa joie de voir le Président du Faso, accompagné de plusieurs autres Burkinabè. «Je suis dans une extrême joie et je ne rêve que de voir le pays de mon père», a-t-elle souhaité.
Une requête à laquelle, Roch Marc Christian Kaboré a donné une suite favorable. «Nous prendrons toutes les dispositions pour qu’elle puisse rentrer au Burkina Faso voir sa famille», a promis le chef d’Etat à la dame de Pobé Mengao.
Se prononçant sur le sommet de la Francophonie, qui réunit quatre-vingts Etats et de gouvernements, Roch Marc Christian Kaboré estime qu’il faut que les pays initient, en plus de la langue française, des stratégies pour se développer. Il s’agit, a-t-il précisé, de projets pour consolider les besoins en eau potable, en santé, en éducation…
Gaspard BAYALA
(A Antananarivo)