Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Burkina: "Je ne vois pas le lien entre la création" du Parti du Peuple Républicain (PPR) et le "désir d’avoir un poste" (président, INTERVIEW)
Publié le dimanche 27 novembre 2016  |  Alerte Info




Le président du Parti du Peuple Républicain (PPR) Tambi François Kaboré, ex-directeur de cabinet de Zéphirin Diabré, Chef de file de l’opposition politique burkinabè dit ne pas "voir le lien entre la création" de sa formation et le "désir d’avoir un poste" au sein du gouvernement, dans une interview à ALERTE INFO.

Le fait d’être diplomate avant de vous reconvertir en politique bon teint n’a-t-il pas un handicap pour vous ?

Non au contraire ça diversifie mon horizon et ça me donne beaucoup plus de compréhension et de considération. En étant en situation de la fonction publique internationale, j’ai eu à travailler avec beaucoup de responsables politiques et d’autres personnes de plusieurs nationalités dans les différents pays où j’ai été, donc cela me donne une certaine variété de point de vue. Cela m’a permis de développer une certaine tolérance et l’écoute avant toute décision que je prends sagement.

Comment se porte la diplomatie burkinabè actuellement ?

On n’est en train de cultiver des rapports de partenariat, une diplomatie de développement et depuis l’installation de ce pouvoir, bon nombre de personnes sont nommées dans ce sens car c’est que le peuple attend. Qu’on cherche des moyens pour résoudre ses attentes.

Quelles sont les réelles motivations qui vous ont poussé à créer le Parti du Peuple Républicain (PPR) ?

Quand on adhère à un parti politique on le fait par conviction. Et personnellement quand cette conviction n’est plus là il faut avoir le courage de partir. C’est après un constat amer que nous avons décidé de créer le parti. Nous voyons une population très impatiente qui est pressée effectivement d’avoir les dividendes de l’insurrection populaire. Nous voyons des partis politiques de l’ex-opposition qui jadis unis, tendent à se disperser. Il y a une division qui est là. Le même constat se fait au niveau des Organisations de la Société civile (OSC). Les groupes se parlent très peu et chacun parle sans beaucoup de concertation.

Et nous voyons la situation sociale chaque jour se surchauffée. Il y a des revendications sociales dans tous les secteurs qui sont à même de menacer la paix et la cohésion sociale. Donc tout se passe comme si on avait oublié l’esprit de l’insurrection qui nous a permis de vaincre le pouvoir de Blaise Compaoré qui a fait 27 ans au pouvoir. Cet esprit qui nous a permis de faire échouer le coup d’Etat (du 16 septembre 2015 perpétré par la garde prétorienne de M. Compaoré). Donc nous avons pensé qu’il va falloir prendre en charge cet esprit-là, le capitaliser, l’internationaliser et en faire un motif de rassemblement national. C’est pour ça que nous avons créé le PPR pour porter très haut les attentes des insurgés et de toute la population.

Quel est l’esprit de l’insurrection selon vous ?

Nous venons de commémorer l’an II de l’insurrection et je remarque qu’on a tendance a résumé l’insurrection au départ ou changement de régime. Mais au-delà de ça le mouvement insurrectionnel véhicule des messages qui demandent qu’on dépasse les sentiments et intérêts égoïstes pour ne placer au centre que l’intérêt général. Si hier on a pu se rassembler et les partis politiques et les OSC autour d’une plateforme minimale qui se résumait à : +Non à la modification de l’article 37 (de la constitution) ! Non au sénat ! Non à la politique économique et sociale du régime+ d’alors, aujourd’hui qu’est-ce qui nous empêche de se réunir pour lutter contre le sous-développement. C’est cela le premier message de l’esprit de l’insurrection.

Ensuite il faut savoir dessiner l’avenir, avoir une vision, un objectif consensuel. Sans ce cadre consensuel chacun râle dans tous les sens. Le dernier message c’est la mobilisation générale. Comme l’insurrection a été l’œuvre de tous, chacun doit mettre sa main dans la patte pour la réussite de l’après insurrection. Et ce sont ces trois messages que notre parti a résumé dans : vivre, travailler et jouir ensemble.

Que dites-vous de ceux qui font un lien entre votre départ du parti de Zéphirin Diabré qu’est l’Union pour Progrès et Changement (UPC) et la création de votre parti ?

C’est tout à fait normal parce que j’ai joué un rôle au sein de ce parti. J’ai été le directeur de cabinet du Chef de file de l’opposition (CFOP) qui était le président de l’UPC, Zéphirin Diabré, j’ai présidé ou coordonné le comité qui était en charge de rédiger le programme économique et social du candidat du président de l’UPC, j’ai été membre du bureau politique, j’ai été membre de la section de Kadiogo (Centre), l’hymne de l’UPC c’est moi qui l’ai écrit avec mon frère, j’ai été le président du congrès extraordinaire qui a institué la candidature de M. Diabré. Bon tout ça fait que les gens ont cette difficulté à me dissocier mais comme je l’ai dit tout ça je le faisais pour un idéal donc si cet idéal n’existe plus je pars.

Certains observateurs affirment que vous avez créé le PPR pour chercher un poste au sein du gouvernement ?

Je ne vois pas le lien entre la création d’un parti et le désir d’avoir un poste. Il n’y a pas de lien évident. Et tous ceux qui sont à la majorité n’ont pas de poste ministériel. Et je ne crois pas que ce soit la meilleure façon d’aller demander un poste. Nous avons créé le parti pour porter un idéal. Evidemment tout homme politique souhaiterait qu’un jour il puisse avoir l’occasion de mettre en pratique son idéal. Si un jour on nous appelle qu’on sent le besoin que cet idéal que nous portons peut servir le peuple burkinabè, nous n’hésiterons pas.

Peut-on s’attendre à ce que Louis Armand Ouali, votre ancien camarade qui était également à l’UPC rejoigne votre formation ?

M. Ouali a beaucoup d’expérience en matière politique. Et je crois que si un jour il voit que l’idéal que nous portons et que le pragmatisme de notre parti l’accroche et il veut venir collaborer avec nous, ça serait avec joie que nous allons l’accueillir. Pour le moment ce n’est pas le cas mais nous collaborons très étroitement. Donc il y a un certain nombre de points sur lesquels on partage les mêmes avis. Mais pour le moment il n’est pas dans le parti et ça reste un souhait pour nous de le voir un jour venir avec nous.

Que pensez-vous de l’opposition politique actuelle ?

L’opposition actuelle est bicéphale. Une entité à deux têtes. Il y a la CODER (Coalition pour la Démocratie et la Réconciliation nationale) qui est dirigée par Ablassé Ouédraogo (président de Le Faso Autrement) et la CFDC (Coalition des Forces démocratiques pour un vrai Changement) présidée par Zéphirin Diabré. Au niveau de la CODER je ne vais pas m’y attarder beaucoup parce que c’est composé des partis qui étaient jadis de la majorité et qui ont mené le processus de la révision de l’article 37 pour le lequel le peuple s’est mobilisé et s’est levé contre.

Mais là où effectivement j’ai quelque chose à dire c’est le positionnement des partis jadis de l’opposition à la composition actuelle. Je le dis parce que ceci va à l’encontre de mes convictions. Et quand je donne la parole j’essaie au tant que faire se peut de la respecter. Et ayant été au centre du processus insurrectionnel, nous nous sommes dit par la voix du CFOP (Zéphirin Diabré) que si un jour, un des partis arrivait au pouvoir, il n’y a pas de raisons que les autres se désolidarisent de ce parti-là. Ca veut autrement dire que nous devons tous nous rassembler pour travailler. Et les gens savaient très bien que pour être crédibles il faut quand même une union, une vision consensuelle. Alors ceci a été dit quand nous étions ensemble. Donc je n’ai pas compris que ces partis de l’opposition d’alors acceptent se mettre avec les mêmes partis que nous avons combattu et vaincu. Ca ça me dérange énormément et c’est l’une des raisons principales qui nous amené à quitter l’UPC et à créer le PPR.

La fronde sociale s’accentue de plus en plus, quelle est l’analyse que vous faites sur cette situation ?

C’est tout à fait normal que tout travailleur cherche à améliorer ses conditions de vie et de travail. Seulement je constate qu’il y en a beaucoup et cela contribue à fragiliser la situation socio-économique. Nous comprenons très bien l’impatience des populations ou même la volonté des travailleurs de réclamer des conditions meilleures de travail et de vie. Mais nous disons que ces réclamations doivent se faire surtout dans un cadre de dialogue et de concertation. Je crois que toutes les parties ayant l’intérêt général en tête, elles doivent essayer d’arriver à une solution consensuelle.

Donc nous demandons à toutes les parties prenantes de poursuivre ou de renouer le dialogue et la concertation pour qu’en fait nous arrivions à des solutions réalistes. Nous avons l’habitude de dire que quand on ne sème pas on ne peut pas récolter. D’une façon générale nous demandons aux populations d’être un peu patiente. Il y a beaucoup de problèmes socio-économique mais au lieu que ces problèmes nous divisent ça devrait au contraire nous rassembler pour une unité d’action. Sinon en créant des troubles par-ci par-là nous ne faisons que reculer. Le PPR souhaite que nous privilégiions l’intérêt général.

Certains estiment que la réconciliation n’est pas la priorité des nouvelles autorités, qu’en pensez-vous ?

Vous savez on dit que la somme des intérêts individuels ne fait pas l’intérêt général. Ca veut dire que si voulez arriver à l’intérêt général, il y a des compromissions à faire. Les partis de l’ex-majorité font de la réconciliation leur priorité mais peut-être que les autorités aussi ont leur priorité. Et puis il y a toute une démarche à suivre parce qu’on doit parler de justice, vérité avant la réconciliation. Il faut d’abord ces trois éléments fondamentaux avant le pardon. Il faut qu’avant la réconciliation, la justice soit faite. Seulement essayons d’accélérer le processus puisqu’il y a même une commission qui a été mise en place pour cette question. Sinon réconciliation oui mais il y a des préalables.

Votre parti sera-t-il au rendez des élections présidentielle, législatives et communales prochaines ?

D’une façon théorique nous sommes un parti politique qui vise à conquérir le pouvoir. Donc nous allons essayer de prendre part à toutes les consultations électorales. Mais je crois qu’il ne faut aussi aller vite en besogne. Si en 2020 nous estimons que nous sommes prêts comme nous le souhaitons, nous prendrons part à toutes les élections. Dans le cas contraire on fera dans la mesure de notre possible. Mais nous avons l’ambition en tout cas de couvrir tout le territoire burkinabè dans l’espoir que le plus grand nombre des populations puisse se prononcer sur notre idéal.

BBO
Commentaires