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Terrain litigieux à Zagtouli : Le mécano et les pylônes de la SONABEL
Publié le vendredi 25 novembre 2016  |  L`Observateur Paalga




Zagtouli : quartier-village situé à une quinzaine de kilomètres du centre-ville, à la sortie ouest de la capitale (route Ouaga-Bobo). Dans la partie non-lotie se trouve un terrain dont la superficie est comprise entre 600 m2 et 1000 m2 appartenant à Aboubakar Koumaré, mécanicien-auto de profession. A 25 m de son terrain est fixé un des pylônes de la Société nationale burkinabè d’électricité (SONABEL). Le mécanicien envisageait d’y construire son garage, mais il devrait revoir ses ambitions si l’on s’en tient à la deuxième vague des pylônes dont l’un (pylône 10) doit être implanté à côté du terrain litigieux. Selon les normes, le pylône est au milieu d’une emprise distante des habitats de 25 m de part et d’autre ; il a été donc invité à évacuer les lieux pendant qu’une école primaire située dans la même trajectoire que sa parcelle peut y rester. Première injustice, selon le mécano et ce n’est pas tout !


«Ce sont les petits-fils du chef qui m’ont vendu ce terrain en 2011 à 9 350 000 francs CFA. Vu la configuration j’ai estimé que le terrain et les 25 m qui le séparent des pylônes pouvaient me servir de réserve afin que je parque les camions-citernes que nous réparons», introduit Aboubakar Koumaré, mécanicien-auto de son état. Visiblement harassé et en colère par le problème qu’il dit traîner depuis le 21 avril 2016, il explique que le service Environnement de la SONABEL a décidé d’installer de nouveaux pylônes après une tentative ratée sur l’autre rive. De la rencontre qu’il y a eu entre ledit service et lui dans les locaux du Département Normalisation, environnement et sécurité aux fins de négocier la libération du couloir devant abriter la ligne d’interconnexion électrique, il a été proposé au sieur Koumaré, une indemnisation de 695 000 francs CFA.

De là naquit un désaccord dans la mesure où le propriétaire du terrain litigieux réclame un autre terrain pour construire son garage ou alors qu’on lui rembourse le montant d’achat initial. «Les jours qui ont suivi, des agents d’une entreprise sont venus pour creuser les trous ; je me suis opposé en disant d’appeler la SONABEL pour qu’elle trouve une solution définitive avant qu’ils ne continuent leurs travaux », poursuit-il. Et d’ajouter que le service environnement a usé par la suite d’une manœuvre consistant à dire qu’un mètre du terrain appartient à Frédéric Romain Bambara, qui travaillerait à la SONABEL.

Cela, dit-il, a été orchestré de sorte à montrer que les bornes du pylône ne se trouvent pas sur le terrain querellé. «On ne s’est pas entendu et ils ont promis d’amener la gendarmerie pour régler la question. J’ai demandé un papier émanant du procureur du Faso définissant clairement et selon la loi burkinabè ce que la SONABEL me doit avant que je ne cède le terrain. Dans le cas contraire je leur ait dit de ne plus se présenter sur le terrain au risque d’assumer ce qui pourrait se passer», indique-t-il. Au fil des échanges avec ses interlocuteurs qui lui auraient lancé qu’ils ont traité des affaires plus corsées et qu’il viderait les lieux, qu’il le veuille ou pas, Aboubakar Koumaré finira par sortir de ses gonds en soulignant qu’il n’est même plus question de quitter les lieux tant que l’école jouxtant sa parcelle restera en place.

Pour Aboubakar Koumaré, il s’agit certes d’un projet gouvernemental qui vise le bien-être de nombreux Burkinabè, il comprend la situation et peut se déplacer, mais pas avec des méthodes peu claires. «Simon Compaoré quand il était maire de la capitale nous a invité à sortir du centre-ville pour mener nos activités, on veut s’exécuter et voilà que des gens viennent nous perturber avec des affaires louches», s’empresse-t-il d’affirmer. Au lieu de calmer la situation afin de trouver un terrain d’entente, ses interlocuteurs iront à lui dire que la terre appartient au gouvernement qui en dispose comme il veut. Selon lui, ses interlocuteurs auraient dû adopter une démarche appropriée ou accepter d’aller en justice au lieu de dire que le temps accordé au projet est bref. Le samedi 19 novembre dernier, au jour où nous le rencontrions, la gendarmerie de Boulmiougou avait inspecté les lieux et a décidé de transmettre le dossier à la justice.



Le mémoire en défense de la SONABEL



Dans l’après-midi du 22 novembre 2016, Cécile Kaboré et Justin Tuina, respectivement chef du Département juridique et chef du Service environnement de la SONABEL, se sont exprimés à notre demande sur le différend qui les oppose à Aboubakar Koumaré. La première confirme qu’il s’agit effectivement d’un projet qui consiste en la construction d’une ligne d’interconnexion 90 KV Ouaga-Ouahigouya. Ce projet est financé à hauteur de 6 milliards de francs CFA par l’Agence française de développement (A.F.D.). Le projet, selon ses explications, a commencé bien avant 2011 mais a connu des difficultés à partir de cette date, qui ont occasionné sa suspension. « Il y avait un tracé pour cette ligne, mais comme le projet a été suspendu au regard des difficultés financières de la SONABEL, des gens se sont installés sur une partie du tronçon», explique-t-elle.

Et d’ajouter que les difficultés levées et en accord avec le bailleur de fonds, la société a décidé de le poursuivre mais s’est heurtée au fait qu’il y a beaucoup de personnes qui y ont fait des constructions en matériaux définitifs. Le choix était donc de trouver un autre couloir moins occupé et qui allait avoir moins d’impact environnemental. C’est ainsi que les personnes affectées au nombre de 33 ont été sensibilisées sur l’importance du projet, la plupart ayant accepté de céder leur terre moyennant une indemnisation. «Monsieur Koumaré n’a pas accepté ce qui lui a été proposé parce qu’il aurait acheté son terrain à 9 350 000 francs CFA alors que sur la base des principes et des critères d’indemnisation, nous ne pouvons pas lui donner ce qu’il demande», précise-t-elle. Mieux, dit-elle, l’équipe de terrain s’est rendue compte que le pylône 10 devait plutôt être érigé sur la parcelle d’une autre personne (Frédéric Romain Bambara) qui a accepté le principe et a été indemnisé.

La difficulté vient du fait que «Aboubakar Koumaré a empêché l’entreprise d’effectuer les travaux, il a menacé de hacher toute personne qui viendrait à intervenir bien qu’il a reconnu que le pylône n’est pas sur son terrain mais à côté». Elle déclare que la SONABEL était dans la logique de poursuivre le projet, à charge de négocier avec le mécanicien la libération du couloir puisque les 25 m comme espace séparant les habitats restent de mise. Fait assez surprenant selon le chef du Département juridique, vers la fin de la semaine dernière, ils se sont déportés sur le terrain et ont constaté que les limites qui semblaient être celles du terrain du sieur Koumaré ont été bougées faisant en sorte que deux pieds du pylône se retrouvent maintenant sur le lopin à polémique. «Lors de la première évaluation c’était le problème du couloir qu’il doit libérer et permettre les travaux de continuer ; il n’était pas question de la présence du pylône sur son terrain mais vous verrez qu’il a fait une clôture qui sépare les quatre pieds du pylône en deux», explique-t-elle.



«Il n’y a aucun traitement discriminatoire, ni de favoritisme»



Qu’à cela ne tienne, le mécano furibond réitère ses menaces de mort et promet de descendre au siège de la SONABEL pour faire un scandale. Ce qui a motivé la société à saisir la gendarmerie de Boulmiougou afin qu’il n’en arrive pas à des actes regrettables. De plus, elle croit que le montant de 9 350 000 francs CFA voulu par le mécanicien-auto ne semble pas véridique. Elle le justifie par un document qui suscite une interrogation : « nous ne disons pas qu’il n’est pas possible qu’il ait acheté le terrain à cette somme, mais l’attestation de vente a été établie le 5 avril 2011, alors que la pièce d’identité qui a servi à acquérir le terrain date du 26 août 2011».

Pour elle, c’est donc un document fait après coup en vue d’obtenir cette somme de la société et que la société n’a pas la capacité de trouver un autre terrain au mécano. Aussi, l’avocat de la maison a été saisi pour envisager la voie judiciaire dans le traitement du dossier. «On ne refuse pas d’aller à la justice parce que le temps est court, on a essayé de résoudre la situation à l’amiable mais au regard des développements, c’est l’option idéale», conclut-elle.

Pour Justin Tuina, chef du service environnement et sécurité, le propriétaire de l’école qui jouxte la parcelle litigieuse est aussi affecté comme le mécanicien-auto, sauf que le terrain d’un établissement d’enseignement ne peut pas être comparé au terrain d’un garage. «Le propriétaire de l’établissement a revu son plan d’investissement, il avait décidé de construire deux bâtiments à niveau et pour celui qui est le plus proche de la ligne, nous l’avons déconseillé.

Il y a aussi que la partie du terrain qui se trouve dans l’emprise de la ligne est occupée d’où une réduction de son terrain qui est plus grand (plus de 2 ha). Selon lui, le pylône 11 est au bord du terrain mais ne traverse pas la cours comme le prétend Aboubakar Koumaré. «D’ailleurs ce n’est pas le seul établissement qui est dans cette situation, la ligne de 180 km frôle plein d’établissements et si la pente de sécurité est dégagée, c’est suffisant», affirme-t-il. Pour le cas Bambara, il relève que le mécano a voulu faire croire au début que la portion lui revenait intégralement. « C’est l’affaire de deux frères : le frère de celui qui a vendu le terrain à Koumaré, a donné sa parcelle à monsieur Bambara, et cette partie représente pratiquement la moitié du terrain du mécanicien», signifie Justin Tuina qui est aussi pour la voix judiciaire dans la résolution de ce différend.



Aboubacar Dermé
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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