C’est une réunion sans précédent qui s’est tenue hier 22 novembre au ministère français de l’Intérieur, transformé, le temps d’une journée, en commissariat central de police conjoint de la France et de 11 pays francophones de l’Afrique de l’Ouest. Bernard Cazeneuve, le locataire de la Place Beauvau, a en effet réuni ses homologues, parmi lesquels le Burkinabè Simon Compaoré, autour des lancinantes questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme.
Une sorte de France-Afrique sécuritaire à l’échelle des ministres, alors qu’on vient de commémorer le premier anniversaire du massacre du Bataclan et de la prise d’otages sanglante du Radisson Blu de Bamako. La preuve, s’il en était encore besoin, que la menace terroriste est globale, transnationale, qu’on soit en France, au Mali, au Burkina Faso ou au Niger. Après Bamako, Ouagadougou n’a-t-elle pas été frappée, elle aussi, par la pieuvre tentaculaire d’Aqmi, et plus tard Grand-Bassam à Abidjan ?
Cette rencontre intervient également à un moment où la France vient de faire l’annonce d’avoir déjoué un attentat sur son territoire. A menace planétaire donc, réponse planétaire, qui passe par la mutualisation des hommes, des moyens, des renseignements ainsi que les échanges de bonnes pratiques qu’ambitionnent de partager les premiers flics africains réunis autour de leur cousin gaulois.
Certains esprits chagrins y verront encore une forme de néocolonialisme, mais l’indispensable coopération sécuritaire ne saurait s’accommoder de telles considérations idéologiques d’un autre âge. Entre autres pistes communes explorées, Cazeneuve et les autres ont ainsi pris trois décisions importantes : la mise en place d’un programme de mobilisation à l’échelle régionale, la réalisation d’un «guide pratique» de détection de la radicalisation et la multiplication des exercices de terrain. La réponse au péril terroriste passe aussi par la réforme du système de sécurité, la mise en place de juridictions anti-terroristes et de magistrats spécialisés, encore inexistants dans la plupart de nos pays, sans oublier le contrôle de nos frontières et l’assèchement des sources de financement du terrorisme (trafics de drogue et d’êtres humains).
Tout compte fait, c’est un conseil de guerre fort utile qui vient de se tenir et il ne reste plus maintenant qu'à espérer qu’au-delà de cet aréopage les ministres concernés ne s’arrêtent pas au stade de bonnes intentions.
Mohamed Arnaud Ouédraogo