Le ministère de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique a enclenché la mise en œuvre de la feuille de route de retrait et de réinsertion des personnes exclues par allégation de sorcellerie, le mardi 14 novembre 2016, à Ouahigouya.
Au Burkina Faso, plusieurs femmes du troisième âge sont victimes d’allégation de sorcellerie, en cas de décès d’un membre de la famille ou de leur communauté. Elles sont bannies après avoir subi des traitements inhumains et dégradants. Cette pratique d’exclusion sociale perdure malgré les multiples efforts du gouvernement pour la résorber. Au regard des proportions « inquiétantes » qu’elle prend, le ministère de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique, ainsi que d’autres acteurs privés, ont donné le coup d’envoi de la mise en œuvre de la feuille de route de retrait et de réinsertion des personnes exclues par allégation de sorcellerie, le mardi 14 novembre 2016 à Ouahigouya. « Cette feuille de route vise à fédérer les efforts des différents acteurs qui interviennent dans le domaine afin de lutter contre l’exclusion sociale, pour une meilleure prise en charge de ces personnes », a expliqué Paul Kabré, le directeur de la protection contre les violations des droits humains. Il a informé que des sensibilisations, ainsi que des rencontres avec différentes couches sociales sont prévues, afin que chacun puisse s’impliquer dans la lutte contre le fléau. Pour l’année 2016, il est prévu le retrait de trente femmes pensionnaires des centres d’accueil et leur réinsertion dans leurs familles, renseigne le directeur de protection contre les violations des droits humains. « En ce qui concerne la réinsertion des trente femmes, nous allons d’abord discuter avec elles pour avoir leur assentiment. A travers la commission justice et paix et le ministère en charge de l’action sociale, nous allons entamer des médiations au niveau des familles et des communautés afin d’acquérir leur adhésion», a-t-il précisé. De l’avis de M. Kabré, cette pratique perdure parce qu’elle est liée à plusieurs croyances. Il a souligné également le fait que la législation ne prévoyait pas de sanctions à l’encontre des coupables. « Mais depuis le 6 septembre 2015, nous nous sommes doté d’une loi qui permet de réprimer quiconque se rendra coupable d’exclusion d’une personne pour allégation de sorcellerie. Cette personne se verra amendée ou écopera jusqu’à 5 ans de prison ferme », a-t-il prévenu.
Le gouverneur Hassane Sawadogo dit regretter que ce phénomène soit malheureusement une réalité, dans sa région. Il a reconnu la pertinence de la rencontre qui, selon lui, vise la promotion des droits humains. « Notre message est que les leaders d’opinion de cette région s’impliquent afin que nous puissions sensibiliser les populations pour qu’elles comprennent que cette pratique ne trouve nullement de fondement ni dans la religion, ni dans les considérations liées aux droits des personnes », a-t-il lancé.
Ibrahim ZAMPALIGRE