Les attentes des populations de la région du Sahel sont nombreuses, comme l’a constaté Sidwaya, le vendredi 18 novembre 2016 à Dori, en marge du lancement du Programme d’appui au développement des économies locales (PADEL).
Les populations du Sahel attendent beaucoup du gouvernement. Les acteurs de la région ne se sont pas fait prier pour porter leurs préoccupations à Sidwaya, en marge du lancement du Programme d’appui au développement des économies locales (PADEL). Un évènement qui a connu la présence du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Les autorités et les administrés partagent pratiquement les mêmes inquiétudes au Sahel. Tout naturellement, la question de l’insécurité apparait en tête des préoccupations, étant donné que la région du Sahel a fait l’objet de plusieurs attaques terroristes, ces derniers mois. «L’accent doit être mis sur le volet sécurité, car les menaces sécuritaires gênent les mouvements et les activités économiques», a relevé le gouverneur du Sahel, le colonel-major, Peguy Hyacinthe Yoda. Hormis ce souci majeur, il trouve que la région, dont il préside les destinées, est riche. «Il suffit de changer les mentalités pour profiter de cette richesse», est-il convaincu. Le maire de Dori, Aziz Diallo, est aussi tracassé par l’insécurité, à laquelle font face les populations du Sahel. « Nous saluons les efforts déjà consentis par le gouvernement en matière de sécurité, en témoigne le déploiement des forces de l’ordre dans la région, mais il y a mieux à faire. Nous avons attiré l’attention des autorités sur la nécessité d’augmenter les effectifs et d’équiper davantage les forces de sécurité. Nous espérons une amélioration à ce niveau », a lâché le bourgmestre, fils de feu l’opposant Arba Diallo. Il plaide également pour la réalisation d’investissements structurants pour booster le secteur agro-sylvo-parstoral, l’amélioration de l’accès à l’eau et la création d’unités de transformation, telles les laiteries. Sa conviction faite est que si l’on améliore les conditions de vie des habitants, cela aura un impact sur la sécurité dans la zone. Le président du Conseil régional des organisations de la société civile du Sahel, Ousmane Dicko, pense que la vulnérabilité de la région du Sahel aux attaques terroristes est due à un problème d’organisation au sein de l’armée. «Dori était la première région militaire. Malheureusement, cette région a été démantelée et réinstallée à Kaya, alors que le Sahel fait frontière avec deux pays, le Mali et le Niger. Je me pose des questions à ce sujet. Il importe, que les autorités ramènent la première région militaire à Dori, car cela aura un effet dissuasif sur les forces du mal», a-t-il argué. A son entendement, il y a aussi urgence à «désenclaver» le Sahel, une zone de production, par la réalisation d’infrastructures routières, afin de favoriser l’écoulement des produits.
La visite du chef de l’Etat saluée
Sur la question cruciale de l’insécurité, la coordonnatrice communale des organisations féminines de Dori, Sabine Ouédraogo/Compaoré, est attentive aux capacités des gouvernants. «J’espère que le gouvernement aura les capacités réelles pour mettre les populations du Sahel en sécurité, car l’heure n’est pas à la sérénité. Sans sécurité, il n’y pas de développement», a-t-elle commenté. Pour ce leader de la gent féminine, le problème d’emploi des jeunes de la région doit être aussi pris à bras-le-corps par le régime de Roch Marc Christian Kaboré. «Il faut que les autorités créent des emplois stables pour la jeunesse du Sahel, qui vit dans la précarité», a martelé Mme Ouédraogo. Son plaidoyer est partagé par l’élève Nafissatou Ouédraogo, qui, quand bien même est inquiète de l’environnement sécuritaire, opte pour la création d’emplois au profit des jeunes. Le fabricant de chaussures artisanales à base de pneus usagés, Adama Maïga, est aussi anxieux au sujet de l’insécurité, qui mine la région.
«Le Sahel fait face à des attaques, et c’est dommage. Le gouvernement doit équiper davantage l’armée pour lui permettre de faire face aux terroristes», a-t-il souligné. L’autre aspect sur lequel il aimerait que l’exécutif s’attarde, c’est le financement des acteurs du secteur informel. «Je forme actuellement 15 enfants à la fabrication de chaussures artisanales, mais je manque cruellement de moyens pour soutenir cette activité», a-t-il
regretté.
Caressant le secret espoir que leurs attentes seront comblées, les forces vives du Sahel se sont réjouies, dans l’ensemble, de la visite du président du Faso, avec qui ils n’ont pas eu une rencontre formelle. «Nous apprécions très positivement le déplacement du président du Faso. Cette visite était prévue, il y a un mois, mais nous avons dû la reporter à cette date, à cause de la situation sécuritaire dans la région.
Les populations du Sahel sont très heureuses d’accueillir le chef de l’Etat pour le lancement du PADEL, dont l’importance n’est plus à démontrer, car ayant pour but de lutter contre la pauvreté », a affirmé le gouverneur du Sahel. Les autres intervenants ont également loué la visite du président du Faso en reconnaissant la pertinence du PADEL.
Kader Patrick KARANTAO