Le réseau international «Justice pour Sankara justice pour l’Afrique», dans une déclaration rendue publique mardi, demande à la France de lever le secret-défense sur l’affaire relative à l’ancien président burkinabè Thomas Sankara.
Dans sa déclaration, le réseau rappelle d’emblée que «le juge d’instruction burkinabè François Yaméogo chargé de l’enquête sur l’assassinat de Thomas Sankara vient de lancer une commission rogatoire pour demander la levée du secret-défense en France».
Le document renseigne qu’après deux ans d’enquête, François Yaméogo a auditionné une centaine de personnes dont une quinzaine ont été inculpées. «Son sérieux et son intégrité ne peuvent être mis en doute», souligne la déclaration.
Pour les auteurs de l’écrit, cette demande de levée du secret militaire ne doit pas être prise à la légère, comme l’a été la demande d’enquête parlementaire, demandée par des députés burkinabè, et déposée par les députés écologistes et ceux du Front de gauche à l’Assemblée nationale française en octobre 2012.
«Nous appelons donc tous les organisations françaises et étrangères, organisation des droits de l’homme, partis politiques, associations de la société civile, soucieuses de justice, à faire pression sur le gouvernement français pour que soit satisfaite la demande du juge burkinabè », peut-on lire dans la déclaration.
Le réseau «Justice pour Sankara justice pour l’Afrique» demande aux députés de l’Assemblée nationale française, d’interpeller de nouveau «le président de l’Assemblée nationale (Claude Bartolone, Ndlr) pour qu’il reconsidère sa position et accepte la demande d’enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara, comme l’ont déjà demandé plus de 5.500 personnes».
Le capitaine Thomas Sankara, président du Faso (1983-1987) a été assassiné le 15 octobre 1987, lors du coup d’Etat sanglant qui a permis à Blaise Compaoré d’accéder au pouvoir.
Durant les 27 ans de règne du président Compaoré, le dossier judiciaire sur l’assassinat du capitaine Sankara n’a connu aucune évolution.
Le dossier a été véritablement relancé, après la chute de Blaise Compaoré, en fin octobre 2014, suite à l’insurrection populaire née de sa volonté de modifier la Constitution burkinabè en vue de se faire réélire.
Le corps de Thomas Sankara, ainsi que ceux de ses 12 compagnons d’infortune, ont été exhumés en fin mai 2015 pour des fins d’expertise.
Le commissaire du gouvernement près la justice militaire de Ouagadougou, Alioune Zanré, avait annoncé, lors d’une conférence de presse, que l’affaire Thomas Sankara pourrait être jugée d’ici à fin 2016.
ALK/cat/APA