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Route Fada Koupèla: vous affrontez la mort à tout moment
Publié le mardi 15 novembre 2016  |  Sidwaya
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© aOuaga.com par Séni Dabo
Le tronçon de la route entre Koupèla et Fada en état de dégradation




Le tronçon de la route nationale N°4 qui relie Koupèla à Fada N’Gourma est dans un état de délabrement absolu. Sur ce tronçon, le code de la route a foutu le camp et c’est le sauve-qui-peut ou laisse-moi passer qui dicte sa loi. Reportage, dans un aller-retour inédit (Fada-Koupèla-Fada) en car et en minibus communément appelé « Dina » pour vivre en temps réel le calvaire des usagers.

Le tronçon de la route nationale N°4 Fada-Koupèla, qui est dans un état piteux constitue, désormais, un véritable danger pour les usagers obligés de l’emprunter de jour comme de nuit. Les nids-de-poule qui se sont transformés, au fil de temps, en véritables trous béants, offrent aux automobilistes un seul choix, celui de l‘ « enfer »: jouer au cache-cache avec les trous pour sauver leur vie et la survie de leur engin. En attente d’une hypothétique solution définitive, les populations s’inquiètent de plus en plus du sort de cette route dont l’importance pour l’économie nationale est établie. Les échanges avec les passagers tout comme les conducteurs au cours d’un aller-retour Fada-Koupèla-Fada ont suffi aux usagers pour déverser leur bile pour le calvaire qu’ils vivent depuis des mois. « Quand vous empruntez la voie, l’inquiétude se lit sur tous les visages. Chacun se demande s’il reverra sa famille », lance un passager. Après avoir pris place dans le car avec la bénédiction du chauffeur de la compagnie de transport STAF, Mahamadi Ouédraogo, l’on croirait que le reporter est l’envoyé spécial du ministre des Infrastructures ou encore un messie venu apporter une solution magique à une difficulté inquiétante. Les mots sont durs et les cris de détresse fusent de toute part pour un si court, mais harassant voyage. A l’unanimité, les transporteurs routiers de marchandises et de personnes disent souffrir le martyre au péril de leur vie et celle de leurs passagers. Toujours anxieux, confient-ils, à l’idée d’aborder les 80 km qui relient le chef-lieu de la région de l’Est, à la ville carrefour de Koupèla.

« A chaque minute, tu te demandes si tu vas rentrer le soir »

Dans le car, un calme plat règne en maître absolu. Les regards anxieux, les passagers de la compagnie de transport s’agrippent au siège avant pour mieux résister aux va-et-vient et autres basculements du poids lourd en mouvement. « Tu vois, on dirait un cortège funèbre. Personne ne cause avec son voisin. En fait, les gens ont peur que les chauffeurs ne les renversent dans les ravins. Suis bien leur mouvement et tu comprendras leur peur. Par moments, des réactions vous font croire que vous courez vers la tombe. C’est humain, car personne, même toi, ne veut mourir au cours d’un accident », relève le convoyeur. Entre-temps, un cri se fait entendre. « Vite un sachet, mon voisin vomit ». Ce désagrément nous le vivons au quotidien, ajoute le jeune garçon. Le chauffeur, après un soupir pour montrer toute son exaspération, surgit : « Lorsque tu empruntes ce tronçon avec des personnes dont tu as la responsabilité de leur vie, c’est toujours avec une certaine peur. A chaque minute tu te demandes si tu vas rentrer le soir. Parce que tout peut arriver à tout moment». Le chauffeur Mahamadi Ouédraogo renchérit : « On veut bien rendre service, mais pas au péril de la vie, et celle des passagers, on finira par arrêter nous aussi si rien n’est fait». Pour le jeune chauffeur, ce ne sont plus des nids-de-poule mais de vrais trous susceptibles de vous envoyer dans le décor. Autre véhicule, même réalité. Dans le minibus, couramment appelé « Dina », le calvaire est indescriptible. La peur de se faire renverser dans le jeu de dribble des trous est plus vivace. Le conducteur du car avec plus de 20 personnes à bord se joue des trous et des crevasses à vous faire sortir l’âme du corps. Entre les trous et les croisements « sans règle », la peur de la mort atroce est à son comble. « Tous les jours, on prie Dieu pour que le véhicule ne te lâche pas en pleine conduite. Sinon, c’est la catastrophe pour tous les occupants…», martèle ce conducteur. Pour lui, cette route est extrêmement mortelle pour les nouveaux conducteurs et les adeptes de la vitesse. Car, poursuit-il, en homme avisé, il faut savoir qu’on ne peut pas éviter tous les trous. « De deux maux, tu choisis le moindre mal. Si des véhicules tombent à longueur de journée, c’est parce que les gens veulent éviter le maximum de trous tout en faisant la vitesse. Là, vous avez mille et une chances de vous casser les dents», dit-il, le regard braqué. Pour lui, sur ce tronçon, chacun feinte les trous et les véhicules pour arriver à destination.

L’initiative du ministère des Infrastructures mal comprise ?

La souffrance des populations n’a pas laissé les autorités insensibles. En attendant la réhabilitation annoncée par les autorités en 2017, des actions sont en vue pour résorber temporairement le calvaire des usagers. Pour le directeur régional des infrastructures de l’Est, Kassoum Démain, les appels d’offres pour les points à temps (le fait de boucher les nids-de-poule) sont presque terminés. « L’appel d’offres a été lancé, le dépouillement a été fait et la commission technique a fini son travail. Il ne reste que la publication d’ici là…». Le directeur régional entrevoit le début des travaux courant début décembre 2016. Nonobstant cette démarche, le ministère des Infrastructures avait voulu, dans l’urgence, soulager les populations, mais l’initiative est morte avant terme. « Face à l’urgence, le ministère a dépêché un bulldozer du centre de formation professionnelle pour aider à boucher les trous. Mais dès son arrivée à Koupèla, les techniciens se sont heurtés au refus de l’enlèvement de la terre pour l’opération, avant même la commune de Gounghin. Un refus qui résulte d’une histoire de taxe sur les agrégats. Finalement, le bulldozer est parti ailleurs sans pouvoir rien faire», regrette M. Demain, le regard triste. Pour lui, les communes doivent jouer aussi leur partition pour soulager les populations et les usagers. « Je lance un appel aux élus pour leur implication. Sinon, si une autre saison de pluies vient nous trouver dans cet état, la situation sera dramatique pour la population qui souffre», a averti le directeur régional.


Moussa CONGO
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