Les acteurs économiques burkinabè étaient aux urnes, le dimanche 13 novembre 2016, pour choisir les élus consulaires à la Chambre du commerce et d’industrie (CCI-BF). A l’occasion, le ministre en charge du commerce, Stéphane Sanou est allé s’assurer du « bon déroulement » d’un scrutin sous haute surveillance.
11 545 électeurs ont été invités, hier dimanche 13 novembre 2016, à élire les 151 représentants consulaires à la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF), sur 354 candidats. Cette élection à Ouagadougou était placée sous haute surveillance. Pour la circonstance, la Compagnie de sécurité républicaine (CRS), la police nationale et la gendarmerie nationale se sont «fortement» mobilisées. Avant d’accéder aux sites des bureaux de vote, le passage à travers le « scanneur » des soldats est obligatoire pour tous. Le porte-voix des commerçants au sein du gouvernement, Stéphane Sanou est venu constater de visu l’administration du scrutin. Aux environs de 8h, il arrive sur le site de la Maison du peuple de Ouagadougou, qui abrite six bureaux de vote. Dans le bureau de vote n°3, la présidente Claire Compaoré, se veut rassurante. «Nous avons ouvert à 6h, tout se passe bien. Jusque-là, nous n’avons pas encore rencontré de problème. Les gens viennent voter», dit-elle. A l’arrivée d’un électeur, son équipe et elle s’assurent qu’il n’a pas encore voté. Puis, elles lui remettent un bulletin. Ce dernier va dans l’isoloir. De retour, il présente «la feuille» à Mme Compaoré qui vérifie qu’il n’en possède qu’une seule. L’électeur est ensuite invité à glisser son bulletin dans l’urne. «Après avoir signé et plongé le doigt dans l’encre indélébile, on met le cachet estampillé «a voté» sur le verso de la carte d’électeur», a ajouté Claire Compaoré. Le gérant de l’entreprise SOGEBAF, Amadou Frédéric Darga a subi cet exercice, à 8h20, au bureau de vote n°1 de l’Ecole des professions commerciales-SITARAIL. Après deux ans de délégation spéciale, souligne-t-il, c’est un «ouf de soulagement» pour une Chambre de commerce «sans manipulation». Ce scrutin, selon lui, se tient dans la «transparence» et augure de bons auspices pour «l’avenir de l’économie nationale». Ici, également tout va pour le mieux, selon les termes de Mamady Zongo, observateur. Mais dans le bureau de vote n°2, à un jet de pierre, le président, Arouna Rouamba, a noté le cas d’un électeur qui avait du mal à se retrouver : «Sur sa carte, c’était mis bureau n°1. Nous lui avons demandé gentiment de repartir là-bas. Il y a effectivement retrouvé son nom». L’autre bémol, ce sont ceux qui se sont présentés avec des procurations sans les pièces d’identité des titulaires. «A part cela, tout est réuni, le matériel est disponible, la sécurité est présente», laisse-t-il entendre.
Le bureau de vote des «grands électeurs»
De SITARAIL, le cap est mis sur la Maison de l’entreprise. Là, est disponible un seul bureau de vote, celui des «grands électeurs». Deux candidats, Apollinaire Compaoré, PCA de Telecel Faso et Mahamadi Sawadogo dit Kadhafi PDG du Groupe SMAF, y ont accompli leur devoir civique. Bien d’autres «poids lourds» de l’économie nationale, tels Adja Maïmounata Velegda, ancienne présidente de la Chambre du commerce du Centre-Est, Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank International, Elise Julien Ouédraogo, vice-président du Conseil national du patronat y ont voté, entre 9h et 12h. Le président du bureau de vote, Raphaël Kaboré souligne «le bon déroulement» du scrutin depuis 6 h du matin. Toutefois, il suggère que pour les prochaines élections, «les listes électorales soient établies par sous catégories», pour éviter les pertes de temps liées à la recherche des noms des électeurs.
Le processus a débuté depuis le 1er août dernier et le président de la Commission d’organisation des élections consulaires, Bernard Gnessa Zougouri, dit avoir travaillé d’arrache-pied pour réussir ces élections. «Il y a eu beaucoup de remous et de contestations, mais nous avons pris le soin d’expliquer tout le processus. (…) Aujourd’hui, c’est le bout du tunnel», soutient-il. Et ce, parce que les acteurs du monde économique ont privilégié l’intérêt général de la Chambre du commerce. Le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, Stéphane Sanou admet un démarrage «timide» des opérations de vote, à l’issue de sa visite. «Ce scrutin est une apothéose (…) qui augure un bel engagement des opérateurs économiques à avoir leur Chambre de commerce maintenant (…), une institution issue de vote libre et inclusif», affirme-t-il.
Les bureaux de vote ont fermé à 18 h et les membres ont procédé aux dépouillements des bulletins. Selon le chronogramme établi, les résultats provisoires seront disponibles dans 72h. Après publication, la justice recevra et traitera les recours qui lui seront soumis. Les résultats définitifs sont prévus dans une semaine. In fine, les 151 élus consulaires se réuniront pour élire le président de la Chambre de commerce.
Djakaridia SIRIBIE
Quelques candidats à la présidence de la Chambre de commerce s’expriment :
1. Apollinaire Compaoré, candidat catégorie services : «C’est Dieu qui connaît le favori»
«Je suis content d’avoir pu voter et je pense que tout le monde pourra voter. C’est la démocratie, je suis prêt à respecter les résultats. On va commencer à préparer l’élection du président et s’il plait à Dieu je vais gagner. Je ne me considère pas comme un favori, c’est Dieu qui le connaît et moi je compte sur lui. Je ne suis pas plus que les autres, mais en matière d’expérience et de savoir-faire, je suis leur aîné dans tous les domaines. Ma priorité, ce sont les jeunes et les femmes. J’en appelle à l’union des acteurs économiques».
2. Mahamadi Sawadogo, candidat catégorie Commerce : « Que le meilleur gagne»
«C’est un sentiment de joie et de satisfaction d’avoir accompli un devoir civique. Ce matin, le vote concerne les membres consulaires et c’est par la suite qu’on élira le président de la Chambre de commerce. Je suis candidat dans la sous-catégorie grand commerçant. Il y a deux autres, et je souhaite que le meilleur gagne. Je lance un appel à la sérénité, au calme, à la cohésion, et que tout le monde puisse accompagner ceux qui seront élus pour mener à bien leurs missions. Je pense personnellement que les élections ont été bien organisées, nous n’avons pas noté d’incidents, et je tiens à féliciter les organisateurs».
3. Safiétou Lopez, candidate catégorie Industrie : «Moi, je n’ai pas confiance»
« C’est comme si j’avais soumissionné à un marché, et j’attends les résultats. La seule différence est qu’on veut prendre trois jours pour donner ces résultats. A chaque élection consulaire, on allait voter à la Chambre du commerce. Cette année, on a tout changé. Il y a le fait qu’on a refusé les enveloppes inviolables de la CENI et préférer des enveloppes kaki. Pourtant, celles-ci se trouvent dans toutes les boutiques de la place. Quelqu’un peut déchirer et y mettre quelque chose. Ils peuvent toujours changer l’enveloppe, moi je n’ai pas confiance. Depuis le début, on sent qu’il y a un cafouillage et c’est ce qui continue. Prendre trois jours pour donner les résultats des élections consulaires, alors que les élections présidentielles avec toute leur ampleur, on a eu les résultats en une journée. A partir de ce soir-même, les résultats pouvaient être disponibles ».
Propos recueillis par D.S.