Le thème central du SIAO 2016, « Artisanat africain, entrepreneuriat féminin et protection sociale », fait l’objet d’échanges au cours d’un atelier, du 31 octobre au 3 novembre, à Ouagadougou. Aux premiers jours, plusieurs communications ont été faites pour élucider les concepts d’entrepreneuriat féminin et de protection sociale des artisans.
L’une des ambitions de la XIVe édition du SIAO est de trouver des stratégies visant à faire davantage du secteur de l’artisanat, un pilier important du développement socio-économique des Etats africains. Depuis le lundi 31 octobre, et ce jusqu’aujourd’hui jeudi 3 novembre 2016, des experts du domaine, venus d’horizons divers, sont en réflexion dans la capitale burkinabè afin d’aboutir à des propositions concrètes pour une meilleure valorisation du métier d’artisan. Les deux premiers jours de travaux ont suffi aux participants pour mieux appréhender les notions d’entrepreneuriat féminin et de protection sociale des artisans. Ainsi, il est ressorti des communications que l’entrepreneuriat féminin renvoie à toute initiative privée des femmes dans le cadre d’activités génératrices de revenus. Quant au concept de protection sociale des artisans, il englobe tous les mécanismes qui peuvent aider les artisans à mieux gérer des risques sociaux tels que l’invalidité, le chômage, la vieillesse et à réduire la vulnérabilité et la pauvreté de ceux-ci. En termes de perspectives, les participants ont relevé la nécessité pour les Etats africains de subventionner les activités des artisans et de créer des fonds spéciaux pour accompagner le monde artisan. En outre, d’autres recommandations ont été faites dans l’objectif d’une véritable intégration des artisans dans les mécanismes de protection sociale. Il s’agit, d’une part, de sensibiliser tous les artisans à souscrire à l’assurance volontaire et, d’autre part, à créer plus de mutuelles sociales, tout en incitant les artisans à y adhérer massivement. Dans la mesure où la gent féminine occupe une place prépondérante dans le secteur artisanal partout en Afrique, la directrice générale de l’agence nigérienne du Salon international de l’artisanat pour la femme (SAIFEM), Mariama Amadou, s’est réjouie du thème de la XIVe édition du SIAO qui place la femme artisane au cœur des débats. Elle a, ainsi, salué la qualité des échanges à l’occasion de ces assises. « Les thématiques qui ont été proposées aux débats sont pertinentes et bien pensées, car elles prennent en compte les préoccupations du monde artisan, notamment de l’artisanat féminin », a-t-elle apprécié. Elle a, également, affirmé que si le système des micro-finances pour soutenir l’activité des artisans existe déjà dans les pays de l’espace UEMOA, il reste cependant que ces crédits restent inaccessibles, eu égard aux conditions d’octroi qui sont des plus intransigeantes. Et de renchérir que : « même si les banques ouvrent leurs portes aux femmes artisanes, les critères ou les conditions d’octroi des crédits ne sont pas de leur niveau. C’est pourquoi nous insistons sur l’institution de micro-finances, tel un mécanisme plus fluctuant, simple et simplifié qui pourrait aider les artisanes à fonder leurs entreprises et à écouler facilement les produits ».
Réorganiser l’artisanat par filière
La représentante du Congo-Brazzaville, Dominique Dumont, elle, a lancé un cri du cœur aux autorités : « Nous invitons les pouvoirs publics à inclure davantage l’artisanat dans leurs programmes, car ce secteur est devenu aujourd’hui un véritable pourvoyeur d’emplois et, sur cette base, participe indéniablement au développement socio-économique de nos différents pays. Nos autorités doivent se rendre compte que l’activité manuelle est aussi importante que le travail intellectuel », a-t-elle martelé. Selon le secrétaire général du ministère de l’Artisanat et du Tourisme du Mali, Elmedi Agamati, les pouvoirs publics doivent prendre à bras-le-corps le secteur de l’artisanat. « Il est urgent pour les Etats africains de réorganiser le secteur artisanal par filière, à travers des organisations professionnelles fortes, des chambres de métiers fortes. Ce qui permettra de porter le lobbying au niveau des organisations sous régionales telles que l’UEMOA, la CEMAC, la CEDEAO, et même la Commission économique pour l’Afrique », a-t-il dit. Il est, par ailleurs, convaincu que le développement des pays africains passe nécessairement par la petite entreprise, relevant que : « l’économie locale est animée par les petites entreprises et principalement celles artisanales avec une présence forte des femmes et des jeunes ».
Joanny SOW