Le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré, a organisé une conférence de presse hier 27 octobre à Ouagadougou. Devoir de redevabilité oblige, il l’a voulue pour faire le bilan de l’organisation du pèlerinage à la Mecque édition 2016, en partant des réunions préparatoires aux difficultés rencontrées sans oublier les missions en Arabie Saoudite. D’une manière globale, le ministre de tutelle des ‘’Cultes’’ évoque des motifs de satisfaction, salue l’ensemble des acteurs impliqués et espère certainement que des leçons seront tirées dans l’optique de parfaire les éditions futures.
Dans l’accomplissement du cinquième pilier de l’islam, environ deux millions de fidèles musulmanes et musulmans convergent chaque année à la Mecque. Pour l’édition 2016 au Burkina Faso, ils étaient 5500 pèlerins dans les starting blocks. Neuf d’entre eux, préalablement enregistrés, n’ont pas pu effectuer le déplacement sur l’Arabie Saoudite pour raison d’accidents, de maladies ou de décès.
Pour le reste, 300 ont voyagé par vols réguliers au regard de leurs situations administratives ou professionnelles qui ne leur permettaient pas de séjourner pendant longtemps avec le programme des vols charter. Ceux-ci ont été affrétés par la compagnie saoudienne FlyNas qui a convoyé sur les lieux saints de l’Islam 3704 pèlerins à partir de Ouagadougou (8 vols) et 1487 en partance de Bobo-Dioulasso (3 vols). La moyenne d’âge des désormais El hadj (63% de l’effectif total) est de 55 ans tandis qu’elle est de 54 ans chez les hadja qui représentent 37%. Le plus âgé des pèlerins chez les hommes a 88 ans contre 86 chez les femmes.
Dans les deux catégories, le pèlerin le moins âgé a 22 ans. Pour ce qui est du suivi sanitaire des voyageurs, l’Etat burkinabè, selon les propos de Simon Compaoré, a dépêché une équipe médicale officielle forte de douze personnes dont trois médecins. Ces derniers ont été appuyés par les agents de santé engagés par des agences de voyages (38 pour l’année 2016).
Il ressort des statistiques fournies par l’équipe médicale qu’il y a eu 6960 consultations, 39 cas référés dans des hôpitaux saoudiens. L’équipe a par ailleurs noté cinq décès (quatre hommes et une femme) qui ont tous été enterrés à la Mecque. Un chiffre en baisse comparativement au hadj 2015 où il eut 19 décès par suite de maladies.
Des difficultés rencontrées dans l’organisation
Tout le long du processus d’organisation du hadj, l’on retient essentiellement quatre points au titre des difficultés. Elles sont liées aux demandes tardives de délivrance de passeports, de la dualité des règles juridiques et des procédures applicables au hadj (partie saoudienne et burkinabè). Exemple, Riyad a imposé une compagnie saoudienne pour le transport de 50% au moins des pèlerins alors que la loi burkinabè fait obligation d’un appel d’offres en la matière.
A ces entraves s’ajoute le non-respect des directives du comité de suivi par certaines agences de voyages. Pour preuves, certaines agences de voyages n’ont pas communiqué, à temps, la liste des pèlerins au comité de suivi pour que celui-ci les transmette aux services aéroportuaires. A l’aller comme au retour, le service chargé de pesage des bagages a donc eu des difficultés pour exécuter son contrat. Un autre aspect non moins important est la différence de régime alimentaire si bien que les pèlerins burkinabè n’appréciaient pas toujours le repas qui est cuit sur place.
Qu’à cela ne tienne, le ministre de tutelle des ‘’Cultes’’, Simon Compaoré, estime qu’il y a des motifs de satisfaction parce que toutes les parties prenantes ont travaillé de concert pour la prise des différentes décisions. « L’organisation du hadj n’a pas été l’affaire d’une personne ou d’un groupe. Toutes les grandes décisions ont été prises de manière collégiale», affirme-t-il.
La satisfaction du comité de suivi et de l’ensemble des acteurs est due au fait que le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, et du gouvernement ont consenti « une contribution exceptionnelle » de 1,119 milliard de francs CFA. Chose qui a permis de résoudre les problèmes nés des événements de 2015 (putsch manqué), mais aussi des frais aéroportuaires qui devraient normalement être pris en compte, ce qui porterait le coût du billet d’avion à plus de deux millions au lieu de 1 167 360 F CFA.
Ce qui n’a pas marché par rapport à la hausse du quota
Le ministre Simon Compaoré anticipe dans la réponse d’une question qui lui sera certainement posée. Cette question est relative au supplément de passeports que le comité demande chaque année.
«Pour certains hadj, on donne des billets gratuits, cette année ce n’est pas qu’on a oublié de demander, on l’a fait, on nous avait promis mais finalement on n’a pas eu, c’est simple comme bonjour. Il y a des bruits qui ont couru que les Saoudiens n’étaient pas contents parce qu’on a mis des gens qui ne sont pas musulmans dans le comité… c’est archifaux, s’il y a quelqu’un qui n’est pas musulman, c’est celui qui vous parle, je ne suis d’ailleurs pas du comité, je coordonne, c’est pour savoir comment ça se passe, pour rendre compte et faire les réglages qui s’imposent au niveau administratif. Si ce sont des aspects liés à la religion, la FAIB (ndlr : Fédération des associations islamique du Burkina) est là.
Mieux, dit-il : «Si on était pas en odeur de sainteté avec les autorités saoudiennes, le roi en personne n’allait pas se déplacer pour accueillir dans son palais le palais le président Kaboré». Sur la négociation de la hausse du quota, Simon Compaoré dit qu’il était là quand le chef de l’Etat en parlait au fils du roi.
« Cela a été noté avec la promesse de l’étudier et de nous revenir. On a attendu en vain la réponse par le biais de l’ambassade, du ministère des Affaires étrangères. Le président, en son temps, a parlé de requêtes que nous avons transmises aux autorités saoudiennes, mais il ne présageait pas du résultat», indique-t-il. « Des candidats malheureux au hadj ont manifesté à Bobo-Dioulasso, qu’en est-il exactement ? ». A cette préoccupation, le comité d’organisation décline toute responsabilité et estime que le problème se situe du côté des agences de voyages qui ont dû enrôler des personnes au-delà du quota fixé à 5500 candidates et candidats.
« L’agence qui n’a pas pu inscrire le pèlerin dans ce quota devrait dire à l’intéressé qu’il n’est pas dans le contingent de cette année mais s’il faut attendre la veille pour le lui dire, cela va forcément causer problème. Sinon dès qu’on atteint les 5500, la machine se bloque». Du régime alimentaire, il n’est pas non plus question de déléguer des cuisiniers au Faso pour qu’ils se rendent à Riyad pour nos compatriotes. Il s’agit tout simplement d’une imposition de l’Etat saoudien qui fait en sorte que les recrutements de ces personnes se fassent sur place.
Aboubacar Dermé