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Insurrection populaire: il y a deux ans, la marche des spatules
Publié le samedi 29 octobre 2016  |  FasoZine
L`ancien
© AFP par Sia Kambou
L`ancien président burkinabè, Blaise Compaoré, le 26 juillet 2014 à Ouagadougou




Le soulèvement populaire qui a entrainé la chute de Blaise Compaoré en 2014 a été marqué par de nombreux épisodes. L’un d’entre eux était la marche que les femmes ont organisée le lundi 27 octobre 2016, spatules en main, pour signifier leur opposition à la modification de l’article 37 de la Constitution afin de sauter le verrou de la limitation des mandats et permettre à Blaise Compaoré de briguer un nouveau mandat. Voici le compte-rendu que Fasozine avait fait de cet évènement inédit.

«Contre l’article 37: les femmes manifestent malgré l’interdiction de la mairie

Spatules en main, des femmes, membres d’associations et de partis politiques, ont bravé l’interdiction faite par la marie pour manifester dans l’après-midi de ce 27 octobre 2014 au centre ville de Ouagadougou. Elles comptaient ainsi protester contre la révision de l’article 37 et attirer l’attention sur les dangers qu’elle fait planer sur la paix au Burkina Faso.

A la télévision nationale ce midi, le maire de la commune de Ouagadougou, Marin Ilboudo, qui jugeait la manifestation illégale, avait prévenu : « Nous allons prendre les dispositions pour que cette marche n’ait pas lieu ». Les manifestantes qui devaient partir de l’entrée de la Maison du peuple pour rejoindre le rond-point des Nations Unies. Mais la police avait mis un dispositif en place pour barrer la route.

Après avoir marqué un temps d’arrêt devant les CRS et brièvement échangé avec eux, le cortège de femmes armées de spatules -pour symboliser la gravité de la situation- dépasse le cordon de sécurité des forces de l’ordre comme si de rien n’était. Dans la foule, on entend une femme dire qu’une mère « manifeste son mécontentement en brandissant une spatule, même le chef de famille sait que l’heure est grave.»

Les policiers, qui regardaient faire, embarquent aussitôt dans leurs véhicules pour aller se poster un peu plus loin, derrière le rond-point que les protestataires rallient. Là, elles tiennent leur meeting comme prévu. Du message lu par Saran Sérémé, une des organisatrices, on peut retenir que les mères « tiendrons pour responsable le président Compaoré de la dégradation de la paix et de la concorde sociale dont il est le garant ».

Les députés, appelés à se pencher sur le projet de loi contesté, doivent également avoir un « sursaut salvateur » en refusant de voter pour le projet de loi. « Femmes du Burkina, notre victoire dépendra de notre détermination et de notre sagacité à vaincre pour la patrie », lance la principale oratrice du jour, accompagnée par les sifflets et autre youyous.

A la fin de la manifestation, Marie Madeleine Somda, la présidente du Collectif des femmes pour la défense de la Constitution, s’est montrée satisfaite : « même si c’était cinq femmes qui étaient sorties, l’objectif est atteint », dit-elle.

Elle ajoute: «Ici, l’objectif c’est d’interpeller le président Blaise Compaoré. Lui que nous avons élu n’a pas respecté sa parole, son serment et retiré son projet de loi pour instaurer la paix au Burkina Faso. Il en train de créer une crise qui n’en est point. C’est une fausse crise. S’il aime son pays comme lui-même le dit, qu’il retire son projet de loi.»

A aucun moment, assure t-elle, les femmes n’ont été impressionnées par le dispositif policier : « Pour nos enfants, nous sommes prêtes à tout. Tout ce que nous faisons, c’est pour eux. Si demain il n’y a pas de paix au Burkina Faso, les enfants et les femmes seront les premières victimes. Nous allons braver la répression pour arriver à nos fins. »

En attendant, ces femmes, qui ont regagné leur point de départ sous les applaudissements de commerçants riverains, promettent de se mobiliser massivement demain pour assurer le succès de la marche meeting de l’opposition.

DTS
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