Il faisait partie des meilleurs sifflets quand il était en activité. Aujourd’hui, il poursuit sa carrière professionnelle en tant que consultant indépendant en gestion de l’eau et de l’environnement. Même s’il l’a arrêté, à 59 ans Ousmane Diallo n’a pas rompu avec l’arbitrage, loin s’en faut. En effet, depuis 2015 il est le président de l’Union nationale des arbitres de football du Burkina Faso (UNAF-Burkina), dont il est l’un des membres fondateurs. C’est justement de cette structure secouée par une crise qu’il nous parle de long en large et, selon lui, les hostilités ne peuvent pas finir avec leurs camarades de la CCA tant que ceux-ci ne reviendront pas à de meilleurs sentiments, cela dans l’intérêt général des arbitres.
Que devenez-vous depuis que vous avez arrêté l’arbitrage ?
Vous savez, on ne peut pas faire carrière dans l’arbitrage toute sa vie. Aujourd’hui, je poursuis ma carrière professionnelle, c’est-à-dire mon métier de tous les jours. Vous n’êtes pas sans savoir que je suis ingénieur du génie hydraulique avec un MSC en sciences de l’environnement. Après avoir servi mon pays pendant 18 ans, j’ai poursuivi ma carrière au niveau international. Je suis présentement consultant indépendant en gestion de l’eau et de l’environnement.
A quand remontent vos premiers pas dans l’arbitrage ?
C’est en 1979 que j’ai commencé à m’intéresser à l’arbitrage. A l’époque, j’étais étudiant à l’Ecole nationale d’ingénieurs (ENI) de Bamako, au Mali et j’avais pour amis Sidi Becaye Makassa et Moussa Kanouté, tous deux anciens arbitres internationaux maliens. Dans nos causeries, le sujet de l’arbitrage revenait souvent et un jour nous sommes allés nous inscrire au cours d’arbitrage après avoir, bien entendu, déposé une demande. J’ai eu mon premier grade (arbitre de district) cette même année. Quand je suis rentré au pays en 1983 après mes études, j’ai poursuivi l’arbitrage en gravissant tous les échelons : arbitre de ligue en 1984, arbitre fédéral en 1988 et arbitre international en 1989. Après des stages d’arbitres FIFA au Togo et au Burkina, j’ai officié au niveau international plusieurs matches de série A dans le cadre de l’UFOA, des matches des clubs champions, des vainqueurs de coupe, des éliminatoires de la CAN et celles de la Coupe du monde en hommes et en dames, dans le cadre des activités de la CAF et de la FIFA. Ma dernière année dans l’arbitrage c’était en 1995, quand j’ai décidé d’aller poursuivre des études en sciences de l’environnement aux Pays-Bas Je dois vous dire qu’un an auparavant, nous avions ressenti le besoin de créer l’Union nationale des arbitres de football du Burkina Faso (UNAF-Burkina). C’était en août 1994 et j’avais été élu secrétaire général, donc le premier à ce poste et Yacouba Ouédraogo, notre ancien, président.
Quels souvenirs gardez-vous de votre passage dans l’arbitrage ?
Des souvenirs merveilleux ! Ça ne s’oublie pas. J’ai aimé l’arbitrage car, c’était une passion pour moi. Je l’ai exercé du mieux que je pouvais, même si bien à un certain moment je faisais face à des difficultés, tout comme mes autres collègues.
Elles étaient de quelle nature ?
Vous doutez bien que tout n’est pas rose sur un terrain de football (rires). Les difficultés sont essentiellement liées à l’exercice du métier sur le terrain. Le rôle de l’arbitre sur la pelouse est de départager les deux équipes en présence sur la base des lois du jeu et des règlements des compétitions. Et vous savez bien que personne ne veut perdre. Il arrive que la défaite d’une équipe soit imputée à l’arbitre, d’où les comportements violents, sur les plans physique et moral, dont il est parfois l’objet. Mais on comprend que la défaite est difficile à accepter puisqu’il s’agit de passion. Je dois aussi reconnaître que dans ma carrière, il m’est arrivé de commettre des erreurs, n’étant pas infaillible. Il m’est arrivé d’entendre dire que je roulais soit pour l’ASFA-Y, soit pour l’EFO ou même pour le RCK. Certains supporters, parfois même des dirigeants, cherchent des connexions entre les clubs et les arbitres. De toutes les façons, à l’époque je sifflais sans état d’âme et j’ai toujours mis un point d’honneur à respecter les lois du jeu (la lettre et l’esprit) et à rester équidistant des équipes en présence afin que celui qui mérite la victoire puisse l’emporter, conformément à l’esprit du football. Je crois que les gens ont fini par comprendre que je n’étais pas forcément celui qu’on penserait. Malheureusement, ça arrive plus tard et ça ne passe pas partout.
Y a-t-il eu des matches au cours desquels vous avez été victime d’agression ?
Bien sûr, et à plusieurs reprises. Tenez, je me rappelle que lors d’un match du championnat national qui opposait le BPS à l’ASFA-Y, l’équipe locale (BPS) avait perdu (1-2). Les deux formations étaient, à un moment, à égalité (1-1). Vous savez, à Koudougou, avec un tel score nul, quand la balle sort du terrain c’est tout un calvaire pour qu’elle y revienne. En outre, le BPS ne jouait plus correctement, histoire sans doute de gagner du temps. C’est ainsi que j’ai fait jouer les arrêts de jeu, au cours desquels l’ASFA-Y a inscrit son 2e but. A la fin du match, des supporters m’ont mis K.-O. et j’ai même failli perdre mon œil gauche. Il y avait des éléments de la police, mais en nombre insuffisant. Ils n’ont donc rien pu faire pour contenir la foule et contenir la furie de ceux qui avaient réussi à m’approcher. J’étais debout et à force de recevoir des coups, je suis tombé (rires). C’est avec un œil au beurre qu’on m’a conduit à l’hôpital et le lendemain à Ouaga, je suis allé à l’hôpital Yalgado pour un contrôle. Ce n’était pas grave ; la preuve, j’ai toujours mes deux yeux aujourd’hui. Au stade municipal Issoufou-Joseph-Conombo de Ouagadougou (ex-stade municipal), j’ai aussi eu un problème similaire lors d’un match entre l’EFO et le RCK. C’est grâce à la protection des militaires que j’ai pu quitter le terrain sans dommages. Enfin, j’étais aussi parfois menacé en ville quand certains remarquaient ma voiture mais cela n’est jamais allé loin, il faut le reconnaître.
Après tout cela, n’avez-vous pas eu, à un moment donné, envie d’arrêter l’arbitrage ?
Non, pas vraiment ! Il faut d’abord savoir soi-même que cette activité comporte des risques. Il faut également admettre que les plaintes des supporters ne sont pas toujours forcément négatives. L’arbitre doit accepter de se remettre en cause, chercher à comprendre pourquoi et comment telle situation est arrivée et en tirer des leçons pour s’améliorer. Ma famille m’avait même demandé de quitter le milieu de l’arbitrage pour éviter qu’il m’arrive quelque chose de grave. Mais quand on aime une chose, on n’abandonne pas facilement. J’ai réussi à la convaincre et c’est ainsi que j’ai poursuivi cette activité jusqu’en 1995.
Aujourd’hui, vous êtes le nouveau président de l’UNAF. Depuis quand êtes-vous à ce poste ?
Je dirige cette structure depuis janvier 2015, cela à l’issue d’une assemblée générale qui s’est tenue à Fada. Mes collègues ont porté leur choix sur ma modeste personne compte tenu de la léthargie dans laquelle était l’UNAF-B qui, plus est, ne répondait plus aux préoccupations de la majorité des arbitres En fait, le bilan que le Bureau exécutif national (BEN) sortant a présenté a été jugé notoirement insuffisant. Le constat a révélé que la structure n’existait que de nom. Figurez-vous qu’en 22 ans d’existence, il y a eu seulement trois Conseils nationaux qui ont été tenus alors que nos textes en prévoient deux par an. C’était donc un signe de dysfonctionnement évident de l’association, une démission, une faillite collective de l’ensemble du BEN sortant. A l’énoncé des faits, le bureau n’arrivait même plus à se réunir pour discuter des problèmes des arbitres. A cause des intérêts égoïstes, très loin des préoccupations des arbitres, on en était arrivé là. A dire vrai, l’UNAF-B était en hibernation et n’existait plus que sur papier. Quand les participants ont écouté ce sombre bilan présenté par le BEN, ils ont décidé de mettre fin à cette léthargie ainsi qu’au BEN, qui n’était plus que l’ombre de lui-même. Et comme il y avait une lueur d’espoir pour relancer les choses, j’ai accepté la charge de président pour relancer et dynamiser notre association, d’autant que je suis un des membres fondateurs et que je crois toujours en la pertinence de l’existence de l’UNAF-B.
Une association digne de ce nom instaure en son sein une cotisation mensuelle ou par an. A l’UNAF, cette pratique existe-t-elle ?
Avant que j’y accède au poste de président, des arbitres avaient, à tort ou à raison, « démissionné » parce que qu’ils ne voyaient plus en l’UNAF-B l’outil qui leur permettait d’améliorer leurs performances, leurs conditions de travail et même de sécurité sur le terrain ou après les matches. Avec le nouveau BEN, la confiance est revenue. Nos textes prévoient une cotisation annuelle de 4000 F CFA. En outre, il est également prévu une cotisation de match. Nous avons demandé aux arbitres de verser une partie de ce qu’ils gagnent quand ils officient des matches de championnat ou à l’extérieur. Comme vous le voyez, c’est la principale source de revenus de notre association.
Depuis 2014, la Commission centrale des arbitres (CCA) de la FBF, dirigée par notre camarade David Koudougou Yaméogo, a tenté d’imposer un fonds de soutien à l’arbitrage en exigeant une contribution financière des arbitres FIFA chaque fois qu’ils ont à siffler un match international. A l’UNAF-B, nous avons constaté que cette disposition, prévue dans nos textes, a été orientée vers la CCA, au détriment de l’UNAF-B. Du coup, les arbitres disent qu’ils ne peuvent pas cotiser à la fois à la CCA et à l’UNAF-B. Et comme l’UNAF-B ne désigne pas les arbitres pour les matches (c’est la CCA qui en a la responsabilité technique), beaucoup d’arbitres ont préféré aller cotiser à la CCA pour au moins avoir la chance d’être désignés pour arbitrer les matches. Pourtant, au départ, c’était sur la base du volontariat. Un manuscrit datant de février 2014 et signé du président de la CCA était mis en application. Ensuite, en août de la même année, le manuscrit a été transformé en écrit officiel signé par le président de la CCA, David Koudougou Yaméogo. Selon les textes de la FBF, c’est un fonds de soutien au développement de l’arbitrage. Là-dessus, il y a une question que je me pose : est-ce aux arbitres de cotiser pour se former eux-mêmes ? Et c’est là qu’il y a problème parce que auparavant, ce fonds de soutien n’avait pas fait l’objet de débats contradictoires approfondis. A mon humble avis, la question aurait dû être largement débattue, avec la participation de toutes les sensibilités, pour une part prouver la pertinence et la justesse du fonds de soutien, et d’autre part trouver une solution consensuelle et le juste milieu pour la répartition des cotisations entre la CCA et l’UNAF-B. Cette absence de consensus et le refus du dialogue entre les camarades de l’association ont été perçus comme un moyen de pression lors des futures désignations. A l’heure actuelle, certains arbitres cotisent à la CCA mais refusent de le faire à l’UNAF-B. D’ailleurs, beaucoup d’arbitres ne cotisent plus à l’UNAF-B, ce qui a affaibli notre association. Les deux principales questions que les arbitres se posent sont les suivantes : pourquoi certains camarades de la CCA, de surcroît membres du BEN sortant, ont décidé, à cause du pouvoir qu’ils détiennent, d’instituer une contribution obligatoire sachant qu’il revient à la FBF de trouver les moyens pour financer le développement de l’arbitrage ? Quelle a été l’utilisation de ce fonds ? A quelles règles de transparence et d’efficacité répond l’utilisation du fonds ?
La formation des arbitres est-elle du ressort de l’UNAF ?
La formation des arbitres incombe naturellement à la FBF, qui est la structure nationale dédiée au football. Elle le fait à travers la Commission centrale des arbitres (CCA), qui est sa commission technique appropriée. Mais nous avons remarqué depuis toujours que par l’insuffisance de moyens, la formation, l’équipement, la sécurité et la protection des arbitres étaient très insuffisants.
Il faut également savoir que l’UNAF-B est composée d’arbitres en activité et d’anciens arbitres qui apportent leur contribution à l’encadrement et à la formation des arbitres. Compte tenu de cet ensemble de choses, nos statuts prévoient, entre autres objectifs, de contribuer au développement de l’arbitrage, en relation bien entendu avec la CCA. C’est pourquoi nous pensons que l’imposition du fonds de soutien de la CCA n’est pas juste ; pire, il n’y a même pas de bilan. Dieu seul sait s’il y a de la transparence à ce niveau. Donc du point de vue de la formation des arbitres, le rôle de l’UNAF-B est d’accompagner la CCA dans la formation des arbitres. La CCA devrait alors ouvrir le débat, avoir une attitude d’inclusion et créer les conditions d’un débat quant aux objectifs et modalités de formation des arbitres, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.
A vous suivre, on ne parle pas le même langage à l’UNAF-B et à la CCA, et cela nous rappelle le désaccord entre les journalistes sportifs en 2000.
C’est courant dans la vie d’une association. A l’UNAF-B, la crise que nous avons vécue et qui se poursuit provient de deux camarades : le président sortant, Yacouba Ouédraogo, et David Yaméogo. Le clivage entre ces deux hommes a créé une fracture au sein de notre association. Du coup, ceux qui gèrent la CCA depuis 4 ans, à tort ou à raison, estiment que certains arbitres et anciens arbitres sont pour Yacouba Ouédraogo. Cette situation a eu des conséquences sur l’avenir arbitral de certains camarades. Par exemple, Alain Ouédraogo et Innocent Saba n’ont pas réussi à poursuivre leur carrière d’arbitre international. Certains arbitres sont aussi brimés parce qu’ils sont membres de l’UNAF-B et le montrent assez clairement. A la CCA, on considère qu’ils sont des « hommes » de l’ancien président Yacouba Ouédraogo, ce qui n’est pas prouvé. Voyez-vous, tout cela ne fait qu’exacerber la situation déjà exécrable. Depuis que je suis aux commandes de l’UNAF-B, je prône l’entente, la réconciliation et le rassemblement. Du reste, malgré les attaques du président de la CCA, nous n’avons posé aucun acte qui montre que nous sommes contre nos camarades de la CCA ou que nous les empêchons de faire leur travail. Mais le contraire s’est produit à plusieurs reprises à travers des écrits dans des journaux, et nous avons fini par réagir pour rectifier les choses et donner notre point de vue afin que le public sportif puisse faire la part des choses.
On sait que Boureima Balima, le directeur de campagne du colonel Sangaré pour la présidence de la FBF, avait été mandaté pour trouver un compromis entre l’UNAF-B et la CCA. Les choses se sont-elles arrangées aujourd’hui ?
Avant l’assemblée générale de Fada en janvier 1995 il n’y avait aucun problème dans la mesure où le BEN de l’UNAF-B n’était plus en mesure de défendre les arbitres. La CCA y trouvait son compte car elle gérait les arbitres avec condescendance et de manière critiquable. C’est après la mise en place du nouveau BEN que certains membres de la CCA ont refusé de reconnaître le nouveau BEN. Ils ont trouvé le moyen de dire que le nouveau BEN était du camp de Yacouba Ouédraogo, ce qui voulait dire que le BEN que je préside est contre la CCA. Lors de la présentation du nouveau BEN au président de la FBF, il y a eu une réaction épidermique et impulsive de certains membres de la CCA qui ont dit ne pas reconnaître le nouveau BEN. Pour eux, nous avons été élus de façon illégale. Nous leur avons répondu que le renouvellement du bureau avait été conforme aux statuts et règlement intérieur de l’UNAF-B et qu’en plus le nouveau BEN était légitime aux yeux des membres de l’UNAF-B. Avec de tels comportements, les hostilités ne peuvent pas finir si les choses restent en l’état.
Les arbitres dont vous parlez n’étaient-ils pas à l’assemblée générale de Fada ?
Une partie des membres de la CCA ont boycotté l’UNAF-B et ont constitué une entrave à son fonctionnement à cause de la « bagarre » entre Koudougou David Yaméogo et Yacouba Ouédraogo. Je rappelle que c’est sur la pression de certaines sections de l’UNAF-B, en l’occurrence celles de Tenkodogo et de Fada N’Gourma, que le président Yacouba Ouédraogo a été contraint de convoquer l’AG de Fada. Cela a coïncidé avec le début de la CAN 2015 en Guinée équatoriale et certains membres de la CCA étaient absents. Or, les textes de l’UNAF-B sont clairs : en cas d’absence, vous avez la possibilité d’établir une procuration afin d’être représenté. C’est ce que certains membres de l’UNAF-B comme Drissa Modeste Sessouma et Lassina Paré, respectivement secrétaire général et 1er vice-président du nouveau BEN, ont fait. Ils étaient, eux aussi, en Guinée équatoriale. Les autres, eux, ne voulant pas que l’AG se tienne, ils n’ont pas pris les mesures nécessaires pour se faire représenter avec des procurations. Le président de la CCA a écrit au BEN sortant (dont lui-même était membre) pour lui dire de ne pas tenir l’AG. Mieux, il a envoyé ou fait envoyer des messages aux différentes sections pour qu’ils boycottent l’AG de Fada. Certaines sections comme celles de Koudougou et Ouahigouya ont donc effectivement boycotté l’AG de Fada. Mais conformément aux textes, l’AG a été tenue et le renouvellement du bureau a été décidé en assemblée générale souveraine après avoir écouté et apprécié le sombre bilan présenté par le BEN sortant. Quand on pratique la politique de la chaise vide, on n’a pas à se plaindre après. Les absents sont même allés plus loin en menaçant de créer une autre association d’arbitres. Plus tard, le président de la FBF ayant flairé le danger d’un corps arbitral divisé, il a initié une médiation et nommé un médiateur. Avec l’intervention du médiateur, un accord a été trouvé et les camarades ont finalement reconnu le nouveau BEN de l’UNAF-B (le communiqué issu de la médiation l’atteste). Mais comme cela ne pouvait pas résoudre tous les problèmes, l’UNAF-B a recommandé et obtenu la mise en place d’un cadre de concertation pour poser les problèmes et tenter d’aplanir les divergences. Théoriquement, les choses se sont tassées mais le comportement de certains camarades de la CCA n’est pas rassurant. Tenez, l’UNAF-B a été invitée à la dernière AG de la FBF tenue à Fada. Mais la CCA a bloqué délibérément la lettre d’invitation de l’UNAF-B pour l’empêcher d’y prendre part.
Il y avait donc une volonté manifeste de la CCA de montrer que l’UNAF-B n’était pas un représentant crédible des arbitres. La suite, on la connaît ; le président de la CCA était tout à son aise pour crucifier l’UNAF-B. Nous avons encaissé le coup pour ne pas faire de vagues et éviter un bras de fer qui aurait pu avoir un impact sur le déroulement du championnat. La conclusion, c’est que la CCA se place dans une logique d’affrontement avec l’UNAF-B, ce que nous cherchons à éviter. Il apparaît clairement qu’il y a des calculs de positionnement pour la présidence de la CCA avec le renouvellement en perspective du comité exécutif de la FBF. A l’évidence, Koudougou David Yaméogo tient coûte que coûte à rester à son poste de président de la CCA pour pouvoir gérer les arbitres comme bon lui semble. A l’UNAF-B, nous ne sommes pas contre, mais nous disons qu’il faut désormais assurer une gestion correcte de l’arbitrage et compter avec l’UNAF-B. C’est pourquoi, pour le renouvellement du comité exécutif de la FBF en novembre 2016, nous allons procéder à la désignation des représentants des arbitres sur les différentes listes des candidats potentiels.
Est-ce la FBF qui choisit des arbitres pour la CCA ?
Elle le fait toujours et c’est son droit le plus absolu. Nous ne pouvons pas nous imposer, mais à voir l’évolution des choses aujourd’hui il est préférable pour l’arbitrage et le football que la CCA soit dirigée par un ancien arbitre international qui a fait ses preuves sur les plans national et international, qui a une expérience suffisante et qui présente les qualités d’un meneur d’hommes, permettant à chacun d’exprimer son potentiel et d’évoluer selon son mérite. La FBF, je le répète, tels que les textes sont rédigés, est libre de faire son choix et peut même faire appel à un juriste ou à un économiste qui n’a jamais pratiqué l’arbitrage. D’ailleurs, dans le temps, Claude Nassouri et le colonel Jean Simporé (paix à leurs âmes) ont géré la CCA et ça fonctionnait, malgré certaines difficultés liées à leur méconnaissance de la pratique de l’arbitrage. Ce n’est donc pas nouveau, bien que nous ne soyons pas satisfaits d’une telle solution
Les frères Paré sont d’anciens arbitres internationaux bien connus au Burkina et ailleurs. Aujourd’hui, Lassina est vice-président de l’UNAF-B et le second (Losséni) est le directeur du département arbitrage, un des patrons de la CCA. On dit qu’il y a un froid entre eux. Qu’en pensez-vous ?
Ce sont des frères jumeaux qui ont beaucoup travaillé pour arriver au plus haut sommet de l’arbitrage. Ils ont du mérite et à la CAF, on dit beaucoup de bien d’eux. Ils se ressemblent tellement qu’on a du mal à les distinguer. Effectivement, ils sont dans deux camps différents et la crise entre l’UNAF-B et la CCA impacte leurs relations. En tant que président de l’UNAF-B, ça me fait mal parce que moi qui vous parle, ma mère a eu trois fois des jumeaux. Je connais donc leur état d’esprit et leurs conditions. C’est triste que cela soit arrivé à cause de l’égoïsme de certaines personnes. Il nous faut raffermir les liens de ses frères jumeaux qui étaient les meilleurs arbitres, à un moment donné, du Burkina. Après eux, pour être franc, il n’y en a pas vraiment sur place actuellement. Avant eux, on peut citer Ousmane Diallo, Yacouba Ouédraogo, Mamadou Ouattara, dit Ressort, et des anciens comme Yardia Thiombiano.
Vous le savez sans doute, il est prévu en novembre prochain le renouvellement du bureau de la Fédération burkinabè de football (FBF). A l’UNAF-B, compte-t-on y jouer un rôle ?
Les arbitres sont un corps à part et, en principe, nous ne sommes pas concernés par le vote. Mais nous serons là pour nous assurer que le volet arbitral sera géré par celui que l’UNAF-B va proposer à la nouvelle équipe élue. Nous souhaitons même qu’il soit le président de la CCA, et peu importe que sa composition soit ouverte à d’autres personnes qui ne sont pas du corps arbitral.
Entretien réalisé par
Justin Daboné