Les attaques perpétrées par les bandits armés dans le village de Kerboulé le mardi 18 octobre dernier ont occasionné le déplacement des populations du village ce dimanche 23 octobre 2016. Convoyés dans deux camions, et composées de femmes et d’enfants, ces populations ont trouvé refuge au haut-commissariat de Djibo, en attendant d’être délocalisées.
Ils sont plus d’une centaine de personnes pour la plupart des femmes et d’enfants qui ont quitté le village de Kerboulé suite à l’attaque des bandits armés le mardi 18 octobre dernier ayant occasionné quatre morts et un blessé grave qui a succombé deux jours après au CHR de Ouahigouya. Ils sont arrivés à bord de deux camions affrétés par des gens de bonne volonté.
Ils sont nombreux qui ont fui la localité pour se réfugier à Djibo et environnants laissant tout derrière. A leur arrivée, ils ont trouvé refuge dans l’enceinte du haut-commissariat. Le visage dégoulinant de sueur, marqué par la désolation et la fatigue, Halimatou Kindo, affaiblie par le trajet, est mère de huit (08) enfants dont trois sont scolarisés à l’école primaire du village.
«Nous résidons dans ce village depuis plus de quinze ans. C’est toute notre vie que nous avons abandonnée. Je ne souhaite plus revivre cette situation donc j’ai quitté pour préserver ma vie et celles de mes enfants. Depuis l’attaque nous ne dormions plus, nous vivions avec la peur au ventre. A chaque bruit de moto, les enfants courent dans tous les sens en criant au secours. Ils sont traumatisés. « Pour notre retour, ce n’est pas nous qui décidons, car demain si les autorités trouvent des gens pour nous sécuriser, nous allons rebrousser chemin. Nous ne sommes pas contents d’être refugiés en traînant nos baluchons dans notre propre pays. »A-t-elle ajouté.
Illyassa Porgo est élève en classe de CE2, assis sur une brique, souhaite repartir à l’école. «Je suis content d’être en vie. Je veux que la paix revienne dans mon village pour que je reprenne le chemin de l’école», a-t-il dit tout mécontent. «Nous avons fui pour échapper aux bandits, car ils sont imprévisibles et peuvent apparaître à tout moment. Ce n’est pas la première fois qu’ils s’en prennent à nos maris et ça ne sera pas la dernière si toutefois la sécurité n’est pas de mise. Ils ont l’habitude de dépouiller nos pauvres maris sans les exécuter», a indiqué Safiata Bélèm.
Pour elle, c’est la raison qui a fait mettre en place les Kolgwéogo dans le village. La venue des groupes d'autodéfense n’a pas rencontré l’assentiment des autorités. « L’arrivée des groupes d’autodéfense nous avait beaucoup soulagés. Voilà qu’ils sont partis et on nous tire dessus. Où est la loi dans ça, nous a-t-elle demandé.
Hamado Porgo, la trentaine sonnée, vit à Kerboulé depuis plus de dix ans. « J’ai accompagné les femmes et les enfants pour les mettre à l’abri du danger que nous courons chaque jour. Nous sommes venus ici sans prévenir les autorités dans l’espoir qu’elles pourront nous apporter de quoi vivre pendant notre séjour. Depuis que nous sommes arrivés, aucune autorité ne nous a rencontrés. Nous allons passer la nuit sur le parking du haut-commissariat pour attendre le matin», a-t-il affirmé. Hamado souhaite l’implantation d’un poste de sécurité dans le village afin qu’ils puissent continuer leurs activités d’orpaillage. « Nous ne savons rien faire d’autre que l’orpaillage. Nous sollicitons des autorités de trouver une solution à notre problème », a-t-il plaidé.
Harouna Abdoulaye Nass