La communauté burkinabè en Allemagne, notamment l’Association des ressortissants burkinabè en Rhénanie-Du-Nord-Westphalie (NRW) a vu le jour le 23 aout 1986 dans la ville de Bonn en Allemagne. Et pour marquer d’une pierre blanche ce 30e anniversaire, l’actuelle présidente de l’association, la journaliste Ramata Soré et les membres de ladite communauté, ont réuni le 8 octobre 2016 plusieurs personnalités, sympathisants et témoins de cette amitié germano-burkinabè qui dure depuis trois décennies au cours d’une soirée de partage. La question de l’immigration a été au cœur des débats avec la projection du film documentaire « Réussir ou périr, rester ou partir ? » du cinéaste burkinabè Bernard Yaméogo.
La soirée d’échanges et de partage s’est déroulée le samedi 8 octobre 2016 dans la ville de Bonn. Musique, dégustation de mets locaux made in Burkina Faso, mise à l’honneur du Faso Dan fani ont constitué les grandes articulations de cette rencontre de l’association que dirige pour deux ans, la journaliste Ramata Soré. Les convives, plus d’une centaine, n’ont pas manqué d’effectuer le déplacement pour commémorer trente ans d’amitié.
Etaient présent à cet anniversaire: l’ambassadeur du Burkina Faso en République fédérale d’Allemagne, Simplice Honoré Guibila, le maire de la ville fédérale de Bonn représenté par le maire Gabriele Klingmueller, l’ancien ambassadeur d’Allemagne au Burkina Faso, Dr. Michael Schmidt, consul du Burkina Faso en Allemagne, le Vice-Président et Trésorier du corps consulaire en Allemagne, Klaus-Dieter Wolf, et de nombreux sympathisants de l’association.
Cette initiative et les activités de l’association ont été saluées par ces personnalités. L’ambassadeur du Burkina Faso en Allemagne a remercié la présidente de l’association pour tous les efforts réalisés allant dans le cadre de la promotion de l’amitié entre les deux pays. Il n’a pas manqué de traduire sa reconnaissance aux autorités allemandes pour l’hospitalité offerte à ses compatriotes.
Médecin militaire au Sud de l’Allemagne
« Quelles que soient nos différences et nos divergences, l’appartenance à la même patrie, le Faso, devrait être suffisamment prégnante pour nous réunir et nous faire œuvrer dans l’intérêt supérieur du Burkina Faso en Allemagne. C’est ainsi que nous administrerons la preuve à tous ici, en Allemagne, que nous méritons vraiment notre identité de « burkinabè », c’est-à-dire d’homme intègre ! J’invite tous les Burkinabè vivant sur le territoire allemand à se regrouper au sein d’associations crédibles et viables pour mieux exprimer leur solidarité et défendre leurs intérêts, dans la tolérance et la discipline. Discipline et respect des lois de ce pays, non seulement pour mieux marquer notre « burkinabité », mais aussi pour mériter respect et considération de la part des Allemands qui nous accueillent avec beaucoup d’hospitalité sur leur sol », a fait remarquer l’ambassadeur Simplice Honoré Guibila.
Le Maire Gabriele Klingmueller, adjointe et représentant le maire de la ville fédérale de Bonn a pour sa part reconnu la richesse et la portée d’une association comme celle des ressortissants burkinabè en Rhénanie-Du-Nord-Westphalie. « Les associations de migrants comme le vôtre inspire et soutient de bonnes initiatives dans leur pays d’origine tout en enrichissant le débat. Votre approche différenciée nous donne une nouvelle perspective sur la riche culture de votre beau pays, mais aussi sur la politique et la société au Burkina Faso et ici en Allemagne également», a-t-elle souligné.
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La présidente de l’association, Ramata Soré a signalé pour sa part la participation remarquable des ressortissants burkinabè en Allemagne. Les cas de Feu Dr Issoufou Joseph Conombo et de Frédéric Guirma ont été cités en exemple car selon elle, en plus de faire le bonheur de leur pays d’origine, les Burkinabè en Allemagne peuvent faire aussi le bonheur de leur pays d’accueil. « Dr. Issoufou Joseph Conombo, ancien Premier ministre de la Haute-Volta, a été médecin militaire au Sud de l’Allemagne en 1946. En 1946, il y avait soigné la population de Wurmlingen et cela juste après la deuxième guerre mondiale. Dans ce village, les vieillards se souviennent toujours de lui. Tout comme leurs petites-filles et petits-fils. Le Burkina Faso a soutenu l’autodétermination de l’Allemagne de l’Est. En octobre 1962, au siège des Nations Unies à New York, le diplomate Frédéric Guirma, le premier représentant permanent du Burkina Faso, ancien Haute Volta, aux Nations Unies, dans un franc parlé, a fustigé l’Union soviétique qui empêchait l’autodétermination des Allemands de l’Est en construisant le mur de Berlin. Mur que l’Ambassadeur Frédéric Guirma, avait qualifié de Mur « pour cacher leur honte ».
Lien fort
Et pour matérialiser « ce lien fort » entre le Burkina Faso et l’Allemagne, l’association a souhaité planter dans la ville de Bonn « l’Arbre du Burkina Faso ou l’Arbre de la Fraternité entre le Burkina Faso et l’Allemagne ». Idée qui a été acceptée par les autorités communale de la ville. Donc d’ici quelques jours, cet arbre sera mis sous terre à la Rheinaue.
Au cours de ces festivités, outre l’exposition d’objets d’art et artisanaux -sac, vêtements, chaussures et de produits du Burkina Faso : mangues séchées, biscuits de pain de singe-, le buffet a permis aux invités de déguster du haricot au riz, du tô sauce gombo, les crêpes de haricot, etc.
Et pour joindre l’utile à l’agréable, la question de l’immigration a été le principal sujet de discussion de la soirée et a été l’objet d’un débat. Une projection suivie de débats sur le documentaire « Réussir ou périr, rester ou partir ? » du cinéaste burkinabè Bernard Yaméogo « a permis de s’interroger sur la nécessite pour les immigrants de rester dans leur pays d’accueil ou de repartir dans leur pays d’origine vu les conditions parfois inhumaines dans lesquelles ils vivent en Europe ».
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Le producteur et le réalisateur du documentaire, Bernard Yaméogo, a expliqué que s’il s’est intéressé à ce sujet, c’est pour démythifier l’illusion de l’Eldorado en Europe. « Témoin de la situation des immigrés en centre de rétention en Allemagne et en Suisse, j´ai même dormi dans une cellule d’un compatriote pour vivre et écouter les histoires personnelles. Beaucoup souffrent pour l´obtention des papiers et le travail. D´autres ayant les papiers souffrent de l´insertion et l´adaptation. Les rêves du départ se brisent face à la réalité. Pour beaucoup, on y est, donc on affronte. Pour d´autres, pas question de repartir à la maison sans rien. Pour dire quoi ? Face à cela, je me suis dit : qu´est-ce qu’il faut laisser comme message d´encouragement et de solutions pour ceux qui veulent repartir ? Capitaliser les expériences du savoir, du savoir-faire et de la gestion de la terre d´accueil et les ré-exploiter dans son propre milieu. Cela pourrait arrêter l´hémorragie de l´immigration qui fragilise l´économie et le développement local», a conseillé M. Yaméogo.
Migration
A l’issue de la projection, les participants ont apprécié la thématique et de l’avis du Dr Andrea Riester, experte en questions de migrations au Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), le réalisateur a montré que la migration peut toujours servir à quelque chose. « La migration a toujours existé et va toujours exister. La question n’est donc pas comment l’arrêter, mais comment mieux la gérer ? La migration peut faciliter l’échange entre les êtres humains et sert à mieux se connaître – pourvu qu’il y ait de bons contacts et de l’intégration», estime-t-elle.
En somme, selon les organisateurs de cet anniversaire, « Ces festivités permettent de voir la Communauté burkinabè comme étant une source pouvant fournir des informations de première main sur l’immigration en Allemagne, les questions d’intégration, et également sur les perspectives d’un engagement actif au Burkina Faso et en Allemagne ».
Après cette célébration, il se tiendra bientôt en Allemagne le « BurkinaTag » ou la Journée du Burkina à Frankfurt. Cette manifestation qui se veut la tribune de la culture burkinabè en Allemagne est l’idée de Gustave Sawadogo, Burkinabè vivant en Allemagne. A l’issue des festivités, des médailles et des certificats ont été remis aux premiers présidents de l’Association.
Notons que l’Association a été créée le 23 août 1986 à Bonn comme fruit de la volonté de pionniers (Robert Tapsoba, Charles Tapsoba, Roger Zongo, Idrissa Kaboré) qui ont uni leurs forces et ont porté plus loin les Burkinabè et par-delà le Burkina Faso.