Le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, a animé, le lundi 24 octobre 2016 à Ouagadougou, une conférence de presse sur la Conférence des partenaires du Burkina Faso sur le financement du Plan national de développement économique et social (PNDES).
Le Burkina Faso organise en collaboration avec la Banque mondiale les 7 et 8 décembre 2016 à Paris, une Conférence des partenaires du Burkina Faso sur le financement du Plan national de développement économique et social (PNDES). Ce nouveau référentiel national des interventions de l’Etat et de ses partenaires sur la période 2016-2020 est estimé à près de 15 mille 400 milliards de F CFA. Il est prévu pour être financé essentiellement par la mobilisation des ressources internes à hauteur de plus de 63% et par un recours aux partenaires et investisseurs extérieurs pour le besoin de financement évalué à 5570 milliards de F CFA, soit 36% du coût du PNDES. Le gouvernement se déplacera donc au bord de la Seine avec un objectif précis : mobiliser les 5570 milliards de F CFA pour compléter les ressources propres de l’ordre de 10 mille milliards environ en vue d’assurer une croissance économique suffisamment forte pour lutter efficacement contre la pauvreté. Au cours des échanges avec les journalistes le 24 octobre 2016, le Premier ministre a affiché un optimisme à toute épreuve quant à l’atteinte de cet objectif. Paul Kaba Thiéba entend mettre à profit cette table ronde pour présenter aux investisseurs, la vision et les orientations du Burkina Faso pour atteindre ses objectifs de développement, les réformes structurelles en cours pour permettre de réussir la mise en œuvre du PNDES. A cet effet, la réévaluation positive de B-stable à B- assortie d’une perspective positive de la note souveraine du pays par Standard and Poor’s, le récent gain de 6 places supplémentaires dans le rapport Doing Business et « la confiance renouvelée » du FMI et de la Banque mondiale seront des arguments de taille, selon le Premier ministre, auprès des bailleurs de fonds.
S’endetter uniquement pour investir
Le chef du gouvernement s’est prêté aux questions, interrogations et doutes des hommes des médias sur la possibilité de mobiliser plusieurs milliers de milliards dans un contexte sécuritaire qui est celle du Burkina Faso, de même que la capacité d’absorption de cette manne financière jamais égalée par l’économie nationale.
Pour certains intervenants, l’objectif « ambitieux » de mobiliser plus de 15 mille milliards de F CFA n’est tout simplement pas « réalisable » selon l’avis, semble-t-il, d’éminents professeurs d’économie.
D’autres ont demandé à savoir si les pontes de l’ancien régime « qui sont des investisseurs potentiels » auront les garanties nécessaires pour s’associer au financement du PNDES ? Sur la question sécuritaire, le Premier ministre a d’abord indiqué que, sans vouloir minimiser la situation actuelle, le terrorisme est un phénomène mondial loin d’être « une singularité » burkinabé.
Il a, ensuite, appelé les uns et les autres « à ne pas céder à la panique » en assurant que le gouvernement a pris ses responsabilités pour que tous puissent vaquer à leurs occupations dans la quiétude. « Quiconque souhaite investir au Burkina Faso est le bienvenu.
On n’a pas besoin de savoir la coloration politique de quelqu’un. La construction d’un pays est une œuvre patriotique », a déclaré Paul Kaba Thiéba à propos des investisseurs potentiels issus du régime déchu. Il a aussi déploré « le défaitisme » et « le manque d’ambition » de ceux qui prétendent que la mobilisation de plus de 15 mille milliards de CFA est irréalisable et constituerait « un échec-programme ».
Le Premier ministre a saisi l’occasion pour réexpliquer que la philosophie qui constitue le fil conducteur de tous les prêts qui seront contracter dans le cadre du PNDES est de « s’endetter pour investir, pas pour consommer ».
A ce sujet, le pays parait avoir de la marge avec un taux d’endettement actuel de 29% pour un plafond de 70%. Paul Kaba Thiéba a reconnu que la problématique de l’absorption des fonds est bien fondée et que son gouvernement a pris les devants en décidant de faire dans « l’anticipation » : chaque ministre a été instruit de constituer les dossiers d’appel d’offres concernant son département au lieu d’attendre que le ministère des Finances lui notifie les crédits qui lui sont alloués.
Mahamadi TIEGNA
mahamaditiegna@yahoo.fr