Soixante-quinze (75) morts et 600 blessés au Cameroun ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Mais rassurez-vous ! Il ne s’agit pas cette fois-ci du bilan d’une attaque terroriste perpétrée par Boko Haram, mais plutôt d’un accident ferroviaire qui a eu lieu le 21 octobre dernier à Eseka, du nom de cette bourgade située à 120 km de Yaoundé, la capitale. Que s’est-il passé exactement ? A ce qu’on dit, le train qui ralliait Douala et Yaoundé, comptait dix-huit wagons, tous pleins à craquer. Cette longueur exceptionnelle de rames est due à l’éboulement d’un pont, survenu dans la matinée du même jour sur la route Douala/Yaoundé et qui a provoqué l’interruption de la circulation. Conséquence : le train a déraillé, dévastant un périmètre de plusieurs centaines de mètres, le long de la voie ferrée. Des cadavres jonchaient les lieux de l’accident, certains écrasés sous les carcasses de wagons, racontent certains témoins, très choqués. C’est le lieu de le dire. L’entretien et la rénovation des infrastructures ferroviaires, en Afrique, s’imposent. Car, la plupart d’entre elles sont des vestiges de l’époque coloniale qui, construits en 1910, se trouvent aujourd’hui généralement dans un état de délabrement très avancé. Si fait qu’en un mois, respectivement le 24 juillet et le 24 août 2016, deux trains-marchandises ont déraillé. Le premier a eu lieu à hauteur de Bouaké en terre ivoirienne et le second à Banfora, au Burkina Faso. Heureusement que, dans ces cas de figure, on n’avait enregistré aucune perte en vie humaine. C’est pourquoi, par l’ampleur des dégâts qu’il a provoqués, l’accident ferroviaire intervenu le week-end écoulé au Cameroun, et qui a endeuillé bien des familles, doit donner à réfléchir à plus d’un. Il faut tirer suffisamment les leçons à tous les niveaux. A commencer par les régies ferroviaires elles-mêmes, qui doivent faire montre de rigueur en évitant, par exemple, les surcharges comme ce fut malheureusement le cas. Car, mieux vaut ne pas satisfaire un passager, que de le laisser embarquer dans un train qui, avant même sa mise en route, donne l’impression que l’occupant a pris rendez-vous avec la mort. Quant aux dirigeants africains, ils doivent mettre un point d’honneur à réfectionner toutes les installations ferroviaires pour éviter que pareil drame ne se répète sur le continent.
Biya était en train de se la couler douce en Belgique, pendant que son pays est en deuil
Certes, un accident, comme son nom l’indique, s’entend toujours comme un événement imprévu, mais comme le dit un adage de chez nous, « avant d’accuser le scorpion, il faut prendre le soin de balayer devant sa cour ». Ce qui n’est pas le cas pour le moment en Afrique où, conscients que les routes ferroviaires jouent un rôle important dans le désenclavement de leur pays, bien des dirigeants ne se montrent pas toujours regardants, préférant parfois se bâtir plutôt des châteaux à Londres ou à Montpellier, par exemple. C’est le cas, par exemple, du président camerounais Paul Biya, dont le pays occupe une place de choix dans le hit parade des nations les plus corrompues, et qui n’en a que faire de la rénovation d’un chemin de fer. Mieux, l’homme était en train de se la couler douce en Belgique, pendant que son pays est en deuil après ce drame sans précédent. Il aura fallu quarante-huit heures plus tard pour que celui-ci rentre au pays.
Boundi OUOBA