Le président du mouvement burkinabè "Citoyen africain pour la renaissance" (CAR) Hervé Ouattara, ex-député sous la transition dit "reconnaitre qu’il y a eu une avancée notable" au niveau "politique et judiciaire", deux ans après le départ forcé de Blaise Compaoré du pouvoir.
"Du point de vue politique, aujourd’hui c’est clair qu’un président ne peut pas imaginer, même dans son rêve, de s’éterniser au pouvoir", a affirmé M. Ouattara pour qui "la redevabilité est devenue la chose la mieux partagée au Burkina" et "que (les) dirigeants doivent rendre compte à tout moment de leur gestion".
Au niveau judiciaire l’ex-député sous la transition se réjouit du fait qu’"aujourd’hui on ne peut plus tuer quelqu’un comme avant et se permettre de brader l’économie du pays sans rendre compte".
Deux années après les manifestations violentes qui ont poussé M. Compaoré à la démission et à l’exil, le président du CAR Hervé Ouattara dit constater "que l’économie (du pays) a du mal à bouger et qu’il y a quand même des difficultés".
"Mais ce qu’il faut retenir, est que, rare sont les pays qui ont vécu ce que nous avons vécu et qui tiennent toujours débout", a-t-il dit souhaitant qu’on "reconnaisse qu’il y a quelque chose de bien à ce niveau et que maintenant les gens doivent oser pour qu’on puisse aller véritablement vers cet élan économique".
Pour lui, "ce qui est regrettable c’est la fracture sociale qui devient de plus en plus grande". "Quelque part on a l’impression qu’il y a des gens qui sont venus aussi pour se venger et non peut-être pour aider le président Roch Kaboré à avancer dans son programme de développement et du coup au niveau social, nous avons cette question de réconciliation qui peut être un problème", a-t-il expliqué.
"En dépit de tout ça nous devons avoir à l’esprit que la vérité est une impérative pour notre pays et la réconciliation une nécessité afin que nous puisons être tôt ou tard citer comme un exemple pour les autres nations", a conclu Hervé Ouattara.
Les 30 et 31 octobre 2014, de violentes manifestations ont éclatées contre un projet de loi portant modification de la Constitution burkinabè en vue de permettre à M. Compaoré de briguer un cinquième mandat, adopté le 21 octobre 2014 en Conseil des ministres.
La répression de ces manifestations ont fait une trentaine de morts et des centaines de blessés.
Aujourd’hui, l’ex-Premier ministre Luc Tiao est incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou pour avoir signé "une réquisition complémentaire spéciale" pour être exécuté par le Chef d’Etat major général des Forces Armées du Burkina, à l’époque Honoré Nabéré Traoré, dans le but "de prêter le concours des troupes nécessaires pour empêcher par la force, les troubles à l’ordre public", "vu les menaces graves de trouble à l’ordre public au plan national" le 30 octobre 2014.
DZO