Les membres du Syndicat national des taximen et transport urbain du Burkina (SNTTUB) ont organisé un sit-in hier 20 octobre 2016 à Ouagadougou. Prévu initialement pour se tenir devant les locaux du ministère des Transports, ce sit-in s’est cantonné à la Bourse du travail. De là, une délégation forte d’une vingtaine de membres a convergé vers ledit ministère où elle a remis une déclaration adressée au premier responsable du département. Le syndicat n’est pas contre la mesure qui abroge l’utilisation du gaz dans les véhicules mais souhaite la compréhension et le soutien financier du gouvernement pour s’y conformer.
Le 30 octobre prochain sera la date butoir accordée par le gouvernement burkinabè aux taximen afin qu’ils n’utilisent plus le gaz butane comme combustible dans les taxis. De fin mars 2016, l’ultimatum a été reporté à fin octobre mais ce deadline arrive inexorablement à échéance sans que la majeure partie des taximen aient pu transformer ou remplacer les moteurs de leurs véhicules dans l’optique de revenir à l’utilisation du gas-oil ou de l’essence. Une transformation qui peut être source de graves risques comme les explosions. La confidence en a été faite par le président du Syndicat national des taximen et transport urbain du Burkina (SNTTUB), Oumarou Kiéma. «Nous ne sommes pas contre la mesure mais la période est vraiment compliquée et si l’Etat veut respecter ce délai de fin octobre, il y aura plusieurs personnes au chômage», relève-t-il. A l’en croire, l’acquisition de certains moteurs pour effectuer le remplacement exigé pourrait nécessiter le million de francs CFA alors que la situation financière des membres ne s’y prête pas. Il évoque notamment la morosité de l’activité économique que connaît le pays et l’instant marqué par la rentrée scolaire avec son corollaire de dépenses. Le Syndicat dit être conscient de l’étendue des autres doléances soulevées çà et là mais estime tout de même que «si l’Etat le veut, il peut faire quelque chose ». «Nous demandons au gouvernement de nous laisser du temps et s’il peut nous aider à acquérir des moteurs afin de procéder au changement, ce sera la bienvenue ou encore il nous accompagne à renouveler le parc automobile», explique Oumarou Kiéma en faisant certainement allusion à l’exonération des droits de douane et de la TVA. Dans la quête de solutions envisageables, il cite ensuite le cas de pays voisins qui composent avec le gaz en s’accommodant de mesures précises. Oumarou Kiéma cite comme exemple la Côte d’Ivoire où l’Etat fixe une taxe annuelle aux taximen désireux d’utiliser le gaz. Au Ghana également, dit-il, les kits de gaz sont subventionnés par l’Etat, quand bien même il ne s’agirait pas du même type de gaz. Loin de refuser d’appliquer la mesure d’interdiction, le président du SNTTUB et ses pairs souhaitent que l’ultimatum soit renvoyé à 2017, chose qui permettra à chacun de se préparer conséquemment. Pour s’adresser au gouvernement, une déclaration similaire à un cahier de doléances a été remise au ministre des Transports via son secrétaire général.
Aboubacar Dermé