Le chef de l’Etat burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, a été reçu par le pape François dans sa bibliothèque privée, au Vatican, dans la matinée du jeudi 20 octobre 2016. A l’issue du tête-à-tête entre les deux hommes d’Etat, une délégation de dix personnes, dont des représentants de communautés religieuses du « pays des Hommes intègres », a pu s’entretenir avec le souverain pontife.
Le point d’orgue de la visite du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, au Vatican, a été, sans conteste, l’audience à lui accordée par le pape François. A son arrivée dans la cité du Vatican, le jeudi 20 octobre 2016, le chef de l’Etat burkinabè a eu droit aux honneurs dignes des hôtes de marque du souverain pontife. Honneurs militaires de la Garde suisse, puis escorte par les « gentils hommes » à travers les couloirs de la résidence Saint Damasse jusque dans la bibliothèque privée du pape, le président de l’Etat du Vatican. Après avoir été introduit par le Nonce apostolique, les deux chefs d’Etat ont eu un entretien à huis clos d’un quart d’heure environ. Il s’en est suivi l’audience avec une dizaine de membres de la délégation, dont des représentants des communautés catholique, musulmane et de la chefferie traditionnelle, l’épouse du chef de l’Etat, Sika Kaboré, l’ambassadeur près le Saint Siège, le ministre en charge des affaires étrangères, entre autres. A la suite du chef de l’Etat du Vatican, deux étages plus bas, le président Kaboré s’est entretenu avec le secrétaire d’Etat, l’équivalent du Premier ministre du Vatican, le cardinal Pietro Parola. A la fin des audiences avec les plus hautes autorités de l’un des Etats les plus petits au monde, de par sa taille (seulement 44 ha), mais des plus influents (le Vatican entretient des relations diplomatiques avec 114 sur 129 pays au monde), le ministre burkinabè des Affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabè de l’extérieur, Alpha Barry, a confié à la presse la substance des discussions. « Nous avons discuté de la coopération entre l’Etat du Vatican et le Burkina Faso dans divers domaines. Ces échanges ont permis de fixer le cadre de cette coopération qui sera matérialisé par un accord prochainement», a-t-il laissé entendre. Selon le ministre en charge des affaires étrangères, l’éducation et l’intensification des actions des ONG catholiques, notamment celles de la Fondation Jean-Paul II pour le Sahel, figurent en bonne place parmi les domaines identifiés. « Le président du Faso a souhaité que le pape François et le Vatican puissent lancer encore un appel pour plus de ressources en faveur de la Fondation qui fait un excellent travail dans le Sahel », a poursuivi Alpha Barry. Le ministre Barry a également souligné que la visite, en compagnie des délégués de certaines communautés religieuses, a permis de témoigner de la vivacité du dialogue interreligieux au « pays des Hommes intègres». « Cette particularité de notre pays, l’Etat le plus laïc de la sous-région Ouest-africaine, surtout dans cette période d’exacerbation du radicalisme religieux, est assez chère au pape », a-t-il fait savoir.
Le dialogue interreligieux, une réalité au Faso
En écho aux déclarations du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l‘extérieur, les différents délégués ont, tour à tour justifié leur participation à ce voyage sur les lieux saints du catholicisme, comme le symbole d’une richesse du Burkina Faso. « La tolérance, la compréhension et l’interpénétration entre les différentes communautés, qu’elles soient traditionnelles ou religieuses, sont le soubassement de la paix sociale que nous devons tous préserver », a fait remarquer Naaba Koabga de Kognoudou. Pour le Cheik Sidi Mohamed Koné, sa présence est la preuve que les Burkinabè restent solidaires. « La communauté musulmane souhaite traduire sa disponibilité pour la construction d’une Nation où règnent l’entente, la coexistence intelligente et pacifique entre les différentes composantes de la population », a-t-il souligné. La représentante de la communauté catholique, Bernadette Confé /Ouédraogo, s’est enthousiasmée de cette visite et a formulé le vœu que l’initiative soit réitérée dans d’autres lieux saints comme la Mecque. « Ce sera la preuve qu’il est impératif de travailler main dans la main pour le développement quelle que soit sa confession religieuse », a-t-elle conclu.
Nadège YE
(envoyée spéciale au Vatican)