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Burkina : les petits commerçants souhaitent une "réforme conséquente" de leur secteur, selon un de leurs porte-parole
Publié le mercredi 19 octobre 2016  |  Alerte Info




Les petits commerçants du Burkina Faso souhaitent une "réforme conséquente" de leur secteur afin de booster le monde des affaires qui se porte mal depuis fin octobre 2014 à la suite des violentes manifestations qui ont contraint le président Blaise Compaoré à la démission, selon le premier responsable de l’association Sougrinoma El Hadji Lassané Ouédraogo, dans un entretien à ALERTE INFO.

Qu’est-ce qui vous a motivé à créer l’association Sougrinoma ?

Notre association a été créée en août 2009 dans l’optique de défendre les intérêts matériels et moraux des commerçants qui souffraient énormément. Beaucoup de choses étaient déplacés. C’est pour cela qu’on a donné comme devise à notre association "Civisme et Patriotisme dans le milieu commerçant", afin que les commerçants sachent ce qui est bon pour eux et ce qu’ils peuvent avoir avec le gouvernement. Quand il faut intervenir pour le bien des commerçants, grands comme petits, et celui du gouvernement, nous intervenons. C’est ce qui explique la naissance de l’association Sougrinoma.

Après la reconstruction du marché central de la capitale (Rood-Wooko qui a pris feux en 2004), beaucoup de mesures prises compliquaient la tâche aux commerçants. Chaque matin il y avait des courses-poursuites entre les policiers et les commerçants. Nous avons décidé de sensibiliser nos membres et tout va pour le mieux depuis qu’ils comprennent les enjeux. Je peux même ajouter que de nos jours quand les autorités ont une loi à appliquer ils viennent nous voir pour qu’on sensibilise nos militants à saisir le bien-fondé de la mesure.

De nos jours quelles sont les principales difficultés que rencontrent les commerçants au Burkina ?

On a des difficultés liées à des mesures prises dans la zone de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union économique et monétaire Ouest africaine (UEMOA). C’est principalement la loi portant sur le tonnage du fait que les voies sont en piteux état. Cette mesure touche plus le Burkina, le Mali et le Niger (pays enclavés). Imaginez un commerçant qui chargeait 70 kilogrammes, vous lui dites que c’est un surpoids et qu’il ne doit prendre que 25 Kg, cela est difficile d’autant plus que le coût de la location ne change pas. Et comme je vous l’ai dit, cette mesure par exemple ne préoccupe que les trois pays ci-dessus cités.

Nous pensons qu’on devait plutôt parler de la réhabilitation ou de l’aménagement des voies ralliant principalement ces trois pays et leurs embouchures. Sinon la loi qui a été adoptée va rendre le coût de la vie encore plus cher car le prix des articles va augmenter et ceux qui ne comprennent pas diront que ce sont les commerçants qui ont choisi de façon délibérer de rendre la vie encore chère. Pourtant c’est l’Etat burkinabè qui s’est mis dans des problèmes qui sont préjudiciables à ses populations.

Voulez-vous dire qu’on n’a pas concerté les commerçants avant de prendre ces mesures notamment ici au Burkina ?

Ce que nous savons c’est qu’aucun dialogue n’a été entrepris avec les commerçants. S’il y a eu dialogue peut-être c’est entre eux gouvernants ou gourous. On demande à l’institution internationale (CEDEAO ou UEMOA) qui est responsable de cette loi de savoir qu’il y a des pays qui n’ont pas les moyens et cela fait que leurs populations vont de plus en plus subir le coût de la vie chère si on venait à appliquer de façon stricte cette règle.

Maintenant nos difficultés à l’interne, il faut savoir que le Burkina Faso est un pays qui refuse de reconnaitre qu’il est un pays pauvre. Quand vous prenez par exemple la question des impôts, on devait s’asseoir ensemble en groupe et sous-groupe pour rediscuter des modalités des différentes taxes. On constate que les taxes imposables sont votées par l’Assemblée nationale qui tente de le faire respecter même si les populations sont contre. Or, sur l’application de façon pratique, cela crée de petits problèmes (bobos) dont personne ne veut en être le responsable. Il n’y a aucun Burkinabè qui ne veut pas payer les taxes puisqu’il sait que ça contribue au développement de sa nation.

Mais si les efforts financiers des uns et des autres font que les commerçants ne peuvent pas respecter ces lois, les gens seront réticents et cela est normal. A tout moment les autorités s’adossent à la loi pour augmenter les taxes. Et ce qui est écœurant c’est qu’à chaque fois ils (gouvernants) calquent les lois françaises et veulent les appliquer ici au Burkina sachant que nous n’avons pas les mêmes réalités. Sinon actuellement nous savons que le gouvernement (nouvellement installé après la démission de Blaise Compaoré fin octobre 2014) n’a pas les moyens pour satisfaire les préoccupations des populations. Mais nous souhaitons qu’en ce qui concerne la prise des mesures sur les taxes qu’on associe toutes les couches des commerçants. Nous pensons que si nous sommes concertés, nous avons des propositions intéressantes à faire. Par exemple on peut demander qu’un regroupement de cent personnes du monde informel paie la taxe par groupe. Le gouvernement au lieu d’accompagne notre secteur nous fait de la force.

Pour vous qu’est-ce qu’il faut faire pour résoudre cette situation ?

Il faut carrément faire des réformes conséquentes du commerce. Des reformes sans complaisance. Et nous insistons que ces réformes doivent être inclusives et participatives. Toutes les représentations des commerçants doivent-être associées pour les travaux jusqu’à la conclusion. Le gouvernement qui refuse de nous organiser, nous taxe d’anarchistes. Nous avons pris l’engagement de ne plus accepter la dictature qu’on exerce sur nous. Toute loi calquée de la France ne sera plus automatiquement appliquée aux commerçants.

Pouvez-vous nous éclairez sur le différend qui existe entre les grossistes et les détaillants ?

Dans l’ancien régime (de Blaise Compaoré), il y avait des gens qui ne respectaient aucune loi et il n’y avait rien qui les dérange. C’est pour cela justement que nous demandons des réformes conséquentes. La concurrence est très déloyale du fait de l’inorganisation du secteur des commerçants. On nous taxe d’aimer l’anarchie pourtant c’est faux. Seulement nous sommes délaissés et ce qui est marrant c’est sur nous qu’on compte pour renflouer les caisses de l’Etat.

Par exemple nous amenons des articles de la Chine ou de l’Inde. Les sociétés dans lesquelles nous avons payé les articles, envoient par la suite leurs Représentants ici. Et eux sont exempts des taxes que nous payons. Donc vous voyez que c’est compliqué. Je puisse même vous dire qu’on a confié notre commerce à des expatriés. Cela dit, nous ne sommes pas contre les expatriés puisqu’on a nos compatriotes aussi ailleurs. Seulement nous voulons qu’on assainisse notre secteur. Je ne sais pas si c’est notre ministère de tutelle, la Chambre de Commerce (CMB), le patronat ou la Maison de l’Entreprise qui doit faire les réformes afin que chacun sache se tenir. Nous condamnons fermement le manque de volonté de notre gouvernement d’organiser le milieu des commerçants.

Quelles appréciations faites-vous du renouvellement du parc automobile de l’Etat par l’acquisition de 900 nouveaux véhicules ?

Ce projet nous l’avons su quand il était en marche. C’est à travers vous les médias qu’on l’a appris le jour même de son lancement. Pour nous association Sougrinoma, c’est une aide mal définie. Si le gouvernement aide au renouvellement du parc automobile par l’acquisition de 900 véhicules poids lourds en voulant coûte que coûte appliquer avec rigueur les lois de la CEDEAO et de l’UEMOA en l’état comme je l’ai indiqué, cela rendra la vie encore chère pour les populations.

D’abord les commerçants ne seront plus indépendants quant à la gestion des camions puisqu’ils devront faire ce que le gouvernement veut et non travailler avec ces véhicules selon les réalités du commerce. Et cela parce que les autorités vont exiger le respect scrupuleux du tonnage sur les voies qui n’arrangent pas du tout les commerçants. Il faut plutôt mettre l’accent sur l’aménagement des routes que d’exiger le respect du tonnage.

Quel avis avez-vous sur le nouveau Plan de Développement économique et social (PNDES) qui est le référentiel quinquennal ?

D’abord il n’y a pas eu de respect pour les commerçants en ce qui concerne le PNDES pour le moment. Peut-être que le gouvernement se rattrapera après sinon pour le moment aucune action de concertation n’a associé les petits commerçants. Les opérateurs économiques, mêmes s’ils ont été concertés, ne peuvent pas être les porte-parole des petits commerçants puisqu’ils ne vivent pas nos réalités.

Et puis, vu comment la mise en œuvre de ce plan se dessine, beaucoup d’indice laissent quand même croire qu’il est trop politisé. On dirait que le PNDES est fait pour arranger un parti politique et non le Burkina. Nous demandons aux autorités de tout faire pour ne pas politiser le monde des affaires notamment celui des commerçants sinon ça serait grave pour l’économie du pays qui est en souffrance actuellement. Nous souhaitons qu’on clarifie beaucoup de chose afin de combattre la mal-gouvernance dont la corruption et injustice.


BBO
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