Depuis quelques semaines, le climat social est marqué par une multitude de mouvements de travailleurs réclamant de meilleures conditions de vie et de travail. Ce mardi 18 octobre 2016 à Ouagadougou, face aux organisations syndicales du Burkina Faso, le Premier ministre a rappelé la disponibilité du gouvernement au dialogue. Paul Kaba Thiéba a annoncé la création prochaine d’un cadre permanent de concertation et, a aussi invité les différents ministres à intensifier le dialogue au niveau sectoriel. Le chef du gouvernement a dit qu’il veillera personnellement à ce que ce dialogue sectoriel se tienne et se poursuive.
Cette rencontre d’échanges avec le monde syndical sur la situation actuelle marquée par des grèves des travailleurs, a été voulue par le Premier ministre, après celle tenue le 23 février dernier. Un foisonnement de mouvements syndicaux qui a mis à mal le climat social et qui, pour certains, ne prend pas en compte la réalité économique du pays, a relevé le chef du gouvernement.
Il a affirmé que l’exécutif prend acte des différentes sollicitations, mais souhaite que les doléances tiennent compte du contexte actuel de l’évolution du pays. «Certaines plateformes ne tiennent pas comptes des réalités du pays. Les mouvements ont mis à mal le climat social. Mais j’appelle à la poursuite du dialogue social et responsable», a lancé Paul Kaba Thiéba.
Le Premier ministre a aussi rappelé les acquis en matière de mise en œuvre des engagements du gouvernement vis-à-vis des travailleurs. Il s’agit notamment de la baisse du prix des hydrocarbures et de l’application de la loi 081. «Mon gouvernement a trouvé très peu de ressources dans les caisses certes, mais nous avons recherché 14 milliards 247 millions de FCFA pour faire face à cette incidence», a expliqué Paul Kaba Thiéba.
Tentative de monter la population contre les travailleurs
Pour un dialogue social fructueux et apaisé, Paul Kaba Thiéba a annoncé la création d’un cadre de concertation permanent et la tenue d’un atelier ce 19 octobre (demain mercredi, Ndlr) dans cette optique. Il y a aussi la prochaine rencontre gouvernement/syndicats prévue pour décembre prochain autour du cahier de doléances du 1er mai des syndicats. Il a précisé qu’elle devra permettre de mieux échanger sur les préoccupations des travailleurs et sur les engagements du gouvernement.
Le président du Mois des centrales syndicales, Inoussa Nana, a remercié le Premier ministre pour l’invitation à cette rencontre. Faisant le point du dialogue social tant prôné par l’Etat, les partenaires sociaux ont estimé que le gouvernement ne joue pas franc jeu avec eux.
«Il travaille plutôt à gagner du temps», a relevé le président de la Confédération générale du travail du Burkina Faso (CGT-B), Bassolma Bazié. Il a aussi souligné que les mouvements syndicaux actuels ne sont pas uniquement basés sur les revendications salariales mais plutôt sur des textes adoptés qui n’ont pas été appliqués.
Par ailleurs, les syndicats ont également déploré la façon dont le gouvernement traite les revendications en menant une campagne de désinformation, une tentative de «monter» une partie de la population contre les travailleurs, selon eux.
Poursuivre le dialogue social
Face aux différentes revendications syndicales, le gouvernement Thiéba dit rester ouvert au dialogue et s’est engagé à affronter tous ces maux inhérents à la pauvreté ambiante et qui sont le vécu de bon nombre de concitoyens, a affirmé Paul Kaba Thiéba.
«Le gouvernement ne méconnait pas l’existence de conditions de vie difficiles de nombre de nos travailleurs aussi bien dans le secteur public que dans le privé » a martelé le chef du gouvernement. Il a indiqué que le gouvernement poursuivra le dialogue social, s’attaquera aux questions prioritaires dans le respect de l’équilibre national, dans l’objectivité, la paix et la concorde.
Le gouvernement souhaite que ces préoccupations soient discutées de façon responsable et que toutes les sollicitations soient reversées à la prochaine rencontre gouvernement/syndicats afin de promouvoir leur examen dans la sérénité et la cohérence d’ensemble de toutes les questions du monde du travail.
Ylkohanno Somé