Le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba a rencontré les centrales syndicales, le 18 octobre 2016, à Ouagadougou. Ils ont échangé sur la situation économique et sociale et la politique du gouvernement pour pérenniser le dialogue social.
Le gouvernement veut renforcer le dialogue avec ses partenaires sociaux que sont les syndicats. A cet effet, le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, entouré de quelques ministres, a rencontré les centrales syndicales, dans la matinée du mardi 18 octobre 2016, dans la capitale burkinabè. Trois points étaient à l’ordre du jour : la consolidation de la démocratie, la quête de la justice, la mise en œuvre de la politique économique et sociale du gouvernement à travers le Plan national de développement économique et social (PNDES) et les mouvements sociaux. Selon le chef du gouvernement, l’Etat s’attelle à mettre en place une « bonne » démocratie. Ce, à travers la nouvelle Constitution qui va consacrer la Ve République. Concernant la justice, M. Thiéba a rappelé la volonté de l’exécutif à rendre indépendant le pouvoir judiciaire. Sur la question du PNDES, Paul Kaba Thiéba a exposé les objectifs de l’Etat à instaurer un climat de confiance entre les populations et à développer le pays. Le dialogue social a été le sujet sur lequel, les débats ont été les plus directs et francs bien que le Premier ministre ait précisé qu’il ne s’agissait pas d’une tribune de négociation gouvernement-syndicats. « En dépit de tous les efforts du gouvernement pour faire face à ses responsabilités, ces dernières semaines ont été marquées par des mouvements déclenchés par des syndicats sous des formes multiples et qui ont mis à mal le climat social », a déclaré Paul Kaba Thiéba. Il a, par ailleurs annoncé la reprise du traditionnel dialogue gouvernement-syndicats en décembre prochain. A propos des revendications sectorielles des différents structures syndicales au sein des différents ministères, il a promis d’instruire les ministres concernés afin qu’ils renouent le dialogue avec les syndicats pour trouver des solutions à leurs revendications. « Je suivrai personnellement les dossiers », a-t-il assuré. Pour le président de mois des centrales syndicales, Inoussa Nana, la rencontre a permis de mieux comprendre la politique du gouvernement. Il espère tout de même des réponses claires à leur plateforme au cours des négociations prochaines. De son côté, le secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), Bassolma Bazié a souhaité que les acteurs impliqués dans le dialogue soient francs et honnêtes envers eux-mêmes et le mouvement syndical. « Nous avons signifié au Premier ministre que la qualité du dialogue tant souhaité n’est pas appréciable. Le dialogue social peut être fructueux quand les acteurs impliqués sont sincères, quand ils tiennent parole. Nous avons aussi dénoncé ce comportement du gouvernement qui tend à opposer chaque fois les populations aux travailleurs. Cela démontre une méconnaissance ou une non maitrise des acteurs sociaux qui dirigent le pays », a-t-il dit.
Toutes les revendications ne sont pas salariales
De son avis, l’exécutif ne devrait pas assimiler toutes les revendications du syndicat à des requêtes salariales. Sur cet aspect, M. Bazié s’est fondé sur des manifestations dans certains départements ministériels qui n’ont rien de salariales. Il s’agit des sujets concernant le syndicat des inspecteurs et contrôleurs du travail, des boulangers, des agents licenciés de Bissa Gold, du syndicat du ministère des Infrastructures, du SYNATIC, de l’ONATEL… « Tout n’est pas salarial », a-t-il insisté. A l’écouter, l’Etat doit travailler à mettre la pression sur les entreprises privées qui ont perdu des procès face à leurs agents et qui refusent d’appliquer la décision de justice. Pour ce qui concerne le train de vie de l’Etat, Bassolma Bazié pense qu’autant que les populations consentent des efforts, les membres du gouvernement doivent en faire de même. « Le cas de l’ONATEL où sur 11 milliards de F CFA, l’Etat n’a perçu que 100 millions de F CFA veut dire qu’il y a de l’argent. Si un gouvernement fait des prêts à des anciens ministres, à des anciens députés qui s’élèvent à près de 49 milliards de F CFA, il doit se donner les moyens de les recouvrer. Si des gens ont pillé, il faut faire des audits et punir les auteurs », a martelé le SG de la CGT-B.
Gaspard BAYALA