A l’orée de la 14e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), le coordonnateur du Commissariat général du salon (CGS), Sibiri Sanou nous fait l’état d’avancement des préparatifs et rassure des dispositions prises pour assurer la sécurité. De « belles surprises », selon lui, attendent les artisans.
Sidwaya (S.) : Le 15 septembre 2016, le Commissariat général du salon (CGS) a été installé et vous en êtes le coordonnateur. Quel est le rôle du CGS dans l’organisation du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO)?
Sibiri Sanou (S. S.) : La désignation du coordonnateur est une innovation cette année, pour lui permettre de superviser l’ensemble des commissions qui travaillent pour la réussite de la 14e édition du SIAO. Donc, il me revient aujourd’hui de coordonner les activités au niveau des différentes commissions.
S. : A deux semaines de la manifestation, où en est-on avec les préparatifs du SIAO, prévu pour se tenir du 28 octobre au 6 novembre prochain?
S. S. : Globalement, les travaux des préparatifs avancent de façon satisfaisante, même si au niveau de certaines commissions, on note quelques difficultés. Ce qui me paraît aussi normale. Il faut dire que le CGS a été installé en mi-septembre. Depuis lors, toutes les 16 commissions sont à pied-d’œuvre pour réussir l’édition 2016 du SIAO. Nous venons de finir la 3e réunion du CGS ce soir (11 octobre) et nous notons des avancées significatives.
S. : Est-ce à dire que dans certaines commissions, ça traîne ?
S. S. : Non, pas que ça traine, mais il y a quelques difficultés qui ne sont pas en fait insurmontables. Nous avons surtout invité les différentes commissions à accélérer, ce d’autant plus qu’il ne reste que deux semaines. Mais dès demain (12 octobre), l’ensemble des commissions va se retrouver avec la commission finance pour lever les différents goulots d’étranglement.
S. : Y’a-t-il des pays qui ont confirmé leur participation ?
S. S. : Nous nous sommes fixés pour objectif d’accueillir 25 pays. A ce jour, 21 nations ont confirmé leur venue.
S. : Combien de participants seront du rendez-vous ?
S. S. : Pour ce qui est des participants, nous attendons 3 000 artisans, 250 acheteurs professionnels, 300 000 visiteurs grand public, 500 journalistes.
S. : A cet effet, les badges pour les acheteurs, les journalistes et autres, sont-ils déjà disponibles ?
S. S. : Le système d’accréditation qui va nous permettre d’avoir des badges et des tickets d’accès au site est prêt. A la date d’aujourd’hui, nous n’avons pas confectionné les badges pour la simple raison que certaines personnes font des corrections sur leur liste. Il s’agit de ceux qui s’étaient inscrits en 2014, aussi bien les journalistes que les artisans. Nous leur avons demandé d’actualiser leur liste, certains se sont exécutés et la base de données a été aussi actualisée. C’est-à-dire qu’à ce jour, si nous voulons confectionner pour les journalistes nous pouvons le faire. Pour les artisans, c’est le même système. Avec le peu d’artisans que nous avons enregistré cette année du fait que la majorité s’était déjà inscrite en 2014, nous avons une base de données fiable. Nous avons rappelé les principaux artisans de 2014 pour avoir la liste actualisée de leurs accompagnants, beaucoup se sont exécutés, mais ils en restent qui ne l’ont pas fait. Dans le même souci de pouvoir économiser sur le coût de production, parce que plus on s’approche de l’effectif-demandeur de badges, plus on rentabilise. C’est un nouveau système qui va réduire les cas de fraude. Il a une capacité de production de 2 000 à 3 000 badges par jour. Tout dépendra de nous. Pour un effectif de 12 000, nous avons 6 jours pour faire l’entièreté des badges. Sur cet aspect, il n’y a pas d’inquiétudes à se faire.
S. : Plus de 300 000 visiteurs sont attendus, combien devra-t-on débourser pour avoir accès au site ?
S. S. : Pour la présente édition, le prix d’entrée est de 500 F CFA pour les pavillons ventilés et de 1 000 F CFA pour ceux climatisés. Les visiteurs peuvent aussi acquérir un « badge permanent », pour toute la durée du salon avec la modique somme de 10 000 F CFA. Cette année, grâce à notre partenaire Airtel, il y aura des points de vente des badges et des tickets hors du SIAO. Cette disposition va faciliter la vente et l’accès au site.
S. : Quel est le budget de l’organisation du SIAO? Est-il bouclé ?
S. S. : Le budget n’est jamais bouclé pour nous, puisqu’il est ambitieux. Mais cela ne nous empêche pas de réussir l’organisation de l’évènement sur certains points-clés. L’Etat du Burkina a fait un effort énorme pour assurer la subvention habituellement versée au SIAO. Compte tenu des questions sécuritaires, l’Etat a fait un effort supplémentaire de 92 millions de FCFA pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Au total, le gouvernement a mis 442 millions de F CFA dans la cagnotte. Nous avons entrepris des démarches, soumis des requêtes pour combler le besoin complémentaire de 158 millions F CFA, parce que notre budget est de 600 millions de FCFA. Les partenaires vont apporter une partie, le SIAO même en tant que structure de l’Etat à travers ses ressources propres générées grâce à la location des stands va compléter la différence. Avec certains partenaires, l’accompagnement est déjà réel, mais d’autres tardent à concrétiser.
S. : Quelle est la particularité de cette édition ?
S. S. : En 2014, pour des raisons que vous savez déjà, l’édition n’a pas pu se tenir. Si bien que l’édition de 2016 se présente comme un grand défi pour notre pays, ce d’autant plus que le SIAO est en train de connaître des manifestations plus ou moins similaires dans de nombreux pays africains. Ce qui doit nous amener à innover davantage pour faire face à cette situation qui s’apparente à une certaine concurrence. De ce point de vue, il y a des innovations qui seront mises en œuvre. On peut citer la mise en place de point d’information dénommé point « i » dans les pavillons et d’autres endroits stratégiques du SIAO. Cette fois, la réduction de nuisances sonores par l’installation d’une unité autonome de sonorisation pour l’animation de la restauration du site sera une réalité. Fini donc le tintamarre insupportable du fait des animations des restaurateurs. Une des innovations du SIAO 2016 concerne l’amélioration du système d’accréditation à travers la création de guichets accessibles de l’extérieur. Pour cette édition, chaque région pourra avoir un stand pour exposer ses potentialités culturelles et autres, grâce à l’institution des pôles de régions du Burkina. On a renforcé l’utilisation des moyens modernes de paiement des tickets sur le site du SIAO. Dans le contexte sécuritaire actuel, l’acquisition des portiques de sécurité et le renforcement de la vidéo-surveillance vont permettre de renforcer la sécurité. Il faut également signaler l’organisation de rencontres B to B pour permettre aux acheteurs professionnels de traiter et de nouer des contacts d’affaires avec les artisans sur le site. Ce sont entre autres les innovations du SIAO 2016.
S. : Le prix des stands est souvent décrié par les artisans qui les trouvent trop chers, y’a-t-il eu des réaménagements à ce niveau ?
S. S. : Le coût paraît relativement élevé, mais il faut que les artisans sachent que nous essayons de ne pas leur servir un salon au rabais. Les prix pour nous ont évolué en tenant compte des services que nous leur offrons. L’accréditation, les conditions sécuritaires offertes, la batterie d’organes de presse nationaux et internationaux, ce sont des éléments assez considérables. Si l’on ajoute à cela les prix moyens pratiqués dans certains salons aussi bien en Afrique qu’en Europe, les gens verront que nous sommes à un niveau assez acceptable. Les artisans eux-mêmes le savent, il y a des salons où ils ne partent plus, parce qu’ils trouvent que les offres de services ne sont pas les mêmes, en plus il n’y a pas un grand achalandage. Nous ne pouvons pas faire les mêmes prix qu’au moment où le SIAO n’avait pas son propre site, avec des conditions plus améliorées. Nous ne pouvons pas non plus faire le même prix pour quelqu’un qui est dans un pavillon ventilé qui paie les stands de 9 m2 à 300 000 FCFA par rapport à celui qui se retrouve dans un pavillon climatisé où les stands coûtent 700 000 FCFA.
En effet, il y a une catégorie de visiteurs grands publics qui ne se présente pas dans les pavillons ventilées, alors qu’elle va dans les salles climatisées. Pour régler cette préoccupation, nous avons proposé qu’à la fin d’un SIAO, les artisans commencent à préparer le suivant. Surtout qu’ils peuvent prendre un stand à deux. Il est important que nous réfléchissions à comment faire pour qu’ils paient un peu plus, avec les nouveaux services que nous allons intégrer pour qu’ils ne soient pas obligés d’aller en Europe pour faire les meilleurs achats. Parce que nous allons pouvoir capter de grosses maisons de vente de produits artisanaux.
S. : L’un des griefs porté contre le SIAO, est la valeur des récompenses. Beaucoup l’estiment très faible, et qu’elle ne permet pas aux artisans de s’épanouir. Y’aura-t-il une revalorisation des prix à cette édition?
S. S. : C’est toujours normal qu’un compétiteur réclame encore plus. Nous sommes dans cette logique, parce que nous exigeons toujours plus de qualité, plus d’excellence. Nous allons améliorer les montants des prix octroyés aux lauréats du salon. Nous avons fait une nette amélioration sur les prix que le SIAO maîtrise, c’est-à-dire les prix du gouvernement burkinabè. Il s’agit du prix du président du Faso, composé de trois lots pour récompenser les pays qui font les meilleures expositions dans les stands-pays.
Avec votre compréhension, nous souhaitons ne pas les citer, nous réservons de belles surprises aux artisans. Ensuite, il y a les prix du stand de la Créativité ainsi que le prix du parrain de la cérémonie qui ont aussi été revus à la hausse. Mais nous n’avons pas de maîtrise sur ceux octroyés par les partenaires. Le plus important pour nous, ce n’est pas la valeur du prix en terme numéraire. Le SIAO s’est engagé pour une plus grande visibilité des artisans primés pendant la manifestation. Si on a la chance de faire découvrir l’œuvre à un acheteur professionnel, l’artisan n’aura même pas besoin de venir au SIAO. Il y a des artisans qui, après 4 éditions, ne viennent plus au salon, parce qu’ils ont des commandes qu’ils n’arrivent même pas à satisfaire.
Interview réalisée par Djakaridia SIRIBIE