Le régime de Bujumbura a annoncé, le 11 octobre dernier, la rupture de tout lien avec le bureau du Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme et sa décision de déclarer persona non grata trois experts onusiens, auteurs d’un rapport pour le moins accablant pour le pouvoir. Dans la même veine, le parlement burundais saisi par le pouvoir pour dénoncer le Traité de Rome, devrait acter le retrait du pays de la Cour pénale internationale (CPI). Cette avalanche de décisions hostiles aux institutions internationales, est pour le moins un défi lancé à la Communauté internationale, si ce n’est une tentative de Nkurunziza de la museler à son tour, après avoir réduit au silence son opposition.
La question que l’on peut légitimement se poser est la suivante : quelle sera maintenant la réaction de la Communauté internationale que le régime n’a cessé de narguer depuis que le satrape de Bujumbura a décidé de retirer son pays de la farandole des nations civilisées ? Il est à craindre malheureusement qu’elle continue de tergiverser en caressant la bête dans le sens du poil. D’abord, parce que contrairement à la Libye ou à la Syrie, où les grandes puissances se bousculent au portillon, le Burundi ne représente pour elles aucun intérêt économique ou géostratégique. Nul ne se risquerait à s’y engager militairement, en l’absence de ressources à exploiter pour financer la guerre ou de mirobolants marchés de reconstruction dans l’après-guerre. Ensuite, parce que l’ambition de Nkurunziza, en rompant les amarres avec le Haut-commissariat aux droits de l’homme et la CPI, est de contraindre la Communauté internationale à ouvrir des négociations avec lui.
Tout de même, cette décision du régime du Burundi de se mettre au ban de la communauté internationale, sonne comme un aveu de culpabilité. « Qui, dit-on, se sent morveux, se mouche » et le Burundi le fait assez bruyamment.
La Communauté internationale ne peut s’en prendre qu’à elle-même
Pire, en mettant à la porte les rares témoins encore présents sur son sol et en se retirant de la CPI, Nkurunziza se donne tous les moyens pour poursuivre ses massacres à huis clos et cela, en toute impunité. Le Burundi est donc devenu un trou noir sur la planète terre. Qui maintenant, après le départ de l’ONU, pour sauver le peuple burundais qui souffre le martyre du seul fait de la volonté d’un assoiffé de pouvoir soutenu par une armée tribale issue des milices des maquis ?
Une chose est certaine. Il ne descendra pas du ciel une puissance extra-terrestre pour amener à la raison l’illuminé de Bujumbura. C’est donc à la même Communauté internationale de se donner tous les moyens pour contraindre la bête à lâcher prise. D’abord, par humanisme envers le peuple burundais orphelin, qui sue son sang par tous ses pores. Ensuite, pour endiguer la métastase du cancer burundais qui gagne toute l’Afrique centrale, où les dictateurs ont pris exemple sur l’entêtement de Nkurunziza à opérer un passage en force et s’accrocher au pouvoir. Et enfin, pour ne pas ouvrir la brèche à de nombreux autres Etats africains qui trépignaient d’impatience pour claquer la porte à la CPI, qu’ils accusent d’être seulement une geôle pour Nègres. En attendant de trouver ces moyens coercitifs pour faire entendre raison à Nkurunziza, la Communauté internationale ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Car, en remettant la prise de décisions énergiques contre le régime à la semaine des 4 jeudi et ce, après de nombreux rapports incriminant le régime dans les massacres contre les populations, elle a laissé couver et éclore un monstre qui, repu du sang de ses compatriotes, se retourne désormais contre elle.
SAHO