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© AFP par ISSOUF SANOGO
Audience entre le président Henri Konan Bédié et Blaise Compaoré Lundi 10 octobre 2016. Abidjan. L`ex président du Burkina, Blaise Compaoré reçu en audience par le président du PDCI, Henri Konan Bédié, à sa résidence à Cocody’’. |
Que deux voisins se rencontrent est dans l’ordre normal des choses et, a priori, il n’y a pas de quoi fouetter un chat ; sauf si ces voisins s’appellent Henri Konan Bédié et Blaise Compaoré. Sauf erreur ou omission, c’est la première apparition publique et officielle de l’ancien président du Faso depuis qu’il a été chassé du pouvoir fin octobre 2014 et contraint à l’exil en Côte d’Ivoire. Depuis d’ailleurs, les rumeurs les plus folles ont couru sur son état de santé. Or c’est un Blaise Compaoré en relative forme qui a été accueilli hier par le sphinx de Dahoukro à sa résidence de Cocody à la demande, semble-t-il, de l’ancien chef d’Etat burkinabè. On peut même y voir quelque part une preuve de vie et de vitalité de sa part.
Difficile pour l’instant de savoir ce que les deux personnalités ont pu se raconter pendant vingt-cinq minutes, cela d’autant plus qu’initialement invitée, la presse a finalement été éconduite au motif qu’il s’agit d’une rencontre privée. Ont-ils seulement parlé de la pluie et du beau temps ou se sont-ils également intéressés, comme on est enclin à le croire, à l’actualité dans leur pays ?
On remarquera en tout cas que cette rencontre au sommet de ces deux ex-présidents intervient non seulement à quelque trois semaines du deuxième anniversaire des quatre Glorieuses qui ont fait partir l’ancien locataire de Kosyam, mais aussi alors que le projet de nouvelle constitution ivoirienne, en discussion, doit être voté aujourd’hui. Et comme Blaise Koassi, comme le surnomment les internautes du www.lobservateur.bf, est devenu Ivoirien, rien n’interdit qu’il discute du sujet avec son compatriote HKB et qu’il partage son expertise en matière de modification constitutionnelle avec un autre qui en connaît aussi un rayon. Car il y a une espèce de similitude dans la trajectoire de ces deux hommes : le vieil homme de 82 ans n’a-t-il pas lui aussi été chassé du pouvoir par le général Papa Noël pour s’être embarqué dans des tripatouillages politico-juridiques pour écarter de la course à la présidentielle celui dont il est le vice-président putatif ?
Ses errements sur fond d’ivoirité ont d’ailleurs entraîné le pays d’Houphouët dans l’abîme dont il n’est pas encore totalement sorti vingt ans après ; tout comme la boulimie du pouvoir de l’enfant terrible de Ziniaré a failli entraîner le Burkina Faso dans le chaos.
En tout état de cause, quand même il serait devenu Ivoirien, Blaise sait sans doute que, dans sa posture actuelle, il doit parler avec prudence, surtout au sujet de l’expropriation des terres de nos milliers de compatriotes qui sera bientôt constitutionnalisée, lui, le néo-Ivoirien qui s’était battu bec et ongles contre cela.
Mohamed Arnaud Ouédraogo
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