Le groupe parlementaire Union pour le progrès et le changement (UPC) a tenu du 6 au 7 octobre 2016 à Ouagadougou, ses 2e journées parlementaires de l’année 2016. Les conclusions de ces journées tenues sous le thème : « Quelles perspectives de relance économique dans un contexte post-insurrectionnel au Burkina », ont été dévoilées le 7 octobre dernier.
Quelle thérapie faut-il au Burkina post-insurrectionnel et post-transition pour relancer son économie ? C’est la principale question qui était au cœur des 2e journées parlementaires de l’UPC tenues les 6 et 7 octobre derniers. Après deux jours d’intenses travaux, les députés du groupe parlementaire UPC ont estimé avoir, par la voix de Alitou Ido, président du groupe parlementaire UPC, apporté « des matériaux pour la construction de notre maison commune, le Burkina Faso ». « Pour la relance économique du Burkina, les parlementaires de l’UPC ont fait d’importantes propositions pour sortir notre économie de son état de « mouta mouta » », a-t-il soutenu. Pour les élus nationaux du parti du « lion », le retour du Burkina, éprouvé par l’insurrection populaire et le coup d’Etat manqué, à une vie constitutionnelle marquée par les élections de novembre 2015, devait être conséquemment suivi de la mise en œuvre d’un Plan d’urgence de relance économique (PURE) dès l’année 2016. De ce fait, ont-ils estimé, le Plan national de développement économique et social (PNDES), dont ils ont relevé les insuffisances au cours de leurs travaux, n’offre pas, à leur sens, cette possibilité. « Le PNDES tel qu’élaboré et présenté, n’est pas un instrument de relance économique, mais plutôt une ébauche de stratégie de développement à long terme », a reconnu le député Amadou Sanon, qui a lu le procès verbal lors de la cérémonie de clôture des journées. Pour les députés de l’UPC, le gouvernement, dans sa démarche, a confondu « relance économique » et « stratégie de développement ». Et au regard de la morosité de l’économie constatée par l’ensemble des acteurs burkinabè, « il aurait fallu, sans délai, s’attaquer aux préoccupations légitimes des Burkinabè », ont-ils préconisé. Cela dit, sur le plan social et sécuritaire, l’UPC a estimé que le gouvernement devait s’atteler, entre autres, à désamorcer la fronde sociale à travers un dialogue sincère avec les partenaires sociaux, restaurer sans délai l’autorité de l’Etat, prendre des mesures nécessaires pour remettre en activité les entreprises qui ont subi des dommages lors des événements d’octobre 2014 et de septembre 2015, établir une clarté pour les actes de crimes économiques et de sang pendants en justice, réaffirmer l’option pour une économie de marché et le rôle moteur du secteur privé dans la croissance économique.
Les insuffisances du PNDES, selon l’UPC
Sur le plan économique, l’Etat devait, du point de vue des députés de l’UPC, assurer le paiement de la dette intérieure afin de permettre aux entreprises de résoudre leurs difficultés financières et honorer leur engagements vis-à-vis de l’Etat, lancer un portefeuille d’urgence de la commande publique, organiser une conférence économique d’urgence avec l’ensemble des investisseurs nationaux et étrangers, améliorer le climat des affaires afin d’attirer des investisseurs étrangers, rendre plus opérationnel le fonds aux entreprises en difficulté. Sur le plan financement du plan d’urgence de relance économique, pour l’UPC, le gouvernement devait lancer immédiatement des euros bonds concomitamment avec des emprunts obligataires sous régionaux, créer un fonds national d’investissement de la diaspora, procéder sans délai au recouvrement des arriérés des recettes fiscales et des chèques de trésor impayés, s’assurer du paiement des pertes avalisées et rétrocédées aux sociétés d’Etat. Diagnostiquant le PNDES, les élus nationaux du groupe parlementaire UPC ont souligné que le programme, tel que proposé, aura des difficultés à réaliser ses ambitions initiales, c’est-à-dire la réduction de la pauvreté et des inégalités. « Le problème de base du PNDES est que c’est un programme hybride, résultant d’un mélange du deuxième cycle de la Stratégie de croissance accélérée, de développement durable (SCADD), en gestation lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, de la Politique nationale de développement durable (PNDD), élaboré en 2013, et le programme proposé par le candidat Roch Marc Christian Kaboré lors de l’élection présidentielle(…). Rien n’est prévu dans le PNDES pour réduire le ratio masse salariale sur les recettes fiscales. Conséquence : le gouvernement n’aura pas trop de marge de manœuvre pour réaliser des investissements structurants », a relevé le député Amadou Sanon. En plus de cela, les députés de l’UPC ont noté que la question de la politique commerciale et de protection de certains secteurs n’a aucune place dans le PNDES. « Le PNDES ne décrit pas explicitement le rôle de l’Etat. S’agissant du financement du plan, il y a lieu de s’interroger non seulement sur les capacités de mobilisation des ressources prévues dans le plan, mais aussi sur les capacités de l’économie à absorber ces fonds s’ils étaient mobilisés », ont reconnu les députés de l’UPC dans leur procès verbal. Car, ont-ils relevé, le taux d’absorption des montants alloués au Burkina par les bailleurs de fonds est très faible et est autour de 26% chaque année. En d’autres termes, quand les bailleurs de fonds donnent 100 F CFA au Burkina, le pays n’arrive à dépenser que 26 F CFA. Somme toute, ils ont interpellé le gouvernement à prendre en compte les conclusions de leurs travaux.
Mamouda TANKOANO