Le Citoyen africain pour la renaissance (CAR) s’est prononcé, lors d’une conférence de presse tenue le 24 septembre 2016, à son siège, à Ouagadougou, sur la situation nationale. 9 mois après la mise en place du gouvernement Paul Kaba Thiéba, le CAR estime que celui-ci « piétine ce que le peuple a accouché dans la douleur ». Le mouvement a donc suggéré la dissolution de l’équipe Thiéba et la mise en place d’un gouvernement d’union et de réconciliation.
« J’ai donné des instructions fermes » ; c’est, selon le CAR, ce que le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, a tendance à dire dans ses discours. « Pourtant, dans les faits, nous ne constatons rien », s’est désolé Hervé Ouattara, président dudit mouvement, le 24 septembre dernier, face à la presse. Selon lui, depuis la nomination du Premier ministre, les Burkinabè étaient sceptiques quant à sa capacité à relever les nombreux défis. Après 9 mois passés à la tête du gouvernement, Paul Kaba Thiéba, foi du président du CAR, s’est illustré dans les « bourdes », les « couacs » et le saupoudrage, au lieu de répondre efficacement aux préoccupations des Burkinabè. Mais, il n’y a pas que lui, à entendre les dirigeants du CAR, qui ne donne pas satisfaction dans ses actions. « Nous nous attendions à un gouvernement « révolutionnaire », mais au lieu de cela, ce sont des « parachutistes qui ont été servis aux Burkinabè », a martelé Hervé Ouattara. En effet, pour le mouvement, La gouvernance de manière générale, se caractérise par des hésitations, des tâtonnements et des tergiversations. Et, il en veut pour preuve, entre autres, la gestion des crises au sein du ministère en charge de la Santé, de celui en charge de la Communication et les « soucis » entre l’Exécutif et le Législatif. « J’ai lu dans un journal que le président de l’Assemblée nationale veut sauter deux ministres », a déploré le président du CAR. En dehors de cela, a-t-il ajouté, au ministère en charge de la Communication, les choses semblent aller à reculons. Pour lui, avec l’insurrection populaire, les professionnels des médias publics ont poussé un ouf de soulagement. Mais, a-t-il relevé, force est de constater que cela est en train d’être remis en cause et pire, le pouvoir n’arrive pas à donner satisfaction aux revendications du SYNATIC. Même constat, selon Hervé Ouattara, au ministère en charge de la Santé avec la mauvaise gestion de la crise qui secoue la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques (CAMEG). « Et, c’est la mesure sur la gratuité des soins qui pourrait prendre un coup. Alors que la santé des Burkinabè passe avant tout cela. Nous n’allons pas accepter que les intérêts calculateurs nous pourrissent la vie », a-t-il lancé. D’ailleurs, pour Hervé Ouattara, ce gouvernement travaille à brader les acquis du peuple.
« Même si Zida a tué, il n’a pas plus tué que certains qui étaient aux affaires »
« Votre gouvernement ne fait que piétiner ce que le peuple a accouché dans la douleur », a-t-il dit. Pour la construction du pays, de l’avis du CAR, il faut : « la dissolution du gouvernement de complaisance et d’amis et la mise en place d’un gouvernement d’union et de réconciliation dont les missions essentielles seront la relance économique, la sécurité sociale et la justice pour Thomas Sankara, Dabo Boukary et les victimes des 30 et 31 octobre 2014 et du putsch ». Cela, a poursuivi Hervé Ouattara, en tenant compte de la jeunesse qui doit s’épanouir et grandir. Car, selon le mouvement, l’on n’est pas loin d’une « injonction » ; celle que la jeune génération formule et jette à la figure de la génération des aînés. « Tirer la sonnette d’alarme », c’est cela l’objectif du CAR qui, selon son président, n’entend plus accompagner des gens qui vont continuer à nous massacrer. S’agissant de la relance économique, selon le CAR, la solution est aussi à rechercher dans le règlement de la dette intérieure. Pour Hervé Ouattra, le gouvernement, au lieu de s’attarder sur les questions du genre « qui va prendre la chambre de commerce ? », aurait dû chercher à savoir comment faire pour éponger la dette intérieure et comment répondre aux revendications des syndicats. Mais quid de la question des poursuites lancées contre Yacouba Isaac Zida que l’on estime assez proche du président du CAR ? Là-dessus, Hervé Ouattara a estimé que l’affaire Zida doit être traitée de la même manière que tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, sont cités dans les crimes de sang et crimes économiques au Burkina. « Il ne faut pas qu’on ait l’habitude de soustraire un élément gênant et oublier le reste », a-t-il dit avant de poursuivre que : « Même si Zida a tué, il n’a pas plus tué que certains qui étaient aux affaires durant les 27 ans. Il faut que l’on évite les questions de justice sélective. Si Zida est coupable, la loi doit s’appliquer à lui. Et cette même loi doit également s’appliquer à tous ceux qui ont causé des préjudices aux Burkinabè ». A ce propos, le mouvement a annoncé qu’il travaillera avec certaines OSC pour lancer des pétitions contre des personnalités afin qu’elles comparaissent devant les tribunaux.
Adama SIGUE