Les jeunes leaders du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ont tenu leurs assises nationales le 24 septembre 2016, à Ouagadougou. A cette rencontre, ils ont porté leur réflexion sur la gestion du Burkina Faso pendant et après Blaise Compaoré.
Les jeunes du CDP veulent relever les défis qui se présentent à leur parti. En effet, en lieu et place du congrès du parti reporté à une date ultérieure, ils ont tenu leurs assises nationales le 24 septembre dernier, sous le thème : « Le Burkina Faso, pendant et après Blaise Compaoré ». Et comme il fallait s’y attendre, à l’ouverture de ces assises, tous les discours étaient empreints du nom de l’ancien président du Faso, Blaise Compaoré. « Blaise Compaoré, le patriote », « Blaise Compaoré, l’idole politique », « Blaise Compaoré, le bâtisseur », ainsi pouvait-on entendre de part et d’autre des propos élogieux à l’endroit de l’ancien chef de l’Etat, dans la salle de conférences du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC), qui a abrité cette rencontre.
« Pour rien au monde, nous ne renierons Blaise Compaoré »
Ouvrant les allocutions, le président des jeunes leaders du CDP, Mathias Noraogo Ouédraogo, a souligné qu’il leur a été donné de constater, depuis le changement de régime, une « campagne de diabolisation contre la gestion de Blaise Compaoré et de tout son régime ». « Ils ont géré le pouvoir avec le président Balise Compaoré, et par duperie ils continuent de le gérer», a-t-il dit, en s’adressant aux leaders du régime actuel. En tout état de cause, les jeunes du CDP, par la voix de leur président, Mathias Ouédraogo, disent assumer les acquis positifs et surtout les insuffisances, les manquements et toutes les erreurs de gouvernance survenues pendant les 27 ans du régime de Blaise Compaoré. « Pour rien au monde, je dis bien pour rien au monde, nous ne renierons Blaise Compaoré », a-t-il insisté, sous l’acclamation de ses camarades.
« Le CDP reste un parti avec lequel il faut compter au Burkina Faso »
Prenant la parole à la suite du président des jeunes leaders du CDP, le président par intérim du CDP, Achille Tapsoba, est revenu sur les erreurs qui ont émaillé la vie de leur parti. L’homme qui était pressenti, selon certaines indiscrétions, pour présider aux destinées du CDP, a laissé entendre que malgré les insuffisances, les manquements et toutes les erreurs de gouvernance survenues pendant les 27 ans du régime de Blaise Compaoré, « le CDP reste un parti avec lequel il faut compter au Burkina Faso». « Il y eut un moment où il était très exaltant de se réclamer du CDP et c’était au moment où tout allait mieux. Il y eut un moment où c’était dur et même très dur de dire qu’on est du CDP ; ça, c’était avant-hier. Il y a un moment, où c’est encore plus exaltant de dire qu’on est du CDP. Ce moment, c’est aujourd’hui (…). Nous avons trébuché, nous sommes tombés, nous nous sommes relevés et nous ne trébucherons plus », a-t-il rassuré, en s’adressant à ses camarades politiques.
« Nous nous sommes trompés pendant 27 ans et nous en sommes conscients »
Revenant sur la gestion de Blaise Compaoré, le président par intérim du CDP a indiqué que lui et ses camarades assument avec humilité les acquis et les insuffisances de la gestion du pouvoir par Blaise Compaoré, durant les 27 ans. « Nous nous sommes trompés pendant 27 ans et nous en sommes conscients. Et les erreurs, les insuffisances, les fautes, nous les assumons. Mais nous assumons aussi les acquis engrangés pendant 27 ans », a-t-il soutenu. Evoquant toujours les acquis engrangés par leur mentor, Blaise Compaoré, M. Tapsoba a relevé que « celui-ci a fait du Burkina Faso un pays que l’on cherchait en lieu et place d’un parti qui se cherchait ». « Blaise Compaoré a réalisé des exploits. C’est un grand bâtisseur (…). Que ceux qui nous ont remplacés au pouvoir démontrent au peuple qu’ils peuvent faire mieux que nous. (…). Que se taisent, ceux qui font du nihilisme leur culte ! Que se taisent, ceux qui font de l’amateurisme leurs actions », a-t-il lancé à leurs adversaires politiques. S’intéressant aux raisons liées au report du congrès extraordinaire du parti, le président intérimaire du CDP a fait savoir qu’il n’y a pas de non-dits. « Nous avons tout simplement estimé que notre parti a besoin de tous les cadres du CDP pour mener ses activités. Car, pour nous, c’est un congrès fondamental, un tournant décisif pour notre parti », a-t-il conclu. A l’occasion de ces assises nationales, le Pr Abdoulaye Soma, spécialiste de droit constitutionnel, et Bonoudaba Dabiré, spécialiste des affaires économiques, ont échangé avec les jeunes du CDP sur la vie de Blaise Compaoré, notamment ses 27 années de gestion du pouvoir.
Mamouda TANKOANO