Le verdict de la Cour constitutionnelle gabonaise relative à la présidentielle du 27 août 2016, est tombé dans la nuit du vendredi 23 au samedi 24 septembre. Il confirme la réélection d’Ali Bongo, avec, en sus, un léger bonus, comparativement aux résultats provisoires. Les résultats définitifs donnent, en effet, le quitus d’un deuxième mandat à Bongo-fils, avec 50, 66% des voix, contre 47, 14% à son challenger, Jean Ping. Cette décision de la Cour met, ainsi fin, aux longs jours d’attente des Gabonais. Néanmoins, il y a de quoi regretter qu’elle n’ait pas contribué à lever définitivement les doutes qui ont hanté la crédibilité de l’élection. In fine, donc, l’élu est connu, mais les incertitudes demeurent. L’opinion n’en saura pas davantage de la fiabilité des scores staliniens obtenus par le président-candidat dans son fief de Haut-Ogooué. Puisque la requête de Jean Ping pour un recomptage des voix, bureau de vote par bureau de vote dans cette province, a été rejetée. Et à l’opposé, celle d’Ali Bongo, qui demandait l’annulation des résultats dans une vingtaine de bureaux du deuxième arrondissement de Libreville, a prospéré. N’étant pas dans les secrets de la Cour, toute insinuation de partialité de notre part, ne sera que pure spéculation. Par contre, l’embarras créé, à l’extérieur du Gabon, à l’annonce des résultats irrévocables, est palpable. Si fait que la coutume des félicitations tonitruantes venant de partout, en cas d’élection crédible et transparente d’un président, n’a pas été respectée. Les rares hauts responsables de pays frères et amis du Gabon qui ont commenté la réélection d’Ali Bongo, se sont contentés, pour la plupart, de « noter » ou de « prendre acte » de la décision des sages de la Cour.
Comme l’on devait s’y attendre, le candidat malheureux, Jean Ping, conteste sa défaite, affirmant être le président « clairement élu ». Tout en dénonçant « un déni de droit » et une « décision inique », il a ajouté demeurer du côté du peuple pour défendre son vote et sa souveraineté. Ces déclarations sont peut-être légitimes. En déposant des recours à la Cour, Ping et ses fidèles, en dépit d’une méfiance extrême à l’égard de cette institution judiciaire, nourrissaient un secret espoir que le droit soit dit en leur faveur. A l’arrivée, la déception a dû être grande. D’où des propos qui portent des germes d’une seconde crise post-électorale, après celle du 31 août dernier. Les arrestations d’opposants, multipliées par les vainqueurs, ne sont pas, non plus, pour désamorcer la cocotte-minute gabonaise. Le climat calme-tendu qui y règne depuis l’annonce des résultats sans appel, peut culbuter d’un instant à l’autre. Non ! Non…ce pays d’à peine deux millions d’âmes, comme tous nos pays d’ailleurs, n’a pas à vivre une seconde vague de violences meurtrières. Le verdict des juges constitutionnels s’impose aux parties et doit être respecté par tout républicain. Chacun des protagonistes des deux camps, qui assurent vouloir travailler pour les Gabonais, est désormais à l’épreuve. Leur amour, s’il est sincère pour leur pays, devrait leur permettre de transcender les ressentiments nés de la présidentielle.
La question n’est plus de savoir qui a raison, mais comment sauver le Gabon. C’est en cela que la main tendue du président élu mérite une attention de l’opposition. Les Gabonais ont tout intérêt à privilégier la voie du dialogue pour tuer la crise latente dans l’œuf, car nul n’a le droit de prendre en otage la paix. Un second septennat pour Ali Bongo, ça passe, alors que le pays doit rester. Le Gabon d’abord !
Par Rabankhi Abou-Bâkr Zida
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