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Burkina : le président Kaboré sous la pression de son propre camp
Publié le vendredi 23 septembre 2016  |  AFP
Le
© Présidence par D.R
Le Président du Faso satisfait de son séjour au Tchad et au Congo
Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, est rentré, le mercredi 10 août 2016, en début d’après-midi d’un séjour successivement à Ndjamena (Tchad) et à Oyo (Congo-Brazzaville)




Ouagadougou - Moins d’un an après son arrivée au pouvoir, le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré se trouve sous le feu de critiques provenant notamment de son propre camp et portant la menace d’une crise politique aiguë. "Je demande au gouvernement d’apprendre à dire d’abord +non+ au FMI et à la
Banque mondiale", a lancé le président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, numéro deux du régime et du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) du président Kaboré.
Connu pour son franc-parler, Diallo s’était adressé directement à la ministre de l’Economie et des Finances Hadizatou Rosine Sori Coulibaly en juillet lors de la présentation du budget au Parlement.

"Nous ne voulons pas d’une gestion classique et bureaucratique. Nous ne
pourrons jamais régler les problèmes de l’emploi et du niveau de vie de nos
populations en restant sur ces schémas", a tonné le numéro deux du régime,
ancien mastodonte du régime de l’ex-président Blaise Compaoré dont il avait
précipité la chute en quittant - avec Kaboré et d’autres caciques - le parti
présidentiel en 2014.

"Nous ne devons surtout pas être un pouvoir bureaucratique qui passe son
temps à signer des papiers, des accords, à juger tel indicateur sur l’autre.
Les indicateurs, ça ne se mange pas", avait-il insisté

Avec un peu moins de 19 millions d’habitants le Burkina Faso est un des
pays les plus pauvres du monde. La fin de l’ère Compaoré, la faiblesse des
investissements et l’absence de politique économique sous la transition
politique ont plombé l’économie: chômage, vie chère, corruption, politisation
de l’administration, faible scolarisation...

Autre membre influent du MPP, le Dr Domba Jean-Marc Palm, a allumé un
nouveau feu en appelant la semaine dernière les dirigeants à "prendre
conscience" des préoccupations des populations et "à bouger".

Il dit même redouter un soulèvement populaire similaire à celui qui a
balayé Compaoré à l’automne 2014: "Si on arrive à atteindre 2020 (fin du
mandat de M. Kaboré), on peut craindre la sanction dans les urnes. Mais il est
possible qu’on n’atteigne pas 2020 et qu’il y ait un mouvement populaire".

- Etat ’garibou’ -


"La +ruocratie+ est là. Dans les villes, la situation est tendue", souligne
sous couvert d’anonymat un observateur expérimenté du Burkina.

Quant à l’opposition, elle accuse le président Kaboré de n’avoir opéré
aucune "rupture" avec le système Compaoré dont il était un des principaux
acteurs.

"Après sept mois d’observation de votre action, le constat est que les
Burkinabè sont dans le doute et vivent dans la précarité croissante et dans
l’anxiété. Les lendemains sont incertains pour tous les Burkinabè et le pays
va mal", écrivait fin juillet, le leader du parti Faso Autrement, Ablassé
Ouédraogo, candidat malheureux à la présidentielle.

"L’espoir était grand. Malheureusement, tous les signaux sont au rouge vif
et l’économie reste désespérément plombée", relevait M. Ouédraogo, ancien
ministre de Compaoré, comme M. Kaboré.

Pour le principal opposant, Zéphirin Diabré, qui dirige l’Union pour le
progrès et le changement (UPC), la deuxième force politique du Burkina, "le
pouvoir du MPP a transformé le Burkina Faso en un Etat +garibou+" (mendiant,
en langue vernaculaire dioula).

M. Kaboré se montre agacé par ces accusations d’"immobilisme". "Notre
engagement avec le peuple est de cinq ans. Et des gens veulent qu’en neuf mois
nous passions d’une situation difficile à une situation rose. Nous ne sommes
pas des magiciens", a-t-il lancé fin août.

"Si 50% du budget est utilisé pour le paiement des salaires de 200.000
personnes, il sera difficile d’avancer dans les secteurs de la santé, de
l’éducation", a poursuivi M. Kaboré dans le quotidien d’Etat Sidwaya,
soulignant qu’il avait hérité d’un budget qu’il n’a pas élaboré. "A partir du
budget 2017, nous allons pouvoir impulser plus d’actions", a-t-il promis.

En attendant, il assure que son équipe travaille. En témoigne, selon lui,
le recrutement de 4.200 enseignants qui seront opérationnels dans six mois et
plus de 16.000 agents communautaires pour la santé.

Il dit surtout travailler à son ambitieux Plan national de développement
économique et social dans lequel 15.000 milliards de francs CFA (22 milliards
d’euros) doivent être investis d’ici à 2020.



roh/pgf/jhd
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