Crisis Group est une Organisation non gouvernementale (ONG) qui fait des analyses en situation de crise un peu partout dans le monde. Dans un rapport publié le 16 septembre 2016, l’ONG pointe des « frustrations » au sein de la communauté musulmanes au Burkina Faso. Ledit rapport a été présenté aux différentes communautés religieuses, autorités politico-administratives et à la presse ce jeudi 22 septembre 2016 à Ouagadougou.
Ce rapport, intitulé « Burkina Faso: préserver l’équilibre religieux», indique qu’il existe depuis longtemps «des frustrations» parmi les musulmans. Selon Cynthia Ohayon, analyste Afrique de l’Ouest d’International Crisis Group, ces frustrations sont liées au décalage entre le poids démographique de la communauté musulmane et leur faible représentation au sein de l’élite politique et administrative.
Ce que confirme l’Imam Alidou Ilboudo, membre du comité directeur national du Cerfi, qui a assisté à la présentation. Pour l’imam, « c’est un sentiment général qui fait penser à un penchant de l’Etat vers d’autres religions par rapport à l’islam ». Du reste, il estime qu’ « il revient aux musulmans de comprendre que le fait de n’avoir pas adhéré à l’école classique dès le début en optant pour l’école coranique est la raison de ne pas être au même niveau de responsabilité que les autres ». « C’est une histoire qu’on accepte mais c’est l’évolution qui va aplanir les choses », conclut-il.
Le rapport estime que le modèle burkinabè de coexistence religieuse, qui repose sur une longue tradition de paix civile, une forte mixité et le poids des traditions, reste solide. Toutefois, il indique que « des crispations commencent à apparaitre et à céder, à la marge, le modèle de tolérance ». « Ceci est d’autant plus inquiétant que l’Etat ne semble pas se rendre compte que certaines idéologies importées de l’extérieur pourraient se nourrir de frustrations locales », fait remarquer Cynthia Ohayon.
Crisis Group suggère alors que les autorités actuelles devraient prendre conscience des difficultés liées aux relations interreligieuses et aux relations entre l’Etat et les communautés et s’y attaquer. Pour l’ONG, c’est dès maintenant qu’un nouvel équilibre doit être défini afin de poser les jalons d’une coexistence religieuse durable.
Aux responsables musulmans, Crisis Group demande de mieux communiquer auprès du public sur les efforts de l’administration pour valoriser l’enseignement franco-arabe afin de réduire les malentendus entre l’administration et les responsables et citoyens musulmans. Egalement de travailler avec l’administration pour réformer l’enseignement franco-arabe et accepter de se conformer aux exigences de l’Etat.
Abel Azonhandé