Les députés du groupe parlementaire MPP se sont donné rendez-vous, trois jours durant, à Léo à l’occasion de leurs deuxièmes journées parlementaires, placées sous le thème de l’emploi. La cérémonie d’ouverture a eu lieu hier en présence du Président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, et du président dudit groupe parlementaire, Alassane Bala Sakandé. En attendant de parler d’emploi, ce dernier a tiré à boulets rouges sur l’opposition, qui n’a cessé de décrier le bilan de Roch Marc Christian Kaboré depuis son accession au pouvoir.
C’est l’ouest de la capitale, précisément Léo, dans la Sissili, que les députés du parti du soleil levant ont choisi de mener la réflexion pour que se lève le soleil de l’emploi et qu’il brille pour tous, en particulier la frange jeune. Selon Alassane Sakandé, président dudit groupe parlementaire, le thème de cette rencontre coulait de source car la création d’emplois occupait une place prépondérante dans le programme de leur candidat à la présidentielle, Roch Marc Christian Kaboré. Il était donc tout à fait logique que le fauteuil présidentiel ayant été obtenu par leur champion, le parti lui « traduise son soutien indéfectible » pour la mise en œuvre de son ambition pour le Burkina. « Nous voulons assurer la jeunesse que le pacte social scellé au soir du 29 novembre dernier sera au cœur de l’action politique de notre président », a indiqué le chef des députés MPP. Et d’adresser ces propos qui sonnent comme une mise en garde à ses pairs : « Nous trouverons des emplois à la jeunesse ou nous la trouverons sur notre route. La jeunesse aura du travail ou elle s’attroupera. Quand la jeunesse s’attroupe, elle s’insurge. Et quand elle s’insurge, ses dirigeants se dispersent hors du pays.» Alassane Sakandé exhorte par conséquent les députés de la majorité « à faire corps avec le gouvernement pour l’atteinte des objectifs de la politique de l’emploi du chef de l’Etat ». Mais, assure-t-il, même si l’Assemblée nationale regarde dans la même direction que l’exécutif, elle ne saurait en être la caisse de résonance. C’est pourquoi, avant même le début des travaux, le député a proposé des pistes des solutions pour résoudre le problème au centre des débats. Il propose, entre autres, au gouvernement d’activer les différents fonds mis à la disposition du ministère de la Jeunesse et d’engager dès cette rentrée la réforme de l’école et de l’université. Présents également à cette cérémonie d’ouverture, les représentants des groupes parlementaires alliés et rivaux du MPP ont dit que la résolution du problème de l’emploi n’incombe pas à un seul parti politique mais est l’affaire de tous. Les élus MPP auront, quant à eux, jusqu’au 24 septembre pour, disent-ils, «améliorer le programme présidentiel » en ce qui concerne son volet emploi.
«La sorcière a oublié mais la maman de la victime non»
C’est à croire que la courtoisie a des limites en politique. En effet, malgré l’amitié faite, et saluée d’ailleurs par le MPP, au parti au pouvoir par certains groupes de l’opposition (CDP, UPC) qui ont honoré de leurs présence la cérémonie d’ouverture, le chef des députés de la majorité n’a pu s’empêcher de tancer, tout en prenant soin de ne jamais les nommer, les opposants. Cela a commencé dès l’entame de son discours. Selon Alassane Sakandé, le choix de la région du Centre-Ouest pour abriter ces rencontres n’est pas fortuit (Ndlr : la première avait eu lieu dans la capitale, Koudougou). En effet, rappelle-t-il, la région, en particulier sa capitale, s’est illustrée par une « opposition farouche » aux rectificateurs d’octobre 1987 qui se sont révélés être « les pires criminels politiques de mémoire de Burkinabè ». « L’historien du jour », dans la même veine, avance que la « citée du Cavalier Rouge » a été d’une « contribution inestimable » lors de l’insurrection populaire qui a mis fin à « la logique de confiscation du pouvoir dans laquelle s’était aventurée une caste politique aujourd’hui aux abois », et dans la résistance au coup d’Etat du 16 septembre 2015 perpétré « par une nébuleuse militaro-politique et économique, nostalgique de son âge d’or ». L’orateur, très en en verve, est également revenu sur des faits d’actualité. Ainsi, à propos de la décision du CDP de reporter sine die son congrès extraordinaire à cause de « la chasse aux sorcières » dont ses dirigeants seraient victimes, Alassane Sakandé dit qu’il s’agit d’un argument « fallacieux ». Et de lancer : « Ces gens qui, hier, ont ordonné de tirer à balles réelles sur nos jeunes, nos femmes, sur notre peuple ne peuvent pas se plaindre aujourd’hui qu’on s’acharne sur eux. Comme le dit si bien l’adage, la sorcière a oublié mais la maman de la victime non.» Cette attaque au vitriol n’épargne pas non plus l’ex-coalition Zeph 2015, qui compte organiser une conférence nationale des insurgés. «C’est de la fanfaronnade », martèle le chef des députés MPP, qui revendique la paternité de l’insurrection, car le MPP en serait «le moteur ». Pour lui, les acquis des 30 et 31 octobre sont irréversibles. Il en veut pour preuve « l’échec cuisant de l’opposition lors des dernières élections », ce qui a entraîné un traumatisme à faire perdre à l’opposition toute lucidité jusqu’à « voir triple ». La réprobation du peuple a été si violente que certains opposants, sonnés, désillusionnés et K.-O. debout, sont hantés par des monstres à trois têtes », a-t-il lancé. Une pique à l’UPC, qui avait comparé le pouvoir MPP à un « monstre à trois têtes ».
Hugues Richard Sama
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