Achille Marie Joseph Tapsoba, président par intérim du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), parti de l’ex-président Blaise Compaoré, estime que le dossier du coup d’Etat perpétré par l’ex-Régiment de sécurité présidentiel (RSP) le 16 septembre 2015, ayant fait une quinzaine de mort, ne doit pas se traiter avec "précipitation", dans un entretien à ALERTE INFO.
Quelle est votre appréciation sur l’état d’avancement du dossier du putsch du 16 septembre 2015 à ce jour ?
Mon appréciation c’est qu’en réalité cela fait une année que ce putsch a eu lieu. Je dis et je répète que l’instruction d’une affaire comme celle-là n’est pas forcément une question de précipitation. La justice a ses propres mécanismes et il faut éviter d’aboutir à un coupable plutôt que d’aboutir au coupable. Si c’est un coupable ou des coupables qu’on cherche, on peut en trouver. Mais le vrai coupable ou les vrais coupables, ça, la justice à son temps pour les chercher. Et je pense que c’est ce qui est important. L’important ce n’est pas d’aboutir à une certaine vérité qui a été préétablie. L’important c’est d’aboutir à une vérité par la voie judiciaire la plus rationnelle. Et nous espérons que la vérité éclatera au grand jour.
Dans la situation actuelle que connait notre pays, les affaires judiciaires sont normales mais il faut que les acteurs politiques de premier rang, les tenants actuels du pouvoir fassent en fait le point de la situation réelle de ce pays-là. Ensuite faire en sorte que cette situation réelle qui est très difficile pour tout le monde puisse connaitre un début de solutionnement. Il est important aujourd’hui de mettre le dialogue politique et la réconciliation nationale aux avants postes des préoccupations des premiers dirigeants aujourd’hui. Il est important également que ces premiers dirigeants mettent dans leurs préoccupations majeures, la question des difficultés socio-économiques que connait le pays. Et que l’on trouve enfin, ne serait-ce qu’une issue pour ces problèmes. Que la justice fasse son travail mais que les politiques aussi fassent le leur.
Quelle est votre réaction après l’inculpation de l’ex-Premier ministre Luc Adolphe Tiao qui est écroué à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou depuis vendredi ?
D’abord nous notons que les interpellations de nos cadres et des ministres donnent l’interprétation de la mise en relation entre ces faits judiciaires et le fait que tenions notre congrès dans la même période. Nous voyons en tout cas une coïncidence assez stupéfiante et troublante entre ces vagues d’interpellation et l’annonce de notre congrès (qui se tiendra le 24 septembre).
Deuxièmement il est quand même assez important de relever que sous la transition des interpellations de nos cadres, responsables et des ministres ont été faites sur des bases purement illégales avant, pendant et après notre congrès tenus en mai (2015). La justice se fondait sur de l’arbitraire. Et à l’époque nous disions encore que la procédure judiciaire est fondée sur des règles qui régissent le droit sans lequel la justice ne peut pas être équitable.
Vous pensez que ces interpellations sont dans la même logique que celles qui ont été faites sous la transition ?
Nous constatons que ces règles et ces nouvelles interpellations veulent obéir à une justice à deux vitesses. Sommes-nous toujours dans une logique une fois de plus où l’interprétation de l’événement va du côté de la justice des vainqueurs, ou bien cette fois-ci, sommes-nous dans une logique judiciaire normale, c’est-à-dire républicaine. Si tel est le cas, nous pouvons saluer cela et espérer cette fois-ci que ce sera une justice qui va rétablir les procédures judiciaires. Sinon nous trouverons déplorable si tel n’est pas le cas.
Quel est l’état des préparatifs de votre congrès à quatre jours du rassemblement ?
Dans l’ensemble, ça se passe bien. Nous aurons à faire le point lors d’une rencontre et en fonction de ce que nous allons faire, dans des conditions objectives et subjectives pour le début du congrès pour parachever les choses.
Y-a-t-il un candidat pressenti pour la tête du CDP ?
Notre parti ne fonctionne pas de cette façon. Il y a une démocratie interne qui respecte un certain mécanisme. Selon les mécanismes de cette démocratie interne, ça serait le jour du congrès, que par voie consensuelle nous aurons à proclamer celui qui sera retenu comme premier responsable du parti.
BBO