Le programme international de lutte contre la pratique de l’excision ‘’The Girl Generation’’ a organisé un atelier d’échanges avec les acteurs du domaine au Burkina Faso, le mercredi 14 septembre 2016 à Ouagadougou.
L’excision a la peau dure au Burkina Faso malgré la batterie de stratégies mises en œuvre pour la combattre. C’est l’avis du Secrétariat permanent du comité national de lutte contre la pratique de l’excision (SP-CNLPE). Cet état de fait n’a pas laissé indifférent le programme international, « The Girl Generation » qui, a en croire sa directrice générale, Faith Mwangi Powell, intervient dans 10 pays africains en matière de lutte contre l’excision. Il s’agit, entre autres, du Burkina Faso, du Kenya, de la Gambie, du Sénégal, du Mali. La structure s’est intéressé au Burkina Faso en organisant un atelier d’échanges avec les parties prenantes de la lutte contre l’excision, le mercredi 14 septembre 2016 à Ouagadougou, en collaboration avec le Centre de recherche et d’intervention en genre et développement (CRIGED). ‘’The Girl Generation’’ (en français, la génération fille), veut rassembler les acteurs pour mettre fin à l’excision en l’espace d’une génération (25 ans). «The Girl Generation pense qu’ensemble, en 25 ans, on peut mettre fin à la pratique de l’excision à l’échelle africaine », a soutenu la première responsable de la structure. Selon elle, il
s’agit d’œuvrer ensemble pour mettre fin à la pratique de l’excision, en s’appuyant sur la communication sociale pour le changement de comportements. La directrice exécutive du CRIGED, Fatimata Soré/ Zongo, embouche la même trompette que la responsable de ‘’The Girl Generation’’ en laissant entendre que « la question de l’élimination de la pratique de l’excision exige la conjugaison des efforts de tous les acteurs du domaine pour aboutir à des résultats probants ». Elle a, en outre, salué l’intérêt porté par les participants à la problématique des droits des femmes et des filles au « pays des Hommes intègres ». Au cours de cet atelier d’échanges et de partage d’expériences, la secrétaire permanente du SP-CNLPE, Rachel Badolo /Kandolo a dit compter sur les participants pour la mise en œuvre des actions de promotion de l’élimination des mutilations génitales féminines. Elle s’est, par ailleurs, dit convaincue qu’on peut parvenir à la tolérance zéro, avant d’ajouter que cette pratique pernicieuse se caractérise, entre autres, par la clandestinité, la pratique transfrontalière, l’organisation en réseau des exciseuses. A entendre Mme Badolo, de nos jours, la question de l’excision n’est plus un tabou. Car, en 2014, il n’y avait que 12 dénonciations, contre plus de 30 en 2016. Au cours du conclave, les participants ont partagé des témoignages sur des cas d’excision rencontrés par leurs structures respectives.
Le mouvement social en branle
Pour Françoise Kaboré/Tiendrébeogo de Plan international-Burkina, dans le Sud-Ouest, 14 filles ont été excisées et pourtant 6 d’entre elles étaient parrainées par la structure. D’autres participants ont également dévoilé leurs stratégies de lutte notamment les audiences foraines pour expliquer la loi aux populations et la répression légale. A l’issue des échanges directs avec les différents acteurs, deux groupes de travaux ont été formés pour répondre à un questionnaire dont les réponses ont été livrées au bout d’une trentaine de minutes. Ce qui a permis de conclure que le mouvement social contre l’excision au Burkina Faso est formalisé. Et Mme Powell de se réjouir que la lutte contre l’excision par sa structure va être facile. Selon le SP-CNLPE, l’état des lieux de la lutte contre les Mutilations génitales féminines ( MGF) au pays montre un taux de prévalence à la baisse au niveau de toutes les tranches d’âge avec en 2010, 13,3% de femmes excisées contre 11,3% en 2015. De l’avis du point focal de ‘’The Girl Generation’’, Nestorine Sangaré/ Compaoré, le Burkina Faso est un modèle en matière de lutte contre l’excision. Pour elle, le pays a intérêt à participer au mouvement mondial dans lequel s’inscrit ‘’The Girl Génération’’, un consortium de partenaires (Equality Now, Forward) financé par une agence anglaise de développement.
Boukary BONKOUNGOU