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Gabon : la sombre prophétie de Ping
Publié le mardi 13 septembre 2016  |  L`Observateur Paalga
Gabon:
© Autre presse par JOEL BOUOPDA TATOU
Gabon: Le vote pour la présidentielle a débuté
Samedi 27 août 2016. Les électeurs gabonais ont commencé à voter pour élire leur président dans un scrutin à un seul tour mettant aux prises deux favoris, le chef de l`Etat sortant, Ali Bongo Ondimba et l`ancien président de la Commission de l`Union africaine Jean Ping




On n’en finit pas de trembler pour le Gabon. Après une campagne particulièrement virulente pendant laquelle le candidat du pouvoir et celui de l’opposition ont multiplié les attaques, les injures frontales et tous les noms d’oiseau pour se discréditer, ce fut la peur au ventre que leurs compatriotes allèrent aux urnes le 27 août 2016, au point qu’on a redouté des violences lors du scrutin.

Mais cette épreuve passée quasiment haut la main, ce fut de nouveau dans l’angoisse qu’on a attendu l’annonce des résultats. Et on n’a pas eu tort : en effet, dès la publication des chiffres de la CENAP donnant Ali Bongo Ondimba (ABO) vainqueur, ce fut l’embrasement à Libreville, particulièrement, où l’opposition a appelé ses militants à descendre dans la rue afin de faire barrage à ce qu’elle considère comme un hold-up.

Ce fut le début d’une crise postélectorale où la guerre des décomptes macabres fait rage : les opposants brandissant le sombre bilan d’une trentaine de morts tandis que les autorités parlent de moins de dix.

On se rappelle que l’annonce de ces résultats a eu l’effet d’une douche froide sur le camp Ping, qui était pourtant sûr de son affaire, P-V en main. Ce renversement de situation, avéré ou supposé, est en fait parti des chiffres du Haut-Ogooué, où ABO s’en est tiré avec 95% des suffrages avec une participation quasiment de 100%.

Suivis par la communauté internationale, l’Union européenne et les Etats unis en particulier, les partisans de Jean Ping ont exigé un recomptage des voix bureau de vote par bureau de vote. Et comme réponse du berger à la bergère, le pouvoir leur demanda de tout simplement se pourvoir devant la Cour constitutionnelle, comme le prévoit la loi, s’ils estiment avoir été floués. Une voie de recours que l’ancien président de la Commission de l’Union africaine finira par emprunter aux derniers instants du délai imparti.

Dès lors, la crise est entrée dans une nouvelle phase, dont l’issue suscite encore et encore craintes, appréhensions et angoisse ; car les deux parties acceptent de s’en remettre à la juridiction compétente mais à une seule condition : avoir gain de cause. Ça passe ou ça casse donc. Et le candidat de l’opposition n’y est pas allé par quatre chemins pour prédire l’apocalypse au cas où… «Oui, je crains fort qu’un nouveau faux pas de la Cour constitutionnelle soit le facteur d’une instabilité profonde et durable du Gabon».

Et d’ajouter : «Il ne fait aucun doute qu’en cas de non-respect de la réalité du vote des Gabonais par la Cour constitutionnelle, le peuple, qui n’aurait dans ce cas plus rien à perdre (…), prendra son destin en main».

Voilà donc les neuf juges de la Cour constitutionnelle prévenus si jamais leur décision ne rencontre pas l’assentiment de Monsieur Ping…

Une sombre prophétie, c’en est vraiment une. Et si c’est une manière pour lui de mettre la pression à la «Tour de Pise», reconnaissons que c’est quand même fort et que ce n’est vraiment pas de nature à apaiser un climat politique déjà tendu. En un mot comme en mille, Jean Ping joue au César aux petits pieds : «Aut Caesar aut nihil» (Ou César ou rien). Si ce n’est donc Jean Ping, point de président pour le Gabon, laisse-t-il entendre.

C’est vrai, le camp d’en face n’est pas constitué d’enfants de chœur et de fortes présomptions de fraudes qui entourent la victoire d’ABO, mais en prédisant le chaos au cas où il ne serait pas suivi par une juridiction, même suspectée de partialité, Ping a franchi le Rubicon. C’est donc dans ce contexte que le pape François, lors de l’angélus du vendredi dernier, a demandé de prier pour le Gabon. Union de prières donc!



Mohamed Arnaud Ouédraogo
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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