Les agents des médias publics, sur invitation du Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC), ont observé, le mercredi 7 septembre 2016, une grève de 24 heures, pour exiger la satisfaction de leur plate-forme minimale.
Loin des salles de rédaction et de montage, ainsi que des bureaux, les agents des organes de presse publique de Ouagadougou, des directions de la communication et de la presse ministérielle (DCPM) et du Service d’information du gouvernement (SIG) ont passé leur journée d’hier 7 septembre 2016 à la Bourse de travail. Depuis 00 heure, ils ont cessé toute activité professionnelle, à la demande du Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) ; et ce, jusqu’à minuit. A la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB), ce sont des locaux vides qui accueillent les visiteurs, avec des policiers postés çà et là. De la musique, des documentaires, des films sont servis aux auditeurs et aux téléspectateurs. Une note défilante informe de la « perturbation des programmes » pour cause de mouvement d’humeur des agents sur le petit écran. Du côté des Editions Sidwaya, la file indienne en quête du « Journal de tous les burkinabè », tous les matins, ne s’est pas dressée, malgré la parution du canard. Pour les militants et sympathisants du SYNATIC : « trop, c’est trop ». Ils exigent la satisfaction de leur plate-forme minimale, résumée en 6 points. Il s’agit notamment de l’amélioration conséquente des conditions de travail et de vie des journalistes, du passage « ici et maintenant » des médias publics aux sociétés d’Etat. Les agents de ministère de la Communication dénoncent le blocage des carrières de certains de leurs collègues en catégorie B, A1 et A2 et disent « non à la remise en cause des acquis de l’insurrection populaire dans les médias ». Les journalistes et techniciens des médias publics confient n’avoir pas de vie de famille, car travaillant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. « A métier particulier, traitement particulier », souligne une affiche. Des pourparlers avec le gouvernement après le sit-in du 1er septembre dernier, le syndicat ne retient « rien de concret ». En signe de leur ras-le-bol, les travailleurs brandissent des cartons rouges. La sortie médiatique, du mardi 6 septembre, du ministre en charge de la communication, Rémis Fulgance Dandjinou, ne semble pas du goût des agents. « Il s’agit d’une tentative d’intoxiquer l’opinion publique en publiant nos propositions avant l’ouverture des négociations, comme un trophée de guerre », soutient le secrétaire général du SYNATIC, Siriki Dramé. Pour lui, la réaction du porte-parole de l’exécutif prouve à souhait, que la plate-forme revendicative du SYNATIC est non seulement réaliste, mais aussi réalisable.
« La victoire est certaine »
M. Dramé salue la forte mobilisation des travailleurs des organes de presse de l’Etat. Il indique que de Bobo-Dioulasso à Dédougou, en passant par Gaoua, jusqu’à Fada N’Gourma, le mot d’ordre de grève est suivi dans toutes les contrées. Ce que nous a confirmé un journaliste en poste à la RTB/Sud-ouest (Gaoua), joint au téléphone. « Nous avons arrêté les émetteurs, il n’y a rien ici », dit-il, en substance. Les travailleurs des médias publics ont reçu le soutien du Syndicat des artistes musiciens du Burkina (SYNAMUB), de l’Unité d’actions syndicales (UAS) et de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B). « Ceux qui luttent, ce sont ceux qui vivent et ce sont eux qui gagnent », lance Almamy KJ du SYNAMUB. Pour Bassolma Bazié de la CGT-B, c’est un devoir pour l’Unité d’actions syndicales de soutenir l’ensemble des travailleurs en lutte. « Dans un pays, les journalistes constituent l’élément caractéristique du niveau et de la qualité de la démocratie et de la liberté », affirme M. Bazié. Il exhorte les journalistes à la sérénité et les rassure quant à la satisfaction de leurs revendications. « Votre mouvement a impacté la télévision et la radio. Dans les tréfonds du village, le paysan sait très bien qu’il y a quelque chose qui se passe », ajoute Bassolma Bazié. Et de réitérer le soutien constant de l’UAS au SYNATIC : « Au bout de la lutte, il y aura la victoire, cela est sûr et certain. Votre combat est le nôtre ». A la suite de la grève de ce jour, le syndicat entend passer à la vitesse supérieure. « Si nous ne sommes pas entendus, nous irons cette fois-ci pour 48 heures de grève, ensuite 72 heures. La grève illimitée n’est pas loin », indique un militant du SYNATIC. « Nous sommes également disposés à discuter pour trouver des solutions consensuelles », achève le SG, Siriki Dramé.
Djakaridia SIRIBIE
Wend Pouire Sarata OUEDRAOGO
(Stagiaire)