Ceci est un rapport circonstancié sur les difficultés rencontrées dans la mise en place du bureau du conseil municipal de la commune de Zabré (province du Boulgou). Il émane des élus locaux de l'Union pour le progrès et le changement (UPC) de cette commune.
Le 26 août 2016, sur invitation du préfet-président de la délégation spéciale de la commune rurale de Zabré, les conseillers de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) se sont déplacés dans la salle de réunions de ladite commune à 9h, dans le but d’élire le bureau du conseil municipal de la commune. Un dispositif impressionnant des forces de l’ordre a été mis en place pour sécuriser les lieux : un premier cordon sécuritaire encerclait la mairie, déviant tous les usagers aux alentours. Un deuxième cordon au portail de la mairie contrôlait les indentés des conseillers. Enfin, un troisième cordon situé à la porte de la mairie vérifiait les convocations, fouillait les conseillers, mettait des étiquettes sur leurs portables et les gardait pour les remettre à la sortie. Les conseillers du MPP n’avaient plus des raisons d’évoquer un problème de sécurité.
Une liste de présence a été ouverte et 42 conseillers UPC et 2 procurations ont été inscrits. Jusqu’à 11 h 30, aucun conseiller MPP n’a été aperçu dans la salle. Quelques temps après, deux conseillers UPC qui se tordaient de douleur ont été conduits à l’hôpital sur insistance d’un autre conseiller. Le préfet nous dit que les conseillers MPP demandaient à venir dans la salle de la mairie pour une concertation avec les conseillers UPC, mais refusaient de s’inscrire sur la liste de présence alors que le législateur prévoit que l’on s’inscrive avant d’avoir accès à la salle. Nous avons déploré cette situation et avons dit que nous restons dans l’esprit de la loi.
Vers 12h, le préfet nous a fait 3 propositions :
1-Une levée de la séance pour quorum non atteint car nous étions 44 conseillers sur 90 ;
2-Une suspension de la séance ;
3-Une suspension de la séance et une rencontre avec les conseillers MPP afin d’atteindre le quorum.
Nous avons adopté la troisième proposition (une suspension de la séance et une rencontre avec les conseillers MPP afin d’atteindre le quorum) et nous sommes sortis de la salle. Nous avons aussitôt appelé le candidat MPP à la mairie 3 fois de suite et à chaque fois, il nous a dit qu’ils sont en concertation et promis de nous revenir. Le préfet nous a appris que ces conseillers étaient regroupés quelque part en ville et étaient au courant du nombre de leurs collègues présents en salle. Alors que lui seul avait son portable et était capable de communiquer avec l’extérieur, privilège qu’aucun conseiller en salle n’avait.
Quelques instants plus tard, le nombre de conseillers a atteint 46 physiquement présents, dont 3 conseillers du MPP et une procuration. C’est ainsi que nous nous sommes rendus au domicile du préfet qui était absent. Nous l’avons eu au téléphone et lui avons demandé de venir mettre le bureau de séance en place car le quorum était atteint. Il a marqué son refus net, prétextant que les responsables du MPP n’étaient pas avec nous. Le préfet nous a dit de ne pas insister car sans les responsables du MPP, il n’y a pas de vote. Nous lui avons dit que 3 conseillers du MPP étaient avec nous dans la salle de la mairie. Peine perdue!
C’est ainsi que tous les 46 conseillers sont rentrés dans la salle de réunions de la mairie et ont procédé à l’installation du bureau de séance qui n’était autre que celui mis en place par le préfet lors de la première tentative de vote le 20 juin 2016. Après quoi nous sommes passés à l’élection du bureau du conseil municipal de Zabré. L’élection faite, nous avons approché le préfet afin qu’il vienne constater de lui-même l’effectivité de l’élection. Celui-ci était à son domicile avec le commissaire de police de Zabré. Il a refusé de venir et nous sommes repartis rendre compte aux conseillers qui ont décidé de remplir les documents administratifs. Nous avons déploré l’absence de certains conseillers MPP qui avaient réclamé une sécurité conséquente. Ainsi, le contribuable burkinabè a dépensé une forte somme pour que quelques individus viennent fouler au sol les règles de la démocratie en ne répondant pas à la convocation de l’autorité.
Comme le préfet de Zabré a refusé de prendre les procès-verbaux, nous nous sommes déplacés le 29 août 2016 à Tenkodogo dans le but de remettre ces documents à monsieur le haut-commissaire. Ce dernier était en congé et nous avons été reçus par le secrétaire général de la province qui a lui aussi refusé de prendre les procès-verbaux. Il a dit avoir reçu des instructions de sa hiérarchie. A qui la faute dans ce bras de fer ? Est-ce l’UPC qui a répondu présente à la convocation de l’autorité afin d’éviter à la commune de Zabré d’être placée sous délégation spéciale, ou le MPP qui a refusé de répondre à la convocation de la même autorité ?
En rappel, le gouverneur du Centre-Est s’est déplacé à Zabré le 19 juillet 2016 et a rencontré des personnes ressources et les responsables du MPP et de l’UPC. Il était entouré des députés de la région et, ensemble, ils ont œuvré à apaiser la situation pour un bon déroulement des votes. Une seconde rencontre a été organisée le 19 août 2016 à Tenkodogo par le gouverneur pour la même situation. Les conseillers UPC, devant le gouverneur, avaient promis à ceux du MPP de partager les postes du bureau pour sauver la situation. C’est ainsi que le poste de 2ème adjoint au maire, 2 présidences de commissions et naturellement le poste d’un conseiller régional leur ont été cédés. Après plusieurs tentatives de rencontres vaines, les responsables du MPP estiment que la mairie devrait leur revenir. Alors qu’à l’issue des élections de mai 2016, l’UPC a eu 46 conseillers contre 44 pour le MPP.
Le responsable du bureau des conseillers UPC de Zabré
OUARE Alassane
N.B : la titraille est du site