Au Burkina Faso, l'éleveur de bovins entretient un lien fort avec ses bêtes: il lui est impossible d'en abattre une si elle n'a pas été vendue pour sa viande. C'est ainsi que les vaches meurent de vieillesse et les troupeaux grossissent. Cela entraîne un gaspillage des ressources, rares au Sahel. Réduire la viande en farine pourrait résoudre le problème, mais la technique contredit les traditions.
Imposants, dodus et sains. C'est ainsi que l'habitué des routes des campagnes françaises se représente les bovins élevés dans l'Hexagone. A quelques milliers de kilomètres, dans le Sahel, il est plutôt commun de croiser de vieilles vaches souvent squelettiques. Cette morphologie est due à leur habitat aride mais aussi aux crises fouragères de l'été, qui peuvent parfois durer un mois entier, et au cours desquelles les élevages subissent des pertes importantes.
Sur le continent africain, le concept de «vaches de réforme» – les éléments âgés du troupeau, que l'on commence à nourrir grassement avant de les abattre – n'existe tout simplement pas. Le paysan sahélien tire du lait de l'animal jusqu'à ce que celui-ci meure de veillesse ou d'inanition. C'est un rapport particulier qui le lie à son bétail: plus qu'une simple marchandise, le troupeau représente son mode de vie et une de ses rares richesses. Il ne considère pas avoir droit de vie ou de mort sur ses bêtes et n'optimise pas la gestion de son cheptel (il n'y a pas de contrôle du nombre de têtes, et les troupeaux croissent anarchiquement). Une façon de faire qui n'est pas rentable pour ces éleveurs africains.
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