La Mission d’observation électorale de l’Union européenne au Gabon a critiqué le manque de transparence dans la gestion du processus…tout en refusant de juger la crédibilté de la présidentielle du samedi 27 août 2016 dont les résultats provisoires sont attendus aujourd’hui même. C’était au cours d’une conférence de presse tenue le lundi 28 dans la capitale gabonaise.
Si l’on en jugeait par la forêt de caméras et d’appareils photo au 8e étage de ce grand hôtel de Libreville, cette conférence de presse était particulièrement attendue. Comme si c’était la Mission d’observation électorale de l’Union européenne qui devait apposer le sceau de crédibilité de la présidentielle gabonaise du samedi 27 août 2016. Il est vrai que les observateurs locaux ou africains, qui…ne voient bien souvent que ce qu’on veut bien leur montrer, c’est-à-dire pas grand-chose, sont régulièrement tenus en suspicion légitime par une partie de l’opinion et de la classe politique.
Le verdict de l’UE, jugée « plus neutre et indépendante », était d’autant plus attendu que les deux principaux candidats n’ont pas attendu la proclamation provisoire des résultats (prévue pour aujourd’hui en fin de journée) par la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) pour s’autoproclamer vainqueur. Pour Jean Ping en effet, ce n’est plus qu’une simple formalité puisqu’il s’est dit d’ores et déjà « élu ». Ali Bongo Ondimba, qui a rencontré ses partisans dimanche soir dans une ambiance endiablée au jardin botanique, s’est, lui, voulu plus prudent ou plus « républicain », se contentant de déclarer qu’il est « serein et confiant ».
C’est dans un tel contexte que Mariya Gabriel, l’observatrice en chef de l’UE, entourée de trois de ses collaborateurs dont Josef Leinen, chef de la délégation du Parlement européen, a rencontré les médias hier en début d’après- midi. Mais ceux qui s’attendaient à une position claire et nette de l’UE en ont été pour leurs frais. Car malgré l’insistance des journalistes, Mariya Gabriel s’est refusée à apprécier la sincérité du scrutin : « Ce n’est pas notre rôle de juger. L’Etat de droit est un processus, il doit se construire, le processus électoral est un tout et on ne peut pas extraire une étape et ne juger que sur ça.»
Pourtant dans sa déclaration liminaire, elle avait cité un certain nombre d’insuffisances observées par la Mission dont les plus importantes étaient :
-l’absence des listes électorales affichées devant les bureaux de vote ;
-les défaillances au niveau du contrôle de l’encre indélébile ;
-l’authentification des bulletins de vote ;
-l’usage des scellés des urnes qui étaient dépourvues de numéros d’identification.
Et de conclure que « les Gabonais ont exprimé leur volonté démocratique dans un processus dont la gestion a manqué de transparence ».
Alors, crédible ou pas crédible finalement, cette élection ? « Ce n’est pas à nous de juger » sérine invariablement madame Gabriel. Vous avez dit ambiguïté ? En tout cas ces propos risquent d’être interprétés par les différents acteurs de la scène, chacun à sa façon, et pourraient ajouter du trouble à une situation déjà pas très nette.
OUSSENI ILBOUDO à Libreville